- Reste du monde – AFC – Ligue des champions
Mais qui es-tu, l’AFC Champions League ?
À l'image de ses consœurs européenne, africaine et américaines, la Ligue des champions de l'AFC est de retour en 2016. De l'Iran jusqu'à l'Australie, 32 équipes s'affronteront des semaines durant pour succéder au Guangzhou Evergrande. Décryptage d'une compétition méconnue en Europe.
Non, Xavi ne participera pas à la Ligue des champions. Certes, il ne s’agit que de celle de l’Asian Football Confederation, mais c’est bien à cause de lui qu’Al Sadd n’y participera pas en 2016. En envoyant son penalty hors cadre lors d’une séance décisive, Xavi a laissé Al Jazira décrocher le dernier ticket restant pour la compétition phare de la confédération. Un gigantesque tournoi où les 32 qualifiés sont dans un premier temps répartis dans huit groupes distincts selon leur proximité géographique. Ainsi, dans les groupes A à D se retrouvent les équipes de l’Asie de l’Ouest (Arabie saoudite, Qatar, Iran, Ouzbékistan et Émirats arabes unis) tandis que les équipes de l’Asie de l’Est s’affrontent dans les groupes E à H (Corée du Sud, Chine, Thaïlande, Japon, Vietnam et Australie). Pourquoi un tel découpage ? Parce qu’il est plus simple de voyager du Qatar à l’Iran que de l’Arabie saoudite à l’Australie. Une semaine après l’ouverture de la compétition, les clubs de cette immense ère géographique disputeront ce soir la deuxième journée des phases de poules. Au programme : des buts, forcément, et des polémiques qui n’en finissent plus d’enfler.
Iran, Iran pas ?
Lors de la première journée, les clubs iraniens ont tout balayé sur leur passage. Les victoires respectives de Sepahan, Zob Ahan et Tractor Sazi ont fait oublier les tensions entre les clubs iraniens et leurs homologues saoudiens. Ces derniers avaient en effet fait connaître à la Fédération leur désir de ne disputer aucun match en territoire iranien. Les présidents de Seaphan et de Tractor Sazi menacent donc de se retirer de la compétition si la Fédération vient à interdire aux clubs iraniens de recevoir les clubs saoudiens. « Nous ne voyons aucun problème quant à leur réception. Nous recevons des clubs saoudiens depuis des années, et il n’y a jamais eu le moindre problème, ni avec eux, ni avec aucune équipe nationale ou aucun club venu jouer en Iran » , s’est défendu un des représentants du club de Seaphan dans des propos relayés par la Fox. Très moyens lors des deux dernières éditions de la compétition, il serait dommageable pour les Iraniens d’abandonner une compétition dans laquelle ils sont bien partis.
L’autre grosse sensation de ce début de compétition vient de l’Ouzbékistan. Le club de Pakhtakor a notamment réussi à accrocher les demi-finalistes de la dernière édition, Al Hilal (2-2). Le Lokomotiv Tachkent, parce que voilà, des cheminots, il n’y en a pas qu’en Europe de l’Est, peut lui aussi se féliciter après son bon match nul face à Al Ittihad (1-1). À l’Ouest, tout le monde ou presque attendait avec impatience l’entrée en lice des clubs chinois. Quand on est capable de dépenser autant de millions sur des joueurs européens pour renforcer son effectif, on devrait pouvoir être capable de rouler sur une compétition qui comporte une majorité de club qui n’ont même pas de quoi se payer un jour du salaire de Jimmy Briand. Et c’est peu dire que les nouveaux riches ont complètement manqué leur entrée dans la compétition ! Seule victoire chinoise : celle de l’outsider, Shandong Luneng, sur la pelouse du champion japonais, le Sanfrecce Hiroshima. Dur.
Où sont les stars ?
Alors qu’ils ont accueilli récemment les deux stars que sont Alex Teixeira et Ramires, les joueurs du Jiangsu Suning n’ont pu faire mieux qu’un triste match nul lors de la première journée et devront mieux faire pour justifier leur mercato de feu. Avant le début de la deuxième journée, ce soir, les tenants du titre du Guangzhou Evergrande sont sous le feu des critiques après un match nul bien triste il y a une semaine. Franchement, Scolari et Martinez, vous n’avez pas mieux que ça pour satisfaire votre public ? Les Nippons ne sont pas non plus à la fête avec une seule victoire. Des favoris qui prennent la compétition à la légère : voilà une problématique qu’on retrouve très souvent dans les Ligues des champions du bout du monde. C’est ce qui est reproché aux clubs américains en CONCACAF, c’est ici ce qui est reproché aux clubs chinois et japonais. Un manque d’ambition à mettre sur le compte du manque de reconnaissance internationale de la compétition. En même temps, elle n’a été créée qu’en 2002…
Si les grandes stars n’ont pas encore convaincu lors de cette Ligue des champions 2016, d’autres joueurs ont gagné l’étiquette de « joueurs à suivre » sur la saison. C’est notamment le cas de Theerathon Bunmathan, capitaine de la sélection Thaïlandaise et véritable couteau suisse du Buriram United, qui pourrait bien aider les siens à enfin se sortir des poules. Impossible aussi de passer à côté de Besart Berisha (aucun lien de parenté avec le gardien de la Lazio), l’attaquant Albanais du Melbourne Victory, aujourd’hui considéré comme la meilleure importation de la A-League. Elkenson, le Brésilien du Shanghai SIPG, peut aussi rentrer dans cette catégorie de joueurs clefs. Après avoir fait des merveilles avec Guangzhou (59 buts en 72 matchs), il entend bien aider sa nouvelle équipe à défier les pronostics. Bref, l’AFC Ligue des champions est une Ligue des champions comme les autres : des stars, des surprises et beaucoup de beaux matchs.
Par Gabriel Cnudde