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Mais qui es-tu, la bombe de la FIFA ?
Qui est Fernanda Lima ?
Il y a cru pendant quelques secondes. Tel Bernadette Soubirous découvrant la Vierge Marie, Francis, 24 ans, est resté bloqué sur l’apparition de Fernanda Lima, la bombe anatomique de la FIFA. « Mais elle est à poil ou quoi ? » furent ses premiers mots, tandis que son regard perdu suivait les jambes interminables de la sulfureuse bimbo, tout sourire dans sa robe dorée Hervé Léger. « Ouais enfin c’est plutôt couleur peau » , tentait-il de se dédouaner juste après, comme pour faire oublier son terrible handicap. A la grande déception des daltoniens de tous bords, Fernanda Lima n’était pas nue pour présenter le tirage au sort de la Coupe du monde le 6 décembre dernier. « Enfin, c’est tout comme » , concluait notre observateur attentif dans un rictus, pas insensible à son décolleté pigeonnant. Une méthode éculée mais imparable : scotché à l’écran, le spectateur ensorcelé encaisse cette avalanche de « A3 » , « C1 » ou « B4 » susurrée d’une voix mielleuse. Jérôme Valcke, le secrétaire général de la FIFA, est rapidement éclipsé, tous comme les huit légendes du ballon rond qui l’accompagnent. Visiblement ému, le vieillissant Alfredo Ghiggia en perd même sa boule à force de loucher.
C’est peu dire que la prestation de Fernanda Lima a été remarquée. Déclenchant la frénésie sur les réseaux sociaux, son nom a été tweeté plus de dix fois par secondes pendant le tirage au sort, et lui a permis de gagner des dizaines de milliers d’abonnés sur son compte. Mais c’est sur Facebook que sa popularité atteint son apogée : privés de retransmission, des centaines de ressortissants iraniens n’ont pas tardé à critiquer sa propension – pourtant louable – à l’exhibition. Censurée par la télévision d’État pour ses formes affriolantes, la belle a forcé les officiels iraniens à revoir leur plan en direct, alors qu’un dispositif spécial avait été mis en place pour célébrer ce moment de fête. Choquée par le déferlement de haine et d’insultes sur sa page privée, la présentatrice brésilienne n’a pas tardé à faire amende honorable : « Je suis désolée pour ce qui s’est passé. Je n’ai voulu offenser personne. Mon but n’était pas de créer une polémique, ni de porter atteinte à un pays, à une culture ou à un peuple » , a-t-elle expliqué au magazine O Jogo, avant de communiquer une triste nouvelle : « J’ai bien retenu la leçon et je vais faire attention à ma robe pour la cérémonie du Ballon d’Or. »
Une ascension fulgurante
Si certains internautes remontés sont allés jusqu’à la traiter de « prostituée » , de nombreux Iraniens se sont excusés dans la foulée pour le « comportement inadmissible » de leurs compatriotes les plus virulents. Heureusement que ces derniers n’ont jamais mis la main sur cette publicité coquine, tournée en 2010 avec son compagnon et mari de longue date, le bienheureux Rodrigo Hilbert : on y voit les deux amoureux frôler la sex-tape pour vendre du lubrifiant. Il faut dire qu’à 36 ans, la jolie présentatrice n’en est pas à son coup d’essai. Régulièrement dénudée, elle capitalise sur ses qualités de mannequin pour se frayer un chemin vers le succès.
Tout commence le 25 juin 1977 à Porto Alegre. Fernanda voit le jour dans une famille très sportive : ses parents sont professeurs d’éducation physique et ses deux frères aînés sont passionnés de football. Très tôt, ils poussent la jeune enfant à s’essayer à de nombreuses activités, au premier rang desquelles la natation, le patinage artistique, la gymnastique et le ballet. Les talents mitigés de la jeune femme dans ces différentes disciplines ne l’éloigneront cependant pas longtemps des podiums, puisqu’elle est très tôt repérée par un photographe brésilien, qui lui propose de réaliser un book. C’est le début d’une carrière fulgurante. De São Paulo au Japon, les concours de mannequinat s’enchaînent, les couvertures de magazines se déchaînent. Contactée en 2003 par MTV, la belle plante se lance dans la télévision avec une réussite avérée, en présentant notamment un magazine axé sur les voyages à Hawaï.
