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- Qui es-tu le responsable de la performance ?
Mais qui es-tu, le responsable de la performance ?
Rarement défini, souvent oublié, le rôle du responsable de la performance a pourtant pris du poids au sein des staffs ces dernières années. À tel point que les grands clubs le jugent désormais indispensable à leur fonctionnement. Mais à quoi sert-il, au juste ?
Lorsqu’Ulrich Ramé est revenu aux Girondins de Bordeaux en mai 2014, personne n’a vraiment compris ses missions précises. Et ce ne sont pas les propos de Jean-Louis Triaud, le président bordelais annonçant la bonne nouvelle en conférence de presse, qui allaient aider à percer le mystère. « Il s’occupera de la performance en collaboration avec les entraîneurs, le recruteur et le directeur au niveau de la formation, déclarait alors Jean-Louis. Puisqu’il faut un titre, ce sera directeur performance ou responsable performance. Il va nous apporter son envie, son enthousiasme, son savoir et sa disponibilité. » D’accord. Si Triaud avait été encore un peu moins explicite, on aurait pu croire à un emploi fictif. Deux ans et demi plus tard, Ramé est devenu directeur technique du club après avoir été muté à la tête de l’équipe première, et le poste de « directeur performance ou responsable performance » a tout bonnement été supprimé. En tout cas, il n’apparaît plus dans l’organigramme. Ce qui n’est pas le cas partout ailleurs. Bien au contraire.
La naissance
Car depuis quelques années, le responsable de la performance prend une place grandissante au sein des centres de formation. De plus en plus d’équipes s’offrent ce genre de spécialiste inconnu du grand public et dont le rôle, assez vaste, n’est jamais expliqué. « Avec l’avènement des nouvelles technologies liées à l’évolution du football, on se rend compte qu’il n’y a pas que le terrain qui compte, commence Bertrand Reuzeau, actuel directeur du centre de formation de Monaco et ancien éducateur du Paris Saint-Germain, Sochaux ou Cannes, qui a amené Maxime Coulerot, son chargé de performance, dans ses valises lors de son « transfert » sur le Rocher cet été. Il y a aussi tout ce qui existe autour. La diététique, le travail individuel, le sommeil, le suivi médical… Tout ça, c’est intimement lié à la performance du joueur, qui ne se limite pas à la pelouse. Ces paramètres doivent être gérés et surveillés au quotidien. » Voilà donc le cœur de la fonction du responsable performance : analyser les données statistiques de chacun des joueurs, prendre en considération leur hygiène de vie, contrôler leurs efforts et leur physique, travailler sur une individualisation de leur prise en charge dans un contexte qui réclame sans doute plus d’attention qu’auparavant.
Le nouveau relayeur
« Le jeune footballeur d’un centre de formation n’est pas le même aujourd’hui qu’il y a vingt ans. Par ricochet, la manière de travailler non plus, poursuit Bertrand Reuzeau. Par exemple, les nouvelles technologies nous entourent, nous aident, et aident également le joueur, qui en est demandeur. Ils apprécient particulièrement avoir des retours vidéo, des retours statistiques. Ça leur parle. On est quasiment obligé de mettre ce genre d’outil, et il faut quelqu’un pour s’en occuper. » Dès lors, le responsable performance n’est pas qu’un simple observateur, mais constitue un appui supplémentaire précieux aux entraîneurs. Présent aux entraînements et attentif à chaque problème, il représente le troisième œil du coach et passe son temps à faire le relais scientifique entre joueurs et techniciens. Dès lors, deux qualités s’avèrent indispensables à l’homme chargé de la performance. « Il faut qu’il soit pédagogue, note le directeur de la formation de l’ASM. Il incarne un lien qui discute de tous les critères évoqués précédemment. » Premier point.
Utilisé par Ancelotti et Blanc
Deuxième point : l’aspect scientifique, presque mathématique de la chose. Fréquentant constamment les outils statistiques, il doit savoir manier certains algorithmes et connaître le corps humain. C’est pourquoi de nombreux préparateurs physiques, habitués de par leurs études au monde scientifique, se muent en responsables de la performance, de manière officielle (dans les grands clubs) ou officieuse (dans les structures avec moins de budget). Comme Martin Buchheit, ancien physiologiste et nouveau responsable de la performance au PSG, qui décrit son parcours en quelques mots sur le site du club : « J’ai commencé ma carrière comme préparateur physique dans le milieu du handball, j’ai ensuite intégré l’Académie Aspire au Qatar. C’est là-bas que ma fonction a évolué avec un rôle plus scientifique centré sur l’analyse de la performance avec comme grands axes, la gestion de la charge de travail, la nutrition ou la récupération. » C’est également dans la capitale que Bertrand Reuzeau a compris l’importance du poste et le qualifie maintenant d’ « incontournable » : « J’ai été amené à travailler avec de grands entraîneurs comme Carlo Ancelotti ou Laurent Blanc. On eu beaucoup de discussions là-dessus et on a pu se rendre compte que tous les grands clubs européens possédaient ce genre de profil. Monaco se devait donc de faire de même. » Plus qu’une vulgaire hype, la fonction de responsable de performance devrait donc se démocratiser encore davantage à l’avenir. Et ressusciter à Bordeaux.
Par Florian Cadu