- L1
- J26
- Lorient/Rennes
Mais qui es-tu le Celtico ?
Dernier né des studios Margotton, le Celtico voit s’opposer les deux clubs bretons Lorient et Rennes. Un derby morbihanno-breizhilien qui peut peser lourd pour la fin de saison des deux équipes. Les locaux ont un maintien à assurer, tandis que les visiteurs restent de sérieux candidats aux places européennes.
Précisons-le tout de suite : oui on est d’accord, le terme Celtico est assez ridicule. Oui aussi, il est réducteur : Brest, c’est du poulet ? Et Guingamp, du cochon ? Et Nantes ? Bon, pour Nantes, ce serait entrer dans des considérations historico-politiques et on se gardera bien de le faire… Le Celtico, donc, désigne désormais cette confrontation bretonno-bretonne entre Rennes, la capitale de la région, et Lorient, où se déroule chaque été le festival Interceltique, grand-messe de la bombarde, du biniou, des bagads, de la danse petit doigt en l’air et de la picole.
Historiquement, ce derby de la galette ne voit pas s’affronter deux grands rivaux. Le seul point majeur de désaccord entre supporters des deux clubs se nomme Christian Gourcuff. Idolâtré chez les Merlus, il a laissé un désagréable souvenir côté rouge et noir lors de son court passage en tant qu’entraîneur il y a une dizaine d’années. Vu qu’en plus le fiston Yoann est parti un peu comme un voleur de son club formateur, direction le Milan AC en 2006, c’est certain que l’actuel joueur lyonnais et son daron sont moins appréciés du côté de Rennes que du côté de Lorient (ou du plateau du Canal Football Club…).
Des stéréotypes à nuancer
Si on s’en tient aux gros stéréotypes, un match entre Lorient et Rennes, ce serait la confrontation de deux philosophies : l’amour du beau jeu offensif et de la régalade de chique des Gourcuff boys contre le bloc compact et physique – pour ne pas dire rugueux, pour ne pas dire bourrin – du gang d’Antonetti. Voilà, ça c’est pour la caricature étalée à la truelle. En réalité il faut largement nuancer ces a priori. Match de gentils contre méchants ? Au classement du fair-play, Lorient et Rennes sont pourtant au coude à coude cette saison, avec 45 jaunes et 3 rouges pour les premiers, 48 jaunes et 3 rouges pour les seconds. Sur la phase retour, c’est même l’égalité parfaite : 8 jaunes, 1 rouge.
Match de l’offensive contre bloc-équipe ? Rennes la vilaine est cinquième attaque de L1, Lorient la belle seulement seizième. Tout ça pour dire que la réalité du terrain et des résultats est bien trop complexe pour s’en tenir à des conclusions toutes faites. Oui, Lorient dans un bon jour pratique un football délicieux, avec un système tactique audacieux, de la vitesse et des espaces ; mais ce n’est pas le Barça non plus et c’est un fait que les hommes de Gourcuff peinent cette saison à marquer des buts dans le jeu. Et de l’autre bord, oui Rennes possède un effectif assez imposant athlétiquement et le système tactique prôné par le père Antonetti n’est pas toujours très excitant ; mais c’est aussi une équipe joueuse, avec des perles offensives vives et parfois géniales techniquement, tels Féret, Pitroipa ou Brahimi. La nuance s’impose, donc.
Aliadière, 4 mois et demi après
Quant aux enjeux de ce Celtico d’un soir, ils sont grands pour les deux équipes. Les Merlus, actuellement 14e (leur plus mauvais classement depuis octobre 2010), n’ont pas gagné en championnat depuis le 27 novembre et une victoire 1-0 sur Nice. Ce qui fait donc 10 matchs de disette. Résultat, le potentiel candidat à l’Europe de l’automne s’est transformé en une saison en un postulant à la relégation. Sur la phase retour, les Morbihannais ne sont devancés au classement à l’envers de la L1 que par les Sochaliens. Avec ce derby face à Rennes puis un déplacement à Toulouse, ce sont deux rencontres compliquées qui les attendent, avant une série de matchs très importante pour le maintien, contre Brest, Ajaccio, ETG et Nice. Au cœur de la sinistrose, une bonne nouvelle à signaler, tout de même : le retour de Jérémy Aliadière, auteur d’un début de saison très encourageant mais absent des terrains depuis le 16 octobre et une blessure survenue face à… Rennes, Route de Lorient.
Rennes justement, va tâcher de ramener un résultat de son plus court déplacement de la saison, histoire de rester au contact des autres candidats aux places européennes. Véritable cauchemar des pronostiqueurs, les rouge et noir se présentent ce soir diminués, avec les forfaits de Jean-Armel Kana-Biyik et de Mevlut Erding. John Boye et Youssouf Hadji devraient les remplacer. Pour la Gavotte, on repassera.
Par Régis Delanoë, à Rennes