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Mais qui es-tu, Pablo Longoria, président de l’OM ?
Catapulté président de l’Olympique de Marseille après avoir été nommé directeur général délégué chargé du football il y a quelques mois à peine, Pablo Longoria fait un bond de géant dans l'organigramme du club français en respectant la trajectoire complètement folle de sa carrière. À seulement 34 ans, le natif d’Oviedo va donc tenter de ramener l'OM dans la bonne direction. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que son savoir ne laisse personne indifférent partout où il passe.
Des cheveux noirs intenses, un regard perçant et des ambitions plein la tête. Pour succéder à Andoni Zubizarreta en tant que directeur sportif au club, l’Olympique de Marseille s’était décidé à recruter dans ses rangs Pablo Fernández Longoria. Sur le site officiel du club, l’Espagnol s’était exprimé sur sa fierté d’intégrer les rangs de l’OM : « Le foot est inconcevable sans passion. Mes derniers choix ont été fondés sur la passion et l’histoire des clubs où j’ai travaillé.(…)Je souhaite apporter le plus possible à l’Olympique de Marseille et j’ai hâte de vivre la passion des supporters, du stade et de la ville. » Quelques mois plus tard, le voilà devenu président du club phocéen en lieu et place d’un Jacques-Henri Eyraud qu’il a contribué à faire partir (comme André Villas-Boas, du reste). Maître mot de son discours d’introduction, la « passion » s’avère cependant toujours aussi fondamentale aux yeux du nouveau patron qui va faire équipe avec Jorge Sampaoli. Dans les faits, elle peut même devenir vorace, voire envahissante chez ce bourreau de travail.
Huelva, le commencement
En 2005, Pablo Longoria est un homme fraîchement majeur. Très actif dans le visionnage des rencontres de football pour analyser les performances individuelles, mais aussi l’usage des jeux vidéo de type Football Manager, ce geek surnommé El Chico de la Play (Le Garçon de la Playstation, en VF) dégote un poste de stagiaire en lien avec l’agent Eugenio Botas. Parmi sa clientèle, Botas travaille avec Marcelino Garcia Toral, récemment nommé entraîneur du Recreativo de Huelva, club de deuxième division espagnole. C’est le début d’un parcours commun de trois années entre les deux hommes, durant lequel Longoria donne des infos aussi pertinentes que poussées au coach de l’équipe première pour recruter des profils spécifiques à Huelva de 2005 à 2007, puis au Racing de Santander pour la saison 2007-2008, exercice que le club terminera à une sixième place qualificative pour la Coupe UEFA.
Entre autres, Longoria sera l’un des acteurs de l’arrivée de Florent Sinama-Pongolle au Recreativo Huelva lors de l’été 2006, alors que le club doyen d’Espagne vient de fêter son accession au sein de l’élite. « La première fois que je l’ai croisé, c’était dans un parking, se souvient l’actuel consultant pour Canal+. J’ai tout de suite senti quelqu’un de très discret avec une énergie positive et de grandes connaissances dans la manière de concevoir le football. À l’époque, c’était très rare de croiser des personnes plus jeunes et plus expertes que moi dans mon propre domaine. Pablo était de cette catégorie, il connaissait chaque détail sur le bout des doigts. S’il en est là aujourd’hui, ce n’est pas une coïncidence : c’est un énorme bosseur qui vise juste. » Une bonne pioche de Longoria, puisque le Français est toujours à l’heure actuelle le meilleur buteur de l’histoire du club en Liga avec 22 buts en 68 matchs. « Derrière, j’ai pu signer à l’Atlético de Madrid, poursuit l’ancien international français. Si j’ai réussi mon passage du foot anglais au foot espagnol et que j’ai ressenti cet épanouissement professionnel, c’est en partie grâce à Pablo. »
Un CV XXL
Après son expérience réussie à Santander, Longoria se lance à l’échelle européenne puisque Newcastle United lui permet de s’offrir une première expérience professionnelle en tant que recruteur officiel. « Pablo est là sans être vraiment là, quand tu ne le connais pas, tu peux te demander ce qu’il fait ici tellement il parle peu, décrit Sinama-Pongolle. Mais dès qu’il prend la parole, tu sens que son conseil n’est pas anodin. Maintenant, je l’ai connu quand il avait vingt ans… Est-ce que le fait d’avoir évolué dans un aspect beaucoup plus business du foot l’a fait changer ? Je ne sais pas. » Au fil des années, Longoria a pris du galon comme une comète traverse le ciel : directeur du recrutement de Huelva de février 2009 à novembre 2010 (où il propose d’ailleurs à André Villas-Boas, l’adjoint de Mourinho à l’époque, son tout premier poste d’entraîneur principal, mais le Portugais choisit finalement l’Académica de Coimbra), recruteur de l’Atalanta Bergame entre décembre 2010 et juin 2013, directeur de recrutement de Sassuolo entre juillet 2013 et juillet 2015, directeur de recrutement de la Juventus entre août 2015 et février 2018, et enfin directeur technique chargé du recrutement au FC Valence entre février 2018 et septembre 2019. Un curriculum vitae XXL que Jacques-Henri Eyraud s’était probablement fait une joie d’éplucher sur LinkedIn… sans savoir qu’il s’agissait en réalité de son successeur.
« Lâche » et « peu recommandable » selon ses détracteurs
D’ailleurs, le passage de Longoria chez les Murciélagos (appuyé par Marcelino, évidemment) a connu son lot de turbulences. La raison ? Un chevauchement des fonctions exercées entre Longoria et Vicente Rodríguez, secrétaire technique du club depuis janvier 2016. Après avoir quitté le club, Vicente décrit même Longoria comme « lâche » et « peu recommandable » dans le quotidien régional Las Provincias. « C’était quelqu’un de proche avec Mateu Alemany (directeur sportif depuis mars 2017, N.D.L.R) avant le recrutement de Longoria au club, explique Roberto Ferriol, journaliste basé à Valence pour Plaza Deportiva. De ce fait, Vicente s’est probablement senti un peu exclu. Mais il n’y a pas d’inquiétude à avoir : Longoria n’est pas un type dangereux, il n’apporte pas de problème au cœur d’une cellule de recrutement, c’est tout le contraire. » Que Longoria se rassure : Vicente, buteur lors de la finale de la Coupe UEFA en 2004 contre l’OM, n’est pas non plus en odeur de sainteté sur le Vieux-Port. Où tout le monde attend avec impatience les premiers pas de l’ex-directeur général délégué chargé du football à la présidence. Un rôle qu’il n’a encore jamais endossé. Et alors ?
Par Antoine Donnarieix
Tous propos recueillis par AD, sauf mentions.