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Mais qui es-tu le règlement FIFA ?
Vendredi, la France affronte l'Australie dans un amical a priori sans enjeu. Pourtant, en prévision des barrages de la Coupe du monde, la rencontre s'avère décisive. La faute au classement FIFA, savant mélange entre mathématiques et incohérence sportive.
Un amical entre la France et l’Australie a-t-il vraiment de l’intérêt ? Entre des Bleus déprimants et des Socceros qui viennent en touristes, on préférerait presque s’infliger les aventures de George Pernoud chez les ostréiculteurs bretons. Pourtant, les amis, la nation se doit de rester soudée derrière cette équipe de France tant critiquée. Car l’heure est grave. Actuelle 25e au classement FIFA, l’EDF est en concurrence avec la Suède pour faire partie des têtes de série lors des barrages qui semblent à 99% promis aux hommes de Didier Deschamps. Le match face à l’Australie ainsi que celui de la Finlande (15 octobre) sont donc plus que décisifs pour permettre à la France de dépasser les partenaires de Zlatan Ibrahimović et ainsi s’affranchir d’une double confrontation face un adversaire plus ardu type Portugal, Croatie, voire Angleterre.
Si ce mauvais classement n’étonne plus personne à la vue des piètres résultats de ces dernières années, il est une question que beaucoup se posent sans en comprendre la réponse. Comment calcule-t-on ce putain d’indice FIFA qui permet par exemple à la Colombie de siffler la 5e place au nez et à la barbe du Brésil, du Portugal ou encore de l’Angleterre ? Faut-il y voir un reflet du réel niveau des équipes ou une hérésie mathématique ? Décryptage d’un système mis en place par des têtes d’ampoules pour des têtes de nœud.
La théorie
P = M x I x T x C. Derrière cette formule barbare qui rappelle des heures de torture infligées par un prof de mathématiques sadique, la FIFA a souhaité prendre en compte 4 paramètres qui permettent, selon elle, d’établir un classement équitable et proche de la réalité. Explications : M correspond au résultat du match (3 pts pour une victoire, 1 pour un nul, 0 pour une défaite), I à la valeur du match (de 1 pour un amical à 4 pour un match de Coupe du monde), T à la valeur de l’équipe adverse (de 200 pour le 1er à 50 pour les équipes classées au-delà de la 150e place, les équipes classées entre la 1re et la 150e place voyant la valeur de 200 abaissée par le nombre d’équipes supérieures) et C à la moyenne entre les coefficients de confédération des équipes qui s’affrontent (de 1 pour l’UEFA à 0,85 pour l’OFC).
Par exemple, face à l’Australie, la France peut remporter 3 (=M) x 1 (=I) x 147 (= T, l’Australie étant classée 53e) x 0,93 (=C) soit 410,13 points.
S’il faut ensuite en passer par une moyenne et prendre en compte les résultats des quatre dernières années pour atteindre le total final utilisé pour le classement FIFA, une double victoire des Bleus face à l’Australie puis la Finlande leur permettrait d’atteindre 870 points. La Suède, qui en dispose actuellement de 836, aura la lourde tâche de faire augmenter ce chiffre face à l’Autriche, puis l’Allemagne. Un exercice a priori plus difficile.
La pratique
Aussi étudié et compliqué soit-il, ce classement aboutit toutefois à des aberrations pratiques. Bien figurer en Coupe du monde ou réaliser un très beau parcours lors de l’Euro ne sont pas des prérequis pour apparaître en bonne place dans ce classement. La Colombie, actuelle 5e, se place juste derrière le quatuor Espagne-Argentine-Allemagne-Italie, mais devant d’autres grosses nations du football, alors même qu’elle n’a pas pris part au mondial allemand. L’explication est pourtant simple : grâce à une bonne campagne de qualification pour le Brésil, les partenaires de Falcao profitent du gros coefficient attribué à ces matchs (2,5) pour « griller » la politesse à certains cadors européens ou sud-américains (Brésil, 8e).
Du fait de la dépréciation des résultats obtenus il y a 4 ans, le système fait également la part belle aux équipes qui, si elles n’ont jamais réalisé de grandes performances en compétitions officielles, sont en bonne forme. Ainsi, la Belgique et sa génération dorée, 62e en septembre 2010, ont réalisé une remontée fulgurante pour atteindre la 6e place du dernier classement. Certes, les Diables rouges affichent de grosses qualités ces derniers temps. Mais cette 6e place reflète-t-elle réellement le niveau de performance de Hazard et compagnie ? Pas sûr. Car s’il faut prendre en compte la forme actuelle d’une équipe, le classement FIFA donne une place trop prépondérante aux derniers résultats pour être une photographie fidèle du football mondial. La France, qui n’a pas manqué une grande compétition depuis les États-Unis (1994) et a même participé à un quart de finale d’Euro en 2012, se retrouve aujourd’hui devancée par la Croatie, la Grèce, le Portugal (demi-finaliste du dernier Euro quand même) ou encore la Suède pour cette place de tête de série lors des barrages. Logique, diront certains, vu le niveau de jeu développé par Ribéry et consorts. Anormal aussi, compte tenu du passé et de sa constante présence dans l’élite. Aussi attractif qu’Arlette Chabot en porte-jarretelles, ce France – Australie est donc déterminant pour embarquer vers le Brésil dans un an. Aux Bleus de ravaler leur fierté et de foncer tête baissée dans un adversaire qui n’a rien à gagner. Aussi incohérent soit-il, on peut remercier le classement FIFA pour donner un sens à ces 90 minutes de vie perdues.
Par Raphael Gaftarnik