- Cure d'amaigrissement de Gignac
Mais qui es-tu, Merano ?
L'OM a annoncé ce matin qu'André-Pierre Gignac allait se rendre à Merano pendant une semaine pour perdre du poids. Benzema et Gourcuff y étaient déjà allés il y a quelques temps. D'accord. Mais finalement, c'est quoi, Merano ?
A quelques kilomètres de la frontière autrichienne, au nord de l’Italie, la ville de Merano, bourgade de 30.000 habitants. Autour, pas grand chose. Hormis un grand parc naturel, et, un peu plus au sud, la ville de Bolzano. Un lieu où les écrivains Franz Kafka et Ernst von Glasersfeld aimaient, entre autres, venir prendre de l’inspiration. Mais aujourd’hui, Merano a fait sa réputation autrement. Son nom est inévitablement associé aux cures d’amaigrissement. « Aller à Merano » , dans le jargon footballistique, signifie, implicitement, qu’un joueur va tenter d’aller perdre des kilos superflus. Ce fut notamment le cas avec Karim Benzema. Il y a quelques semaines, l’attaquant des Bleus a perdu 7 kilos là-bas, et a enchaîné avec une préparation prolifique en buts. Avant lui, Yohann Gourcuff, Bafé Gomis, mais aussi les plus illustres Zidane et Maradona avaient déjà tenté l’expérience, avec un succès quasi-invariable. Prends ça le régime Dukan.
Qu’est-ce que c’est ?
En réalité, on ne va pas « à Merano » , comme l’on peut se rendre à Formentera. Le lieu précis où se pressent les joueurs se nomme le Palace Merano, et le fameux programme d’amaigrissement a été institué par un Français, Henri Chenot. Le luxueux établissement a ouvert ses portes au début du XXème siècle, mais ne s’est spécialisé dans les programmes de remise en forme que dans les années 90. Un traitement basé sur « l’évolution, le temps qui passe, et le vieillissement » spécifie philosophiquement Henri Chénot. Du coup, certains joueurs de football s’y essaient. Et s’y plaisent. Rapidement, le lieu devient le refuge de certaines stars, qui bénéficient « toujours du couvert d’anonymat » , précise Chénot. Gignac et Benzema ne font donc visiblement pas partie de cette catégorie-là.
Est-ce qu’on y mange du pissenlit ?
On réapprend à manger, entre autres. Mais pas seulement. Le régime alimentaire n’est qu’une facette de la cure, comme l’explique Benzema dans Marca. « Il s’agit d’un régime de désintoxication, combiné, donc, à une série de thérapies ciblées et des massages, conçus pour débarrasser le corps des toxines » raconte le joueur du Real. « La cure détox débute par un programme alimentaire spécifique accompagné de boissons à base de plantes pour favoriser l’élimination et minimiser l’assimilation. Selon le cas, on privilégie certaines zones de drainage, de régénération ou d’élimination » nous explique Maximilian Newiger, manager général de l’établissement. Beaucoup de mots compliqués pour dire que l’on s’alimente en mode végétal (jus de gingembre, lentilles, tomates, steak de millet, tofu, quinoa…), on se fait masser, on se repose, on s’oxygène. Une rumeur dit aussi que la libération des toxines pourrait s’effectuer par prélèvement de grandes quantités de sang, qui est oxygéné avant d’être réinjecté au patient. Fallait pas dire ça à Riccardo Ricco.
Quel est le stade critique pour y envoyer un joueur ?
Quand il se fait prendre en vitesse par Riquelme, par exemple. Là, cela devient grave. Plus sérieusement, la décision de partir en cure au Palace Merano revient au joueur, lorsqu’il ne se sent pas bien physiquement, et même mentalement. Dans le cas de Gignac, c’est le staff médical marseillais qui a pris la décision sans consulter l’attaquant, ce qui aurait suscité quelque énervement de sa part. « J’irais jamais en Italie » aurait-il lancé, comme un gosse qui ne veut pas aller chez le dentiste. Mais en règle générale, un joueur qui ne réussit pas à se réguler seul peut demander à partir « apprendre » à Merano, surtout si cette alimentation a des effets néfastes sur ses prestations. Et ce n’est pas l’arrivée en Ligue 1 de Pastore, surnommé « le maigre » , qui va décomplexer certains gros culs.
En vrai, ça marche ?
Visiblement, oui. En même temps, à 4170 euros la semaine, il vaut mieux que la recette soit efficace. « On m’en avait parlé. C’est vraiment un bon centre et cela fait repartir sur de bonnes bases » commente sobrement Benzema. De fait, c’est Zinédine Zidane lui-même qui a recommandé la clinique à son jeune poulain. Peu après la fin de sa carrière, ZZ avait déclaré dans une interview à L’Equipe qu’il la fréquentait « régulièrement depuis 12 ans » . L’exemple de Benzema est évidemment le plus probant : depuis sa cure, le joueur enquille les buts lors des matches amicaux et semble bien affuté. En dehors du sport, des personnalités comme Sharon Stone ont vanté les mérites de Merano. « Si cela marche ? Bien sûr. C’est d’ailleurs pour cela que les clients reviennent » assure Newiger. Certes. Ou alors, ils reviennent parce que ça n’a pas marché.
Qui va y aller après Gignac ?
Certains joueurs sont évidemment menacés par le surpoids. Si pour Ronaldo, le plus célèbre d’entre eux, il est déjà trop tard, d’autres pourraient essayer la cure Merano avant de finir sur le banc, puis en tribunes, puis en dépression au Mc Do du coin. Parmi eux, on pense évidemment à Antonio Cassano, qui s’est lâché pendant l’été. Depuis la reprise, son coach, Massimiliano Allegri, lui demande de perdre du poids. Ce qu’il ne fait pas. Dans le viseur, on pourrait également trouver les Brésiliens Alex et Diego. Sans parler d’Adriano qui, après une convalescence de six mois au Brésil, doit assurément dépasser la masse pondérale réglementaire. Ou alors, dans cinq ans, on y trouvera Eden Hazard, qui aura continué à s’enfiler des hamburgers après chaque rencontre. Putain de génération fast-food.
Eric Maggiori
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