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Mais qui es-tu, l’Inter Miami ?

Par Steven Oliveira
Mais qui es-tu, l’Inter Miami ?

L'hiver bientôt terminé, la MLS reprend ses droits ce week-end. Avec deux nouvelles franchises qui intègrent le championnat. Parmi elles, l'Inter Miami. Une équipe dont le propriétaire est David Beckham. Et l'Anglais n'est pas venu à South Beach pour faire de la figuration.

Le football a quitté David Beckham un soir de mai 2013 au Parc des Princes, lors d’un anodin PSG-Brest (3-1). Un match que l’Anglais termine avec une passe décisive sur corner, avant d’abandonner la pelouse en larmes dans les bras de ses coéquipiers et de se faire décoiffer par Ezequiel Lavezzi. Quelques minutes après le coup de sifflet final, les larmes séchées, l’ancien milieu de Manchester United pensait déjà à sa reconversion face à la presse : « Rien ne remplacera la pratique du sport que j’aime, mais j’ai l’impression de commencer une nouvelle aventure et je suis très excité par l’avenir. » Il faut dire qu’au moment où David Beckham entamait sa dernière saison en pro, le commissaire de la MLS Don Garber annonçait une possible nouvelle franchise à Miami, onze ans après le départ du Fusion de Miami. Une aubaine pour l’Anglais, qui avait négocié dès 2007 une option dans son contrat lui permettant de racheter une franchise à la fin de sa carrière. Chose faite le 29 janvier 2018, lorsque le groupe Miami Beckham United se voit attribuer la nouvelle franchise de Miami. Le chantier peut alors débuter.

Danse sans les stars

Si David Beckham a porté son choix sur Miami et non sur Nashville SC – nouveau venu en MLS – ou sur Austin et Charlotte – dont les franchises rejoindront le championnat en 2021 -, ce n’est pas uniquement pour le soleil, la plage, Ocean Drive et le plaisir de se balader à Miami Beach au volant d’une Ford Mustang décapotable. Non, l’Anglais a aussi misé sur Miami en raison de l’amour de la ville pour le sport. Et pour le football, en raison des nombreux Européens qui passent leurs vacances à South Beach et de la population locale hispanique et latino-américaine à 70%. Une population qui va pouvoir noyer son chagrin dans le soccer, les autres franchises de la ville étant en grande galère depuis plusieurs années (à l’exception du Miami Heat au basket, actuellement quatrième de la conférence Est et champion en 2012 et 2013). Les Marlins, au baseball ? Ils n’ont plus accédé aux playoffs depuis leur victoire, en 2003. Les Dolphins, au football américain ? Seulement trois premiers tours de playoffs depuis 2000, pour trois défaites. Les Florida Panthers, en hockey sur glace ? Quatre qualifications en playoffs depuis 1996, pour quatre défaites au premier tour.

Malheureusement pour lui, l’Inter Miami ne devrait pas jouer les premiers rôles dès cette saison en MLS. Car si David Beckham a sondé David Silva, Edinson Cavani ou Luis Suárez, aucun d’eux n’a débarqué. Miami a préféré miser sur quelques jeunes sud-américains talentueux (Julián Carranza, Matías Pellegrini, Christian Makoun), et sur des valeurs sûres de la MLS (Víctor Ulloa, Luis Robles, Lee Nguyen, Román Torres). À l’image de son directeur sportif, Paul McDonough, qui a façonné l’Atlanta United champion. Vierge de tout effectif, l’Inter Miami a dû aller chercher des joueurs libres de tout contrat ou laissés à disposition par les autres franchises dans le cas de l’expansion (pratique connue des amateurs de NBA2K). Pour chapeauter le tout, Miami est allé chercher Diego Alonso, l’ancien attaquant de Valence ou de l’Atlético. Un homme qui a déjà deux Ligue des champions de la CONCACAF, obtenues avec Pachuca et Monterrey, dans son armoire à trophées d’entraîneur. Afin de l’aider à faire la passe de trois, l’Uruguayen a amené avec lui son poulain préféré : le milieu offensif Rodolfo Pizarro. En attendant des noms plus ronflants, comme David Beckham l’a sous-entendu chez Jimmy Fallon : « Nous avons été contactés par de nombreux joueurs pour nous rejoindre. En tant que propriétaire, on veut toujours les meilleurs joueurs et si l’opportunité se présente d’en faire venir du calibre de Cristiano ou Lionel Messi, des athlètes pour qui j’ai beaucoup d’admiration, ce serait fantastique. » Il faut dire que c’est toujours mieux de se faire une retraite dorée à Miami plutôt que dans le froid du Colorado.

Un contrat avec Qatar Airways ?

Avant de rêver à des stars, l’Inter Miami a quelques dossiers chauds à régler. À commencer par la construction du Miami Freedom Park, un stade de 25 000 places – où un bar rooftop avec des palmiers surplombe l’une des tribunes – au milieu d’une zone commerciale prévue pour 2022 pour un coût total d’un milliard de dollars. En attendant, c’est à Fort Lauderdale, au Nord de Miami, que les Hérons disputeront leurs rencontres à domicile. Mais ce qui doit surtout inquiéter l’équipe de David Beckham, c’est cette plainte de l’Inter en raison du nom « Inter » accolé à la franchise de Miami. Pas de quoi arrêter l’Anglais, qui a déjà dû casser quelques barrières comme il l’a expliqué lors du media day : « Il y a eu cette fois où j’étais chez moi, au téléphone avec le commissaire Don Garber. Il nous a dit à quel point ce serait difficile. Il y a des moments où on s’est dit :« Est-ce que franchement, on va y arriver ? » Je veux laisser une trace, afin que mes enfants puissent dire dans vingt ans : « Mon père a aidé à construire ce club. »   »

Pour réussir sa mission, le Spice Boy s’est associé à deux hommes d’affaires floridiens, Jorge et Jose Mas : « Je ne voulais pas être en partenariat avec des gens qui feraient ça par vanité. Ils ne sont pas vaniteux, et moi non plus. C’était le partenariat de rêve, pour nous. Cela a changé la donne. Je viens de l’Est de Londres, pas de Miami. Donc pour moi, aller là-bas, essayer d’acheter un terrain, parler aux politiciens ne nous menaient nulle part. » David Beckham a beau ne pas être vaniteux, il n’aurait pas dit non au contrat de 216 millions de dollars de Qatar Airways pour être sponsor maillot, même si ce dernier n’a pas encore été officiellement signé. De quoi attirer Antoine Griezmann, qui se voit déjà rejoindre le club de son idole d’ici quelques années. En attendant, l’Inter Miami a une histoire sportive à démarrer. Et ça commence par un déplacement sur la pelouse du Los Angeles FC. Une ville que connaît bien David Beckham. Il n’y a pas à dire, les Américains sont quand même doués en storytelling.

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Par Steven Oliveira

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