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- Marco Verratti
Mais qui es-tu, Marco Verratti ?
C’est la surprise du chef de Cesare Prandelli : le jeune Marco Verratti, 19 ans, aucune sélection, est dans la pré-liste de l’équipe d’Italie pour l’Euro. Mais hormis le fait qu’il joue en Serie B à Pescara, que sait-on de lui ?
Il faut toujours une jolie histoire. Le genre de fable qui fait la beauté d’une grande compétition. Marco Verratti ne sait pas encore s’il ira en Pologne et en Ukraine. Mais une chose est sûre : son conte de fée est déjà écrit. A 19 ans, ce gamin vient d’être sélectionné dans la pré-liste des 32 joueurs potentiellement convocables pour l’Euro. Rien ne dit qu’il ne fera pas partie de la charrette des neuf couillons qui rentreront chez eux la queue entre les jambes. Mais en attendant, il est là, et c’est déjà une sacrée récompense. Enfiler le maillot de la Squadra Azzurra est un honneur, une consécration. Le faire à 19 ans, c’est fort. Le faire lorsque l’on joue en Serie B, et que l’on n’a jamais mis les pieds sur une pelouse de Serie A, ça l’est encore plus. D’autant que les superlatifs ne manquent pas à son égard. En Italie, certains disent qu’il s’agit du nouveau Pirlo. Un Pirlo dont il pourrait d’ailleurs être le coéquipier la saison prochaine, puisque la Juve aimerait bien engager la petite pépite pendant l’été. Pescara a déjà annoncé la couleur : le club ne le lâchera pas pour moins de 15 millions d’euros. Est-ce que tout le monde est en train de s’emballer, ou ce joueur est-il vraiment la star de demain du football italien ?
La taille de Giovinco, la vista de Pirlo
165. C’est, en centimètres, la taille de Marco Verratti. Un de plus que Sebastian Giovinco. Deux de moins qu’Emanuele Giaccherini. Un petit format, qui n’a pourtant pas besoin de hauteur pour briller. Milieu de terrain de formation, il parcourt les équipes de jeunes de Pescara, sa ville natale et atteint l’équipe première en 2008, à l’âge de 16 ans. Son club est alors en troisième division. Verratti dispute sept matches, et huit l’année suivante (avec un but à la clef), au terme de laquelle Pescara est promu en Serie B. En deuxième division, le coach, Eusebio Di Francesco, lui fait confiance malgré son jeune âge. Le minipouce se fait alors plaisir en tant que trequartista, ce poste tant apprécié en Italie, juste derrière les attaquants. Mais avec Zeman, c’est la révolution. Le poste de milieu offensif ne s’adapte pas du tout au système de jeu du technicien tchèque.
Ainsi, comme c’était arrivé à Andrea Pirlo au début de sa carrière, Verratti est repositionné par Zeman juste au-dessus de la défense, au poste de regista, équivalent du milieu défensif. Révélation. Verratti, à ce nouveau poste, devient le patron de l’équipe, le métronome du jeu, celui qui est à l’origine de la plupart des actions. Cette explosion lui permet d’être appelé pour la première fois en équipe d’Italie des moins de 21 ans, au cours d’un match amical contre la France disputé en février 2012. Une deuxième sélection contre l’Écosse, en avril, et paf : il tape dans l’œil de Cesare Prandelli. Lorsque la pré-liste des 32 tombe, lundi matin, le joueur n’en croit pas ses yeux. Ni ses oreilles. « Je suis surpris, mais tellement heureux, affirme-t-il sur le site officiel de Pescara. Si c’est un rêve, j’espère ne pas me réveiller. Je suis heureux, mais je garde les pieds sur terre. Je vais continuer à travailler pour toujours donner le maximum. » Le bonheur d’un gosse. Le discours d’un adulte.
Turin ou tu restes ?
Et le rêve pourrait bien se poursuivre dans les prochaines semaines pour Marco Verratti. A deux journées de la fin du championnat, Pescara est en effet deuxième de Serie B et n’a besoin que d’une victoire lors des deux derniers matches pour être directement promu en Serie A. Ce serait un premier triomphe pour le milieu de terrain de poche, qui réalise une saison exceptionnelle aux côtés de ses deux potes, Ciro Immobile (27 buts cette saison) et Lorenzo Insigne, 18 pions. Ces deux-là sont également considérés comme des futurs grands mais, à cause de la concurrence au poste d’attaquant, ils n’ont pas encore eu la chance d’être appelés par Cesare Prandelli. Cela viendra. En revanche, pour Verratti, tout est désormais envisageable. En Italie, les médias sont persuadés que le sélectionneur va emmener le joueur en Pologne et en Ukraine, à l’instar d’un tout jeune Del Piero lors de l’Euro 1996.
Euro ou pas Euro, son avenir devra ensuite être écrit. Avec un premier choix, primordial, qui pourrait bien orienter sa carrière : rester à Pescara, où il est le maître à jouer, et y continuer sa progression en Serie A, ou signer à la Juve, dans une équipe où il sera plutôt compliqué de se faire une place. Surtout tant que Pirlo sera là. Un choix, évidemment, à double tranchant : s’il parvient à s’imposer dans une équipe comme la Juve, il pourrait bien devenir l’une des grandes attractions du football italien, et, qui sait, l’un des futurs cadres de la Squadra, notamment en vue de la Coupe du Monde 2014. A l’inverse, venir à Turin et s’y casser la gueule pourrait lui brûler les ailes. Des ailes qui, jusqu’ici, lui ont permis de réaliser, un à un, tous ses objectifs. Alors, petit, c’est quoi le prochain ?
Eric Maggiori