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Mais qui es-tu, le Sporting Braga ?
Braga est à la Liga Sagres ce que Montpellier est à la Ligue 1. Peu de pognon, des jeunes talentueux, un génie sur le banc de touche et une première place inespérée à ce stade de la compétition. Et comme les Héraultais, tout le monde voyait venir les Minhotos depuis quelques années...
Être quatrième avec huit points à rattraper à la fin du mois de novembre ne compromet aucunement les chances de titre d’un club évoluant dans un championnat homogène, autre que ceux de la péninsule ibérique. Au Portugal par exemple, depuis bientôt dix ans, il faut gagner quasiment tous ses matchs pour espérer être champion à la fin de la saison. C’est la prouesse qu’est en train de réaliser le Sporting Braga. Certes, les leaders de la Liga Sagres profitent d’une saison pourrie de Porto et Benfica et n’auraient jamais pu rattraper un tel retard l’an passé – les Dragons avaient engrangé 84 points en 30 journées – mais l’exploit reste notable. Car depuis neuf saisons, seuls les deux mastodontes du foot portugais ont remporté le titre, avec un large avantage pour le club de Pinto da Costa (sept, contre deux uniquement pour Benfica). Avant ça, le Sporting avait gagné l’édition 2001-2002, un an après la surprise Boavista, seul club avec Belenenses à avoir piqué le titre au divin trident lusitanien. Et Braga est plus que jamais bien placé pour grossir les rangs de ce groupe très fermé..
Champion du recyclage
Mais peut-on pour autant parler d’exploit imprévisible, tombé du ciel par un quelconque hasard ? Pas vraiment. Le Sporting Braga frappe à la porte des grands avec insistance depuis le début du siècle, et a déjà terminé le championnat à six reprises dans le top 4 lors des dix dernières saisons, dont une deuxième place en 2010 derrière Benfica et devant Porto. Cette année, les Minhotos sont au-dessus de ces deux-là grâce, en majorité, à d’anciens joueurs des gros clubs portugais, le FC Porto en priorité. Dans l’effectif de Leonardo Jardim, le capitaine Alan, les prometteurs Hélder Barbosa et Ukra ainsi que Miguel Lopes ont évolué ou sont prêtés par les « Portistas » . Ces joueurs sont le fruit d’une collaboration amicale entre Antonio Salvador et Pinto da Costa, qui milite pour un deuxième club fort dans le Nord du Portugal dans le but de réduire l’influence des équipes lisboètes dans le football national. Le président de Braga a lui d’autres préoccupations que de mener à bien son idéal personnel et collabore également avec le Sporting et Benfica, comme en témoignent les venues de Nuno Coelho, Nuno Gomes et Ruben Amorim. Et puis il y a les autres, venus d’ailleurs, comme Lima et Mossoro, les deux Brésiliens de 28 ans, stars de leur team, dont l’arrivée tardive au Portugal et l’éclosion poussive a dissuadé les gros poissons. Trop vieux et pas assez bankables, sans doute plus pour bien longtemps. Lima, meilleur buteur de la Liga Sagres, est déjà annoncé à l’Estadio do Dragao pour la saison prochaine afin de voler au secours de la pointe de l’attaque de Porto, véritable le talon d’Achille de l’équipe de Vitor Pereira.
Des entraîneurs à gogo
Ça tombe bien pour les tenants du titre, Braga est un vrai moulin à coachs talentueux, une sorte de tremplin pour qui rêve de devenir le prochain José Mourinho. De Jesualdo Ferreira à Jorge Jesus, en passant par Manuel Cajuda et Domingos Paciência, il s’installe chez les Minhotos une tradition, un culte de l’entraîneur talentueux, dont le dernier orfèvre s’appelle Leonardo Jardim. Malgré son nom pourri, Jardim est un super-héros, un faiseur de miracles partout où il passé. En l’espace de trois saisons, il a permis à Chaves de remonter de la troisième à la deuxième division, à Beira-Mar de retrouver l’élite, puis à ces derniers d’y rester l’an passé. Un Villas-Boas de l’ombre, jeune aussi – 37 ans – et qui à l’inverse du rouquin n’a toujours pas connu l’échec. Au début de la saison pourtant, le rêve avait failli tourner au cauchemar. Après la défaite de ses hommes face au FC Porto, des rumeurs annonçaient sa démission ou son licenciement. Que dalle. Et Salvador a bien fait de le garder sous son aile, car depuis cette défaite, Jardim enchaîne les victoires – 13 de suite – en Liga Sagres, à la faveur d’un football solide mais offensif. Le technicien portugais a réussi à conserver la tradition défensive et guerrière du club du Minho, tout en étant plus offensif que Domingos ne l’était l’an passé. Pour preuve, sur les cinq dernières journées, Braga a inscrit 15 pions pour seulement quatre encaissés. C’est donc une machine que s’apprête à recevoir Benfica à la Luz, ce soir. Reste à savoir à qui va porter bonheur le nombre 13.
Par William Pereira