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Mais qui es-tu, le SC Farense, nouveau partenaire de l’OL ?
De retour la saison prochaine dans l'élite du football portugais après dix-huit ans d'absence, le Sporting Clube Farense devrait aussi devenir dans le même temps un club-satellite de l'Olympique lyonnais. En discussions dès janvier, le deal entre les deux entités est en passe d'être officialisé. Sur la côte de l'Algarve, dans un club historique et au sein d'un projet ambitieux, les promesses lyonnaises devraient ainsi rapidement trouver un cadre favorable à leur progression. Et l'OL un moyen de faire prospérer ses actifs, d'un point de vue aussi bien sportif que financier.
Il y a, dans le destin de Faro, un peu de celui de Dijon, ainsi résumé par Franck Dubosc (alias Patrick Chirac) dans Camping : « Tout le monde connaît, mais personne s’y arrête. » Son front de mer a bien quelques arguments, mais la cité algarvienne n’est pour beaucoup de touristes qu’un point de passage vers les stations balnéaires de la façade sud du Portugal. Et, plus embêtant, vers Portimão. Dans une région de l’Algarve divisée en deux zones (le Sotavento à l’est et le Barlavento à l’ouest) dont elles sont chacune la municipalité principale, les deux villes, que 70 bornes séparent, peuvent légitimement revendiquer le statut de capitale. Et en matière de football ? Avantage Faro, pourtant pensionnaire de la Ledman Liga Pro (la deuxième division), tranche Lynel Kitambala, passé trois mois la saison dernière par le SC Farense : « Je pensais avant d’arriver que Portimonense était le grand club de la région, mais en fait, c’est Farense. »
On s’était dit rendez-vous dans 25 ans
À quoi ce titre honorifique tient-il ? À un ou deux chiffres tout au plus, les palmarès des deux clubs restant désespérément dénués de titre majeur plus de cent ans après leur création (en 1910 pour Farense, en 1914 pour Portimonense). Membre du cercle fermé des 23 équipes ayant déjà disputé une finale de coupe nationale (en 1990) Farense a joué neuf saisons de plus que son voisin dans l’élite, qu’il retrouvera en 2020-2021 après dix-huit ans d’absence (et deux ans seulement après être remonté en D2). Son meilleur classement ? Une cinquième place au terme de la saison 1994-1995, synonyme de première et unique qualification européenne. Cette participation à la Coupe de l’UEFA vaut au SC Farense de présenter aujourd’hui le septième meilleur bilan portugais en Coupe d’Europe, comme il le rappelle fièrement sur son site web.
Un joli leurre : les Leões n’ont en fait disputé que deux rencontres de C3, pour deux défaites (0-1, 1-0) face à… l’Olympique lyonnais, alors entraîné par Guy Stéphan. Aligné à la pointe de l’attaque rhodanienne à l’aller à l’Estádio de São Luís, Florian Maurice était exceptionnellement resté muet ce 13 septembre 1995, date donc du dépucelage européen de Farense. Sur une pelouse aussi cramée qu’accidentée, la plus fine gâchette lyonnaise de l’époque n’avait toutefois pas ménagé ses efforts, reculant dans l’entrejeu en fin de partie pour participer à l’effort de guerre. Maurice l’ignorait alors, mais il reviendrait à Faro, un quart de siècle plus tard. Toujours sous les couleurs de l’OL. Toujours pour la jouer collectif. Fin janvier 2020, flanqué de Vincent Ponsot, le directeur général adjoint juridique du club, le responsable de la cellule de recrutement des Gones a débarqué dans la ville jumelée avec Massy (Essonne).
Une porte d’entrée et de sortie
Objectif : négocier un partenariat avec João Rodrigues, André Geraldes et Manuel Balela, respectivement président de la SASP, PDG et directeur sportif du club portugais. En dépit du départ de Florian Maurice à Rennes, l’officialisation de ce partenariat est imminente, a-t-on appris vendredi de sources concordantes. L’OL n’étant selon le quotidien lisboète Record pas voué à entrer au capital des Leões, ni à influer sur leur politique sportive, cette alliance prendra exclusivement la forme d’échanges de joueurs. Ou plutôt de placements de joueurs. En faisant du SC Farense son club-satellite, Lyon disposera d’un sas d’adaptation sur le Vieux Continent pour d’éventuelles recrues sud-américaines, à l’image d’un Camilo (21 ans), qui n’a pas disputé la moindre minute dans l’entrejeu rhodanien depuis son arrivée en provenance de Ponte Preta (D2 brésilienne) l’été dernier.
Ou pour les meilleurs éléments du Dakar Sacré-Cœur, club de D1 sénégalaise lié depuis 2015 avec l’OL par un partenariat, lequel n’a jusqu’ici débouché que sur l’arrivée entre Rhône et Saône du milieu offensif Ousseynou Ndiaye (21 ans), cantonné à la réserve depuis 2017, mais prolongé l’an passé jusqu’en 2023. Porte d’entrée des futurs prospects de l’OL, le Portugal pourra également faire office de salle d’attente voire de vitrine pour les néo-pros n’entrant pas dans les plans du staff à court terme. « Le Portugal est très regardé, c’est là que beaucoup de clubs viennent piocher, note Lynel Kitambala. C’est parfait pour Lyon : c’est l’occasion de faire des transferts sans même faire jouer les joueurs. C’est du business : si on ne peut pas faire jouer les bons jeunes qu’on a chez soi, autant les envoyer s’épanouir ailleurs et récupérer de l’argent derrière. »
Faro from home
Pour les prêtés également, Farense a tout du bon plan : « Au Portugal, ça joue plus qu’en France. Et à Faro, les conditions de vie sont très bonnes, et il y a beaucoup de ferveur au niveau des supporters. Le stade est un peu petit (12 000 places), mais c’est un chaudron, et le club a la chance de s’entraîner au stade de l’Algarve, un stade magnifique. » Dépourvue de club résident, l’enceinte, construite pour l’Euro 2004, sera une solution de repli toute trouvée si d’aventure le club algarvien retrouve l’Europe. L’objectif est encore lointain, mais il trotte probablement dans la tête de dirigeants portugais désireux, selon Kitambala, de « refaire de Farense le grand club qu’il a été ». Dans cet ambitieux projet, la jeunesse lyonnaise aura un coup à jouer, pressent le globe-trotter formé à Auxerre.
« Quand j’étais là-bas, l’effectif était plus expérimenté car il fallait se maintenir, replace celui qui sort d’une pige à la JS Saint-Pierroise (Réunion). Mais l’an prochain, je pense qu’ils vont prendre des jeunes en prêt en provenance des grands clubs portugais, notamment du Sporting (Farense est une filiale du club lisboète, N.D.L.R.). Et à partir du moment où un joueur est en réserve à Lyon, il a largement les qualités pour jouer dans un club comme Farense. Après, il faut du caractère pour quitter son cocon et aller à l’étranger. En Ligue 2, l’adaptation se fait vite, mais là, c’est un autre pays, une autre culture, une autre langue. Il faut aussi se faire accepter : pour les gens ici, tu viens d’un gros club, donc ils vont te regarder d’un certain œil. Il faut voir quel joueur est prêt à affronter cette épreuve. » À peu près tous, en théorie : effectuer sa formation au sein du club de Jean-Michel Aulas, c’est être préparé à ne pas faire l’unanimité dans la vie.
Par Simon Butel
Propos de Lynel Kitambala recueillis par SB