- France – Coupe de France – Quarts de finale – Concarneau/Guingamp
Mais qui es-tu l’US Concarneau ?
Pas mal chanceux au tirage depuis son entrée en lice cette saison, le tenant du titre guingampais affronte ce soir le petit poucet de ces quarts de finale de Coupe de France, l'US Concarneau. Un vrai bon club amateur attachant et performant, qui a parfois frôlé le monde pro, supporté par un certain Didier Deschamps et dont les joueurs sont affublés du doux surnom de « thoniers ». Exploit à bâbord toute !
Malgré les trois divisions d’écart entre les deux équipes, la dernière fois que Concarneau et Guingamp se sont affrontés remonte à il y a un peu plus d’un an seulement. C’était aussi en Coupe de France, pour le compte des 16es de finale cette fois, et les pros avaient bien galéré pour se qualifier, se trouvant menés au score dans la prolongation pour finalement l’emporter ric-rac sur le score de 3-2. La suite pour la bande à Gourvennec, ce fut un parcours sans faux pas dans la compétition pour finir par remporter une seconde fois le trophée face à sa victime rennaise préférée. Il y a donc du plaisir pour les deux voisins bretons distants de 140 bornes à se retrouver encore cette saison, d’autant que les deux clubs se connaissent depuis bien plus longtemps que ça, en fait. Car avant ce match d’il y a un an, le précédent affrontement remonte aux années 70, plus précisément à une année 1977 décisive. Lors de la saison 1976/1977 en effet, Concarneau et Guingamp disputent le même championnat de Division 3, dans le groupe de l’Ouest. L’EAG est un promu euphorique qui découvre ce troisième échelon national et qui va réussir l’exploit de monter une deuxième fois de suite, terminant deuxième de cette D3 76/77 derrière la réserve de Nantes (qui ne peut être promue), à égalité de point avec… l’US Concarneau ! 40 points pour chacune des deux équipes, +11 pour les Costarmoricains, +4 pour les Finistériens. Une vraie saison charnière pour les deux clubs, Guingamp prenant dès lors très vite ses aises dans le football pro français suite à cette double promotion express, et Concarneau n’ayant par la suite plus jamais eu l’opportunité de se hisser si haut dans la hiérarchie nationale.
Objectif montée en National
Depuis, le club de la ville de naissance de Stéphane Guivarc’h et Jean-Paul Ollivier – la classe – a trouvé une certaine stabilité en naviguant généralement entre CFA2 et CFA, un championnat qu’il a réintégré en 2011 pour ne plus le quitter depuis, ce qui ne l’empêche pas de se montrer ambitieux et de viser si possible dans un avenir proche une montée en National, le troisième échelon qu’il n’a plus connu depuis 1992. Valider cet objectif permettrait à Concarneau d’asseoir sa position de cinquième club breton (derrière Rennes, Guingamp, Lorient et Brest), laissée vacante depuis le dépôt de bilan du Vannes OC. Il pourrait même être atteint à la fin de cette saison, Concarneau étant actuellement troisième du groupe D de CFA, avec seulement 3 points de retard sur le leader, le Stade bordelais, et deux matchs de retard. L’actuel parcours en Coupe de France va en tout cas lui permettre de voir venir, puisque le comptable du club est d’ores et déjà assuré de recevoir un chèque de 270 000 euros, ce qui en fait une sorte de sponsor numéro un, comme s’est amusé à le rappeler l’entraîneur Nicolas Cloarec ces derniers jours dans les médias locaux. Un bonus financier pour un USC sain financièrement, géré façon football à l’ancienne, Jacques Piriou ayant succédé à la présidence à son père Guy Piriou, décédé en 2009 et dont le vieux stade Kerampéru a depuis été renommé à son nom, en guise d’hommage.
Un coin de vacances pour « la Desch’ »
La famille Piriou est fameuse dans le coin. Elle évoque les chantiers navals Piriou, le premier employeur d’une ville portuaire qui cartonne très bien aussi touristiquement. Au rayon des VIP, le club peut s’enorgueillir de bénéficier d’un soutien de taille en la personne de Didier Deschamps. L’actuel sélectionneur est marié à une Concarnoise, a un beau-frère dans l’équipe dirigeante et possède une maison secondaire dans le coin, où il passe une partie de ses étés et fins d’année. Il est assez amusant d’ailleurs au passage de constater que son fidèle adjoint Guy Stéphan a été l’un des bourreaux de l’USC en 1976/77, étant l’un des fers de lance de l’attaque guingampaise à ses débuts chez les seniors. Mais pour en revenir à l’équipe d’aujourd’hui, elle est donc dirigée par un Concarnois de naissance, Nicolas Cloarec, ancien footballeur pro qui a réalisé une bonne partie de sa carrière chez le voisin lorientais, où il a d’ailleurs fini par remporter la Coupe de France en 2002 (sans disputer la finale). Il a succédé en 2009 à Serge Le Dizet comme entraîneur de l’US Concarneau et dispose d’un effectif de sans-grades, avec un électricien, un menuisier, un cultivateur, des commerciaux, des étudiants…
Plus de 13 000 thoniers au Moustoir
Affublés du doux surnom de « thoniers » , les Concarnois en maillot bleu ont notamment déjà sorti de la Coupe cette saison deux formations de L2, Niort, puis surtout Dijon, cette dernière équipe ayant été éliminée grâce à un modèle de match réussi le 20 janvier (1-0 ap) devant plus de 4700 spectateurs à Guy-Piriou, dans des conditions météo hardcore. Après avoir évité le piège de se faire sortir connement du tournoi au tour suivant par une autre CFA lors d’un périlleux déplacement dans le Nord pour affronter l’équipe de Croix (0-0, 1-4 tab), c’est donc les retrouvailles face à Guingamp qui attendent désormais les Thoniers, non pas malheureusement dans leur géniale enceinte habituelle, trop petite pour l’événement, mais sur le synthétique du Moustoir à Lorient. À quelques heures du coup d’envoi, il ne resterait plus que 1 000 places environ en vente. Le football vrai.
Par Régis Delanoë