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Mais qui es-tu, le vieux briscard ?

Par Raphael Gaftarnik
4 minutes
Mais qui es-tu, le vieux briscard ?

Il n'est pas forcément le plus habile. Il n'est pas forcément le plus rapide. Mais le vieux briscard est une espèce à part qui squatte les terrains de football armé de son expérience. Pour le meilleur et parfois le pire.

En des temps où la balle ronde n’avait pas encore envahi les terres, le briscard était le surnom attribué à un soldat expérimenté de l’armée napoléonienne, un homme qui maniait cheval et artillerie comme personne du fait de ses années au combat. Par définition, le vieux briscard du football serait un joueur au bagage important, un écumeur des prés invétéré. Mais pas seulement. Car en plus d’exprimer une sage ancienneté, le terme a évolué, recouvrant désormais les notions de malice et ruse. Un élargissement qui semble correspondre à ce footballeur particulier, usé par le temps, mais capable de juguler ses faiblesses physiques par des « trucs et astuces » comme seule l’expérience peut en fournir. Une espèce rare, qui à défaut de pulluler, sait se faire précieuse au milieu d’un collectif de jeunes fous, et contrariante pour des adversaires que le briscard s’amuse à éreinter. Un poison en somme.

De l’expérience et des gestes

Être un briscard, c’est avant tout disposer d’une gestuelle différente, d’une panoplie de mouvements qui tend plus à l’efficacité qu’à la débauche de talent. Jonnhy Ecker, ancien défenseur à la frappe surpuissante, détaille les domaines dans lequel le briscard excelle : « Le placement du corps pour protéger son ballon, le déplacement sur un appel/contre appel, la maîtrise de l’intervalle… Moi mon acquis principal, c’est de savoir comment défendre avec les bras et pour me prendre le ballon, c’est difficile. » Efficaces, les techniques de l’ex-Lillois et Marseillais demeurent toutefois vides de toute malice. Un point sur lequel José Cobos vient apporter un complément : « Avant, il y avait des poussettes, c’est un geste qu’on ne voit plus. Mais quand vous parlez de vieux briscard, il y en a qui énervaient beaucoup les défenseurs, c’étaient les frères Vujović, notamment Zlatko, je crois. Je débutais dans le football, et je savais que s’il avait un ballon dans la surface, je devais plus faire attention à ce qu’il ne tombe plutôt qu’il frappe. » De la finesse tactique, l’exploitation des failles adverses : le vieux briscard est une sorte de sage capable de détourner son savoir pour aller vers la victoire. Mauvaises intentions ? Peut-être. Mais pour José Cobos, l’attitude de ce footballeur relève avant tout du jeu : « Peut-être qu’aujourd’hui on dirait « tricheur », mais je ne voyais pas ça comme ça à l’époque. C’était du vice, un jeu de bluff. »

Parole et paroles

Johnny Ecker préfère mettre l’accent sur l’expérience. Car pour lui, le vieux briscard est avant tout un footballeur plus âgé doté d’une science du jeu : « Avec les anciens de l’OM, quand on va faire un match, c’est souvent contre des associations et des jeunes qui courent. Nous, on est plus ou moins vieux, plus enrobés, on court moins vite qu’eux, mais sur le football, le placement, la qualité de passe et de déplacement, on est des vieux briscards. Et on arrive à les battre ! » Un triomphe sur la jeunesse, qui pourrait aussi passer par les mots. José Cobos, espagnol de Barcelone pendant deux saisons, se souvient que le trash-talking visant à déstabiliser l’adversaire constituait un autre pan de la palette du briscard : « J’ai vécu ça en Espagne, ça ressemble beaucoup à ce qu’on voit en NBA. En Espagne, en Italie… Je ne vais pas citer de nom, mais je pense qu’à cause de lui, on perd une Coupe du monde. Bon, Materazzi a fait un superbe boulot de vieux briscard en finale. » Une Coupe du monde, et l’importance du rôle n’est plus à démontrer.

Une espèce en voie de disparition ?

Mais comme toute espèce, le vieux briscad serait menacé d’extinction. Parce qu’il correspond à une époque, à un profil si particulier. D’ailleurs, pour Johnny Ecker, le terme aurait tendance à se fondre dans une masse plus grande : « C’est quelqu’un qui a accumulé de l’expérience tout au long de sa carrière. C’est également une personne qui peut être en retraite et qui en fait profiter tout au long du reste de sa vie. » À l’inverse, José Cobos est nostalgique d’une époque où les petits gestes se succédaient et les emblèmes de la « briscarditute » étaient respectés : « Pour moi, c’est un terme qui est resté bloqué entre les années 80 et la Coupe du monde 98… En 98, y avait du talent, mais il n’y avait déjà plus cette sorte de vieux briscard. Mais pour moi, c’est surtout avant les années 90, René Girard, Baresi… »

Si Ricardo ou Savićević viennent également à la bouche de l’ancien Niçois, peu de noms actuels s’affichent à ses yeux comme de vieux briscards en puissance. Une position qu’il justifie : « C’est aussi dû à la jeunesse de notre championnat. Aujourd’hui, on appellerait plus ça du métier, on parle plus de placement, de bonne lecture de jeu. » Le vieux briscard, dans son sens originel, aurait-il disparu des radars ? Pas nécessairement. Tout au plus le concept a-t-il évolué : « Ça faisait partie aussi du discours de l’entraîneur qui disait: « Faites attention à lui, c’est un vieux briscard ou un renard des surfaces. » Aujourd’hui, on l’associe plus à un jeune joueur » , analyse José Cobos, pour qui tout espoir n’est pas encore perdu : « Si aujourd’hui Ronaldo remet les crampons comme il l’a laissé entendre, même en 2e division de MLS, il va avoir ce comportement sur le terrain. Il ne va pas faire 10 km, mais il va en faire 1, comme à l’époque des vieux briscards. » Ronaldo, un soldat grassement expérimenté.

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