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Mais qui es-tu, Paços de Ferreira ?
Un maillot jaune sorti tout droit du début des années 90, un surnom qui vend du rêve et un stade non-homologué par l'UEFA pour la Ligue des champions. Bienvenue à Paços de Ferreira, troisième de la Liga Sagres 2012-2013 et adversaire du Zénith Saint-Pétersbourg pour le compte des barrages de la Ligue des champions.
Située à une quarantaine de kilomètres de Porto, la petite ville de Paços de Ferreira n’a pas toujours été connue pour son équipe de football. Avant le miracle de 2012-2013, Paços, c’était surtout la « capital do movel » , la « capitale du meuble » , celle où les Portugais allaient une fois par an pour se rendre à la foire portant le même nom afin d’observer les dernières nouveautés du mobilier national. Bref, rien de folichon. Et ce ne sont pas les quelque 60 000 habitants ni l’Estadio da Mata Real (aussi appelé Estadio da Capital do Movel, puisque tout s’appelle Capital do Movel là-bas) qui rendent la ville plus attrayante. En parlant du stade, celui-ci est fermé à cause de travaux d’agrandissement payés avec les deux millions d’euros gagnés par le club pour avoir accédé aux barrages de la Ligue des champions. Chantier ou pas, les « castores » – encore un surnom qui en jette – auraient quand même dû jouer au Dragão, puisque leur stade ne respecte pas les normes de la Ligue des champions. Pelouse exécrable, terrain trop petit et capacité insuffisante en sont les responsables. Bref, Paços de Ferreira est un bled dont le club se retrouve aux portes de l’Europe grâce à une saison 2012-2013 de folie. Les Pacenses avaient terminé le championnat derrière Porto et Benfica, mais surtout devant Braga. Le tout, avec un budget de 2,5 millions d’euros. Au-dessus, c’est Ryanair.
Josué et Fonseca, deux départs qui font mal
En face, les moyens du Zénith peuvent paraître offensants pour les Portugais, surtout quand on sait à quel prix ont été transférés Hulk et Witsel. Mais Costinha, nouvel entraîneur de Paços depuis le début de l’été, ne s’avoue pas vaincu. Il croit son équipe capable d’emmerder les millionnaires russes tout en restant pragmatique : « C’est du 70-30 pour le Zénith, mais tout est possible. » Un peu moins depuis que Josué et Paulo Fonseca se sont barrés à Porto. Les deux hommes les plus importants de l’équipe de 2012-2013 ont préféré jouer la Ligue des champions en mode normal plutôt qu’en mode expert. Le premier, milieu de terrain offensif formé à Porto, était la plaque tournante de l’équipe, alors que le second n’est autre que la nouvelle hype chez les entraîneurs portugais. Comparé à José Mourinho pour avoir fait d’une équipe quelconque un prétendant à l’Europe, il suit ainsi le même chemin que le Happy One en laissant son ancien club dans la merde. L’Uniao Leiria, premier miracle du Mou, en sait quelque chose.
D’autant que remplacer Paulo Fonseca par Costinha est tout sauf rassurant. L’ancien milieu défensif de la Selecção a trop peu d’expérience sur le banc pour être considéré comme un bon choix de la part du président Pacense. Et ce n’est pas Maniche, intégré dans l’organigramme du club pour faire joli, qui va y changer quelque chose. La pré-saison catastrophique du club – dont la seule satisfaction est un match nul contre Newcastle – et la première journée du championnat lors de laquelle ils se sont inclinés « à domicile » face à Braga vont dans ce sens. Alors autant dire que sauf miracle, le Zénith devrait passer et envoyer le rookie en Europa League, ce qui en soi, n’est déjà pas si mal.
Tomber pour mieux se relever
La qualification assurée pour la C3 en cas d’élimination face au Zénith est en effet une aubaine pour le président de Paços de Ferreira puisqu’elle garantit à son club d’encaisser un petit million d’euros pour la simple participation à la compétition. Sans compter les 300 000 euros par victoire et les 100 000 à chaque match nul. Des sommes a priori dérisoires qui valent gros aux yeux d’un club dont la volonté est de lutter chaque année pour les places européennes en Liga Sagres et ainsi devenir une sorte de mini-Braga. Évidemment, les huit millions d’euros cash que remporterait Paços en cas d’exploit doperaient dix fois plus les comptes de l’écurie. Mais le mercato estival pacense laisse croire que la C1 n’est pas l’objectif prioritaire des dirigeants. En vendant la moitié restante des droits de Josué à Porto – qui appartenait déjà à moitié aux Dragons -, en gardant d’autres cadres comme l’excellent André Leão ou le prometteur Caetano et en se renforçant modestement, les Castores misent sur la continuité. Petit frère ne veut pas grandir trop vite, car il sait que rien ne sert de courir. Avant de devenir éventuellement un Braga 2.0, Paços doit se qualifier régulièrement pour l’Europe via le championnat comme les Minhotos précédemment. L’étape supérieure, c’est-à-dire rivaliser avec le quatuor de tête, ne viendra que bien plus tard si cela devait arriver. Mais pour le moment, le président ne se fait aucune illusion. En témoignent les objectifs peu contraignants imposés à Costinha par rapport à la troisième place de l’an passé : une place dans le top 8 et si possible les places qualificatives pour l’Europe. Car malgré le miracle de 2013, Paços de Ferreira est avant tout une équipe abonnée à la dixième place en Liga Sagres…
par William Pereira