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Mais qui es-tu, Sassuolo ?

Par Alexandre Pauwels
Mais qui es-tu, Sassuolo ?

Sassuolo, c'est l'équipe qui vient de terminer 3e de Serie B après une superbe saison, passée à titiller la première place. Pour autant, on ne connaît pas grand-chose de ce tout petit club, logé dans un tout petit bled d'Émilie-Romagne. Explication d'un succès enclenché au début du siècle, par un mec plutôt riche qui aime le vélo. Ouais, le vélo !

Sassuolo, c’est un petit bled de 40 000 habitants, coincé le long de la Via Emilia, cette ligne droite qui relie les plus grandes villes d’Émilie-Romagne, telles Bologne, Parme, Césène, Plaisance ou Modène. Une ville qui est aussi la capitale du carreau de céramique, principale activité du coin. Et c’est maintenant un club de football, qui va lutter aux barrages pour la montée en Serie A, avec, en guise de première étape, une double confrontation contre la Sampdoria. Autant dire qu’une place dans l’élite serait historique. Un événement qui peut étonner, un peu moins lorsque l’on sait que, depuis le début du siècle, le club possède un mécène. Et pas n’importe lequel : Giorgio Squinzi, le patron des patrons italiens.

Le mécénat d’un capo

Giorgio Squinzi est un mec passionné, qui n’en est pas à son coup d’essai. Proprio de la Mapei, géant de la construction (deux milliards de chiffre d’affaires, ndlr), Squinzi a sponsorisé l’équipe cycliste Mapei-Quick Step, qui a dominé la discipline durant une décennie. Les coureurs de l’équipe étaient la crème de l’époque : Gianni Bugno, Marco Pantani, Tomy Rominger, Johan Museeuw, Gianluca Bortolami… Dix ans de succès, et de titres à foison. Après quoi, en 2003, Squinzi se retire du cyclisme. Aujourd’hui, il synthétise son expérience en une phrase : « J’ai fait comme Oscar Freire(coureur espagnol qui a fait partie de son équipe, trois fois champion du monde, ndlr), j’ai gagné au sprint… » . Le patron ne dit pas adieu au sport pour autant, puisqu’il a amorcé, dans le même temps, un nouveau défi : reprendre un club de football et lui faire atteindre les sommets. Son choix se porte donc sur Sassuolo, et son objectif est clair : atteindre l’élite en un temps record, alors que le club évolue en Serie C2, quatrième échelon national. La tâche est ardue, Squinzi s’en rend compte dès la première saison, où son club manque de peu la rétrogradation. Après une issue semblable l’année suivante, le proprio met la main au portefeuille, signe des joueurs expérimentés pour enclencher la vitesse supérieure. Cette fois-ci, ça marche, l’équipe monte en Serie C1 en 2006, puis en Serie B en 2008.

Ne pas y voir, cependant, l’obstination frénétique du proprio richissime type, façon Abramovitch ou prince qatari. Non, l’investissement de Squinzi est calculé, réfléchi, et explicité par le président du club et proche du loustic, Carlo Rossi : « Niveau budget, nous avons déjà tout planifié pour quatre ans. Pour participer au championnat, il faut avoir payé les salaires jusqu’en mars. Au lieu de ça, nous avons déjà tout payé jusqu’en juin » . Comprendre ici que Squinzi gère son club comme son entreprise, en homme d’affaires avisé et intelligent. Le transfert le plus élevé de l’histoire du club s’appelle Simone Missiroli, un transfert qui remonte à janvier, et évalué à 4 millions d’euros… La gestion, maître mot d’un gestionnaire. Une qualité qu’il a toujours eue dans tous les domaines, et qui lui vaut aujourd’hui, par exemple, d’avoir été élu président de la Confindustria, l’organisation représentative des entreprises italiennes. Patron des patrons, capo di tutti, pas rien, quoi.

Le Villarreal italien, la ferveur en moins

Le club évolue donc avec des directives claires, et une gestion économique sans faille. Deux éléments qui ne font qu’envisager, au mieux, une montée dans l’élite italienne. D’autant que, dans le jeu aussi, Sassuolo a ses méthodes : un recrutement cheap et efficace, des paris jeunesse qui s’élargissent jusqu’au banc. En effet, et depuis le mandat de Squinzi, la confiance a toujours été attribuée à de jeunes coachs, parfois puceaux. C’est un Massimiliano Allegri méconnu qui fait monter le club en Serie B en 2008, tandis que cette saison, c’est Fulvio Pea, ancien de la Primavera de l’Inter, qui est assis sur le banc. Des jeunes, autant de révélations. Et comment ne pas évoquer la star de l’effectif, Gianluca Sansone, 25 ans. Un mec sorti des bas-fonds pour claquer ses 20 buts cette saison, dont quelques perles sur coup franc. Ou encore Richmond Boakye, attaquant ultra-talentueux prêté par le Genoa, auteur de 9 réalisations… Bref, la jeunesse a ceci de bien dans le football, l’enthousiasme.

Alors si ces composants permettent d’applaudir, admiratifs, une possible montée dans l’élite, Sassuolo conserve quand même ses quelques bémols. À commencer par le stade. À la montée en deuxième division en 2008, le club a dû abandonner son Stadio Enzo Ricci, pas aux normes avec ses 4 000 places. C’est donc à Modène, dans le Stadio Alberto Braglia, que les joueurs disputent depuis leurs matchs à domicile. Comme un truc étrange, puisque Modène est justement considérée comme sa rivale, géographique et historique. Dans l’évolution progressive du club, il y a donc bien la limite imposée par une petite ville, un petit stade, et des supporters peu nombreux. Car c’est aussi ça, le problème. Sassuolo n’a pas de tifosi. Le stade de Modène, en dépit des bons résultats, sonne constamment creux : 2095 spectateurs en moyenne, sur les quelque 21 151 places disponibles… Le constat est donc le suivant, en résumé : comme beaucoup de clubs sortis de nulle part grâce au mécénat de gros industriels, Sassuolo traîne un environnement « extérieur » pas franchement apte à l’élite, du moins pour l’instant. Une sorte du Villarreal ou de Hoffenheim des débuts, mais alors du très pauvre. Bah oui, il manque encore une ferveur. Mais pas l’ambition, et c’est bien ce qui compte. Alors Giorgio Squinzi, cet amoureux du calcio et tifoso du Milan AC revendiqué, ne rêve que d’une chose : faire la nique aux grands l’année prochaine. Et à un club en particulier : « Je suis un tifoso du Milan AC, et mon rêve, c’est que Sassuolo monte en Serie A et aille battre l’Inter à San Siro… » Quatre petits matchs, et une partie du rêve sera peut-être devenue réalité.

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Par Alexandre Pauwels

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