Après un léger break pour privilégier sa vie privée, Fernanda redonne un nouvel élan à sa carrière début 2005. Elle est recrutée en tant qu’actrice pour jouer dans la télénovela Bang Bang. Elle y incarne la fantastique Diana Bullock, une femme séduisante au fort tempérament, dans les États-Unis de la fin du XIXe siècle. Elle poursuit son ascension en participant à deux autres séries, Pé na Jaca et Fantastico, et tente en parallèle de percer dans le cinéma. Vous pouvez notamment l’apercevoir dans plusieurs navets comme Stuck on you (2003), À Dona da Historia (2004) et surtout Flordelis (2009). Mais c’est bien à la télé que son parcours est tracé : depuis trois ans, cette dernière présente l’émission Amor & Sexo sur Rede Globo. Sensuelle dans ses tenues bariolées et sympathique à l’écran, elle est rapidement devenue l’une des présentatrices vedettes de la chaîne. Son émission enregistre en moyenne 16 points d’audience et 46% de participation des ménages. Un succès impressionnant, d’autant plus qu’il est « difficile de parler de ces sujets en prime time, car on ne peut pas offenser le téléspectateur, c’est un rendez-vous familial. »
Test du sofa
À la différence de ses invités, et pour ceux que ça intéresse, Fernanda arrive plutôt bien à gérer amour et sexualité. « Grâce à Dieu, je suis capable de concilier les deux » avouait-elle récemment au journal brésilien Folha de São Paulo, avant de se présenter comme une fille « moins moderne » qu’elle n’en a l’air : « Je suis assez conservatrice, à bien des égards. Je ne bois pas, je ne me drogue pas et je n’ai jamais regardé un film pornographique. » Elle tente cependant de se rattraper et de faire bonne figure : « Bien sûr, j’ai fait beaucoup de choses un peu folles, mais toujours dans la normalité. Disons que j’ai parfois prêté plus d’attention à la quantité qu’à la qualité. Comme coucher le premier soir. » Une faiblesse qu’elle explique en partie par l’identité nationale : « La liberté de nos corps, la danse et le funk aident notre sensualité à s’épanouir. Mais seulement à la surface. Dans le lit, c’est très différent, les sentiments profonds sont plus précaires. »
Un rapide examen de son bilan amoureux permet de vérifier sur pièce cette précarité. Engagée depuis 2002 dans une relation sur courant alternatif avec Rodrigo Hilbert, son mari et partenaire à l’écran, elle lui a donné les jumeaux, João et Francisco, âgés de 5 ans, qu’elle élève dans son 110 mètres carrés avec vue sur l’océan. « Nous avons une très belle histoire tous les deux » , a-t-elle expliqué ; Rodrigo l’aurait séduite en lui offrant un chandelier fait de ses propres mains. Les talents de forgeron de son bel Apollon ne l’ont cependant pas empêchée de sortir plusieurs fois avec Ricardo Waddington, qui dirige ses émissions, en période de crise conjugale. Mais promis, maintenant, c’est fini : « Nous avons transformé notre amour en amitié et en partenariat » , esquive-t-elle rapidement à ce sujet. Avant d’évoquer, un peu gênée, le test du sofa, qu’elle a visiblement réussi : « Ce n’est pas un mythe, cela arrive. Mais j’ai toujours préféré le chemin le plus long. »
Renversée par un bus
Aujourd’hui, Fernanda déborde de projets. Une nouvelle saison en préparation, l’ouverture d’un restaurant à Iguatemi, et bien sûr la présentation du Ballon d’Or à Zurich, pour commencer l’année. Cette fois sans son présentateur de mari, qui a bizarrement connu moins de succès. « Rodrigo a pourtant fait aussi bien que moi, je ne comprends pas » commente-t-elle ingénue, s’étonnant d’être la seule à avoir reçu des compliments. Une célébrité internationale soudaine pas si facile à appréhender : « Le lendemain du tirage, j’ai passé trois heures à pleurer dans mon lit. J’étais triste d’être loin des garçons. Pendant que le monde entier vantait mes qualités, je devais assurer l’enregistrement d’Amour et Sexo à la télé. » Mais Fernanda n’est pas du genre à se laisser aller. Renversée par un bus en 2013, alors qu’elle sortait de chez elle à vélo, notre héroïne savoure sa popularité nouvelle, si longtemps espérée, qui a failli s’envoler.
Tout le monde ou presque a d’ailleurs oublié au pays que sa désignation initiale a créé de nombreuses vagues. En privilégiant la belle blonde et son mari, la Fifa s’est attiré les foudres de l’opinion publique. Selon le journal Veja, un premier duo était en effet pressenti pour animer le tirage au sort de la Coupe du monde. Camila Pitanga et Lazaro Ramos, deux présentateurs de couleur, avaient été proposés à la Fifa par la chaîne TV Globo, avant d’être finalement écartés. De quoi pousser Christiano Jorge Santos, magistrat de l’État de São Palo, à ouvrir une enquête et accuser la FIFA de racisme. « C’est n’importe quoi, j’ai l’habitude de travailler avec la FIFA. Ils m’ont appelé six mois à l’avance. La seule chose que je sais, c’est qu’il y a un un casting organisé par TV Globo, et que nous avons été choisis » a-t-elle expliqué, avant de balayer les accusations : « Quiconque me connaît sait comment je suis. Je préfère laisser passer sans rien dire, et laisser le temps faire son office. J’ai beaucoup de connaissances et d’amis noirs. » Lassée par les polémiques, l’animatrice ne nie cependant pas la réalité : « il est évident qu’il y a des préjudices liés à la couleur de peau au Brésil, mais moi aussi j’ai été victime de préjugés. Parce que je suis un top-model, parce que je suis blonde. » Une condition qui a parfois des allures de sacerdoce ; Fernanda se fait, selon son aveu, draguer « à une bonne fréquence ». Nul cependant n’a encore su la détacher vraiment de Rodrigo. Un conseil ? La belle a avoué se sentir « flattée » quand on lui adresse des « compliments polis et intelligents ». A bon entendeur, amis footballeurs.
Par Christophe Gleizes