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Mais qui es-tu, l’União Madeira ?
Troisième grand club de Madère derrière Maritimo et le Nacional, l'União tente aujourd'hui de se refaire un nom. Car voilà 20 ans que l'équipe de D2 portugaise n'a plus squatté l'élite. Retour sur l'histoire d'un club à qui l'île de Cristiano Ronaldo doit énormément. Du moins sur le plan sportif.
Cristiano Ronaldo aime Madère, son île natale, et fait tout pour la rendre célèbre aux yeux du monde. Ce n’est pas pour rien qu’il essaye d’y faire construire un hôtel de luxe et qu’il laisse tous les clubs de Funchal se servir de son nom. Andorinha, Maritimo et le Nacional ont tous eu, de près ou de loin, leur importance dans la construction du mythe CR7, et aucun des trois emblèmes ne manque de s’en vanter. Le premier a témoigné des premiers pas du prodige en tant que joueur, le second était situé à quelques mètres de la demeure des Aveiro, et le dernier a commencé à former le double Ballon d’or. Pourtant, c’est bien avec l’União Madeira (ou Clube Futebol União) – le moins connu des trois gros clubs de l’île – que le musée de Cristiano Ronaldo a signé un contrat de sponsoring s’étendant sur trois saisons au mois de novembre dernier. Tous les joueurs, des catégories jeunes jusqu’à l’équipe professionnelle, auront le privilège de faire de la publicité pour la galerie de l’attaquant merengue. Une fois de plus, ce dernier ne donne que son nom. Il n’a pas eu le temps de se déplacer pour inaugurer ce partenariat. Tout a été réglé par le grand frère, Hugo Aveiro, à travers lequel Ronaldo a par ailleurs renforcé un peu plus sa position au sein de la SAD (société anonyme sportive) au début du mois. De fait, Hugo vient d’être élevé au rang flou d’administrateur de la société. On ne sait pas bien quel est son rôle, mais il est là, et par conséquent CR7 est officiellement membre de la hiérarchie du club de deuxième division portugaise.
Divorce avec Maritimo pour une histoire de cages
En échange de déclarations élogieuses envers Cristiano Ronaldo et de nombreux appels à la visite du fameux musée dont le peuple de Madère ferait bien de « mesurer l’importance » , le président Filipe Abreu Silva recevrait un chèque plutôt flatteur pour une équipe de D2 lusitanienne. C’est que l’União, actuel 8e de « Liga de Honra » , à six points de la zone de promotion, désire retrouver l’élite au plus vite. Cela va bientôt faire 20 ans que le plus petit club de Madère n’a plus joué en première division. En 1994-1995, il était relégué au terme d’un exercice catastrophique (dernier avec 24 points). En dépit de difficultés sportives et d’une notoriété moindre sur le continent que ne connaissent pas ses deux frères de Funchal, l’União est historiquement au moins aussi important que le Nacional ou Maritimo pour le football madeirense. Avant sa création en 1913, le club formait, avec l’actuel Maritimo, le Grupo União Maritimo. Mais rapidement, la situation se complique jusqu’à ce que l’écurie ne devienne schizophrène. Au sein du même club, une scission se crée entre les pro-União et les pro-Maritimo. Plus puissante, la deuxième branche se démarque progressivement de l’União qui finit par ne plus posséder d’équipe chez les jeunes, drainés par le rival qui se sert des petits de l’União pour s’approvisionner en joueurs à former (et à vendre, sur le long terme). La rupture totale entre les deux parties a lieu à cause… d’une cage de football que l’União et Maritimo revendiquaient comme leur. Le cordon est coupé, et une rivalité naît.
Porto et Braga sur la route de l’União
Si Maritimo a plus de moyens financiers, l’União a le mérite d’être mieux organisé. C’est à lui que Funchal et plus globalement l’île de Madère doivent l’essor de leur football et l’organisation du championnat régional, dont la première édition sera remportée par… l’União en 1920. Malgré de nombreux désaccords entre les principaux protagonistes du championnat madeirense qui entravent l’instauration d’un championnat annuel jusqu’au milieu des années 20, l’União réussit à bâtir une organisation solide et professionnalisée. C’est son plus grand fait d’armes. Car c’est précisément cela qui a permis à Madère de voir son meilleur représentant participer au championnat national. Sur le terrain, le troisième club de Funchal ne s’illustrera en revanche que sur la scène locale. L’União participe tout de même à une phase finale de D1 portugaise en 1927-28, où il butte sur Benfica en quarts de finale après avoir pourtant mené 3-1 peu de temps avant la fin du match. Depuis lors, le géniteur du football madeirense n’a cessé de décliner, laissant son ennemi juré et le Nacional s’envoler. À tel point qu’aujourd’hui un fossé sépare les deux formations de l’élite du grand frère oublié. Il n’y a qu’à observer leurs différents statuts avant d’entamer la Coupe de la Ligue. Maritimo et le Nacional ont de bonnes chances de figurer dans le dernier carré, tandis que l’União espère surtout ne pas servir de punching-ball au FC Porto, à Braga, Rio Ave et à l’Académica. L’União va souffrir, oui, mais avec Cristiano sur son maillot.
Par William Pereira