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Mais qui es-tu, le football militaire ?

Par Arthur Jeanne
3 minutes
Mais qui es-tu, le football militaire ?

Les bidasses aussi jouent au football. Depuis 1948, le Conseil international du sport militaire organise en effet tous les deux ans sa Coupe du monde de football. Une épreuve intégrée depuis 1995 aux Jeux mondiaux militaires, juste entre le saut en parachute et le lancer de grenades. Et devinez quoi ? La France est quintuple championne du monde.

1946. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, quelques militaires amateurs de sport se disent qu’il serait sympa d’organiser une compétition entre les différentes armées du monde. Apres tout, le football est bien la continuation de la guerre par d’autres moyens et, les massacres terminés, autant se mettre à jouer au ballon. C’est donc en 1948 que naît le Conseil international du sport militaire. Le Français Henri Debrus, ancien résistant et vice-président du Conseil des sports des forces alliées, crée l’institution et en devient le premier président. Le conseil crée très vite des championnats du monde de plusieurs disciplines et, évidemment, le football n’échappe pas à la règle. Le premier tournoi disputé en 1946 (avant la création du CISM) est remporté par l’Angleterre à Prague. Pendant près de 20 ans, l’Europe aura ensuite une hégémonie totale sur le football militaire, ne laissant aucun titre aux autres continents. D’ailleurs, l’Italie mène la danse, et d’assez loin, avec 8 titres. La France, avec cinq victoires, n’est pas ridicule. Mais comment s’explique ce talent des troufions français pour le ballon rond ?

Le récurage de chiottes

En fait, si les Bleus ont gagné 5 fois le titre mondial, c’est avant tout grâce au Bataillon de Joinville. En 1956, alors que tout un chacun doit effectuer son service militaire, l’armée crée une entité spéciale pour les sportifs de renom : le fameux BJ qui a vu passer dans ses rangs Platini, Bossis, Lizarazu ou Djorkaeff. Durant leur année de conscription, les heureux élus du Bataillon sont intégrés à l’équipe de France militaire. Un privilège qui leur permet d’éviter le récurage de chiottes et la plupart des autres corvées généralement réservées aux bidasses. Les joueurs ont aussi la permission de rejoindre leurs clubs dès le jeudi. En échange de ça, ils doivent représenter la France lors du championnat du monde militaire. Grâce à cet échange de bons procédés, la France aligne tous les 2 ans une équipe compétitive lors de la compétition. En 1995, les Coqs, drivés par Roger Lemerre, remportent leur dernier titre mondial à Rome. En finale, Dhorasoo, Sommeil, Dacourt, Maurice et les autres tapent l’Iran 1-0 devant un Stade olympique vide grâce à un but de Wagneau Eloi, héros bleu de la compétition.

La coupe du monde des dictateurs

Mais l’âge d’or du football militaire français a fait son temps. En 1997, la fin de la conscription obligatoire entraîne dans sa chute le Bataillon de Joinville dissous en 2002. Dès lors, la France, privée de ses footballeurs professionnels, décline. L’Italie, qui avait adopté un système similaire et alignait dans ses équipes des joueurs tels que Del Piero ou Delvecchio, ne gagne plus non plus. Désormais, ce sont les pays qui ont les armées les plus importantes en nombre d’hommes qui dominent, et armée nombreuse rime souvent avec régime autoritaire. D’ailleurs, le championnat du monde militaire dans l’histoire, c’est un peu la coupe du monde des dictateurs. À ce niveau-là, le palmarès est éloquent. En 1969, pendant le régime des colonels, la Grèce est championne du monde. Dix ans plus tard, c’est l’Irak de Saddam qui remporte le Graal. Les années 2000, elles, seront dominées par l’armée égyptienne, à l’exception de l’édition 2004 remportée par la Corée du Nord. Le football militaire, c’est aussi cette opportunité formidable d’être champion du monde pour des pays qui n’ont jamais rien gagné au niveau mondial « dans la vraie vie » . L’Algérie le sait bien, elle défendra chèrement son premier titre acquis en 2011, lors de la compétition qui débute le 2 juillet en Azerbaïdjan.

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