- Ligue des champions
- 1re journée
- La Gantoise/Lyon
Mais qui es-tu, La Gantoise ?
Premier adversaire de l'Olympique lyonnais lors de cette Ligue des champions 2015/2016, le Koninklijke Atletieke Associatie Gent reste un grand inconnu du public français. Loin d'être favoris, les champions de Belgique en titre espèrent tout de même créer la surprise pour leur grande première en C1.
Mis à part cet amoureux du football intéressé par absolument tous les championnats du monde ou cet homme ayant vécu un temps près de Gand, très peu de passionnés du ballon rond peuvent se targuer de maîtriser l’histoire ou l’effectif de La Gantoise. Et ce ne sont sûrement pas les Lyonnais, premiers adversaires des Belges ce mercredi soir, qui diront le contraire. Interrogés par un journaliste du Het Laatste Nieuws, Hubert Fournier et ses hommes sont restés pour le moins évasifs au moment d’évoquer le niveau des Buffalos. « Est-ce que je peux donner le nom d’un joueur de Gand ? Non. Quand nous verrons l’équipe sur le tableau, peut-être que nous reconnaîtrons des joueurs que nous avons déjà affrontés dans le passé » , reconnaissait Christophe Jallet, imité par Rafael dans la minute : « Je sais très peu de choses sur cette équipe. » Hubert Fournier, lui, a préféré insisté sur ce qu’il savait : « Elle a des points forts. Lesquels ? J’ai bien aimé leur attaquant, Depoitre. Il y a aussi Simon qui est percutant sur le côté. » La Gantoise a pourtant quelques belles surprises en stock.
« Une belle surprise »
Fondée en 1900 mais professionnel depuis 1980 seulement, La Gantoise a dû attendre l’année passée pour décrocher son premier titre de champion de Belgique. Pour Matthieu Verschuère, qui a évolué avec les Buffalos en 2001-2002, puis de 2003 à 2005, la surprise était énorme, tant les années précédant celle du titre ont été compliquées. Douzièmes en 2012-2013, puis septièmes en 2013-2014, les joueurs de Gand n’étaient pas vraiment destinés à devenir champions en 2014-2015. « Les années où ça se passe très bien, ils finissent dans les 4/5 premiers, et dernièrement, ça a été plus difficile. Et puis il y a eu l’an dernier. Une énorme surprise ! Ils ont terminé champions ! » explique Matthieu Verschuère, qui garde encore aujourd’hui un œil sur ce club « familial et sympathique » . S’ils ne font pas figure de tête de série dans ce groupe, les Belges veulent tout de même profiter de « ce beau cadeau » pour « faire la fête comme il se doit. Là-bas, les supporters restent au stade jusqu’à deux heures du matin, il y a un grand repas et c’est vraiment super » , se remémore l’ancien milieu de terrain.
Si les choses ont bien évolué depuis le passage du Français à Gand, le club reste tout de même financièrement limité et jouit de moyens bien inférieurs à ceux de ses concurrents en Ligue des champions. Comme la majorité des clubs belges, La Gantoise suit un modèle très particulier. « L’effectif tourne beaucoup comme dans la plupart des clubs belges. Ils essayent de transférer des joueurs pour avoir un petit peu plus d’argent. Les moyens sont beaucoup moins importants qu’en France, donc le but, c’est d’aller chercher des joueurs étrangers pas très connus et d’essayer de les transférer derrière. D’où les résultats un peu en dents de scie, quoi » , détaille Matthieu, qui jouait à son époque « avec des gars de 12 nationalités différentes, un Islandais, un Péruvien, etc. » Aujourd’hui, les Buffalos sont propriétaires de leur nouveau stade, le Ghelamco Arena, construit en début de saison 2013/2014. De quoi mettre un peu de beurre dans les épinards. « Financièrement, ça doit être un petit peu mieux. Mais ça n’a rien à voir avec les grosses écuries françaises. C’est le petit poucet de cette Ligue des champions » , estime Matthieu Verschuère, qui ne se leurre pas sur le niveau de son ancienne équipe.
Hommage à Buffalo Bill
Pour cette grande première en Ligue des champions, Matthieu Verschuère l’affirme, les supporters seront prêts. « Il y a une bonne base de supporters, c’est sympa. On jouait devant 10 000 spectateurs, c’est pas grand-chose, mais c’étaient de fervents supporters. Les gens sont vraiment amoureux du club quoi qu’il arrive » , explique-t-il. Sans parler d’un déplacement compliqué pour les Lyonnais, l’ancien joueur de Sedan avertit Hubert Fournier et ses hommes sur le fait de ne pas prendre cette rencontre à la légère. « Ils vont y aller avec une grosse envie. Ils vont jouer à 150% parce que pour eux, c’est exceptionnel de jouer la C1, ça ne se reproduira pas souvent. Ce sont des matchs de coupe. Les Lyonnais vont devoir être prêts » , prévient-il, conscient toutefois qu’il y a un monde qui sépare le niveau de jeu des deux équipes. « Pour moi, ils ne peuvent pas passer la phase de poules. Entre Lyon et Gand, y a pas photo » , pronostique celui qui ne garde que des bons souvenirs de son passage à Gand.
Et si l’Europe ne connaît pas encore les Buffalos, elle va bien devoir apprendre leur fabuleuse histoire, qui a commencé il y a plus d’un siècle, alors qu’un certain William Frederick Cody, aka Buffalo Bill, débarquait avec son cirque dans la ville belge. Les cris du public en furie, « Buffalo ! Buffalo ! Wild West Ra ! » , furent alors repris sur les bords du terrain de football, donnant ainsi un surnom et un blason à l’équipe de La Gantoise. Depuis les quarts de finale de la Coupe de l’UEFA 1991-1992, la ville de Gand attend un beau parcours en compétition européenne. Et elle pourrait bien débuter ce soir. « Et puis quoi qu’il arrive, c’est sympa pour le football : les petits clubs ont leur chance un jour de faire la fête. Parce qu’en Belgique, ce sera une sacrée fête » , conclut Matthieu Verschuère, impatient de voir comment son ancien club va bien pouvoir de nouveau étonner son monde.
Par Gabriel Cnudde