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Mais qui es-tu donc, foot ukrainien ? (1re partie)

par Chérif Ghemmour
5 minutes
Mais qui es-tu donc, foot ukrainien ? (1re partie)

Vendredi soir, les Bleus joueront le match aller des barrages qualificatifs du Mondial 2014 en Ukraine. Deux manches jouables pour les Bleus. Mais c’est une équipe à prendre au sérieux, vu que ce pays est une grande nation de football, comme son histoire le démontre. Première partie non exhaustive consacrée au foot des Jaune et Bleu.

La matrice Dynamo Kiev

L’un des tout premiers souvenirs de foot ukrainien, c’est le triste « match de la mort » du 9 août 1942 à Kiev. Devant 45 000 spectateurs, le FC Start (ex-joueurs du Dynamo Kiev dissout par les Nazis) avait battu une équipe de la Luftwaffe. Pour avoir osé battre les soldats du Troisième Reich (5-3), quatre joueurs ukrainiens furent subséquemment assassinés… Sinon, le foot ukrainien s’est fondu dans le football russe durant la période soviétique, jusqu’en 1992. Clin d’œil du destin, c’est un Ukrainien, le grand Anatoli Bychovets, qui fut le dernier sélectionneur de l’URSS ! Preuve de l’immense contribution de l’Ukraine au prestige du foot soviétique. On mentionnera également Aleksandr Ponomarev, sélectionneur ukrainien de la grande URSS finaliste malheureuse de l’Euro 1972 (0-3 face à la RFA de Gerd Bomber). Mais la figure la plus remarquable du foot russe venue de sa province méridionale fut l’immense Valeri Lobanovski (1939-2002). Ancien attaquant du Dynamo Kiev, d’Odessa et du Chakhtar Donetsk (la totale ukrainienne !) mais peu sélectionné (2 capes), le vieil ours bourru et colonel du KGB se révéla en tant qu’entraîneur comme l’un des génies de l’histoire du foot. Pour être bref, son Dynamo Kiev enchanta la footosphère en 1975, en 1986 et en 1997-2002 (l’Ukraine étant devenue indépendante en 1992).

Une pure merveille… Revoyez la finale de C2 d’avril 1986, Kiev-Atlético Madrid à Gerland (3-0) : c’est de la télépathie footballistique, de l’Art, du ballet russe, une symphonie. Du temps de l’URSS, comme pour le Barça sous Franco, le Dynamo Kiev fut longtemps l’un des clubs rebelles au pouvoir moscovite (avec le Dinamo Tbilissi, en Géorgie, par exemple). Le Dynamo était le club dépositaire d’une identité opprimée : celle de la nation ukrainienne vassalisée par Moscou. Quand le Dynamo remporta la Coupe des coupes en avril 1986, la vie nocturne s’alluma soudain des supporters envahissant la célèbre avenue Kpeschatik, sorte de Champs-Élysées locaux : un bras d’honneur au centralisme soviétique oppressant… La victoire de Gerland marqua durablement l’âme ukrainienne, car elle se produisit quelques jours seulement après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. Une saloperie industrielle « soviétique » , maudiront les Ukrainiens. Pour la petite histoire, le môme Andriy Chevtchenko dut être évacué de son village avec toutes les familles habitant la zone très proche de la centrale en feu… Bien comprendre et connaître le football ukrainien, c’est donc sans conteste se référer à la matrice Dynamo Kiev, école de jeu et vecteur identitaire d’un peuple et d’une nation. Les 13 titres de champion d’URSS, dont le premier en 1961 (premier club non moscovite à l’emporter), attesteront de la valeur du réservoir ukrainien, gros fournisseur d’internationaux russes. Ce tropisme identitaire fut d’ailleurs et paradoxalement l’une des causes du pauvre palmarès de la grande URSS, tiraillée dit-on, par ses nationalités : comment faire joueur ensemble des « grands Russes » (Moscou, St-Pétersbourg) avec leurs minorités opprimées, des Ukrainiens, des Géorgiens et des Baltes ?

« Loba » , ce génie

Inspiré lui aussi du football total, Lobanovski, arrivé au Dynamo en 1973, prônait la polyvalence : « Je ne raisonne pas en termes de postes spécifiques, je n’apprécie pas ce genre de joueurs. Pour moi, il n’existe pas de buteur, de milieu ou de défenseur. Il n’y a que des footballeurs, qui doivent être capables de savoir tout faire sur un terrain. » Comme par hasard, les trois âges d’or du Kiev de Loba (le génie réinventé trois fois !) consacreront trois lauréats incontestés du Ballon d’or : Oleg Blokhine (1975), Igor Belanov (1986) et, plus près de nous, Andriy Chevtchenko (2004).

Mais l’autre œuvre grandiose du taciturne Valeri Lobanovski s’accomplira également à la tête de la sélection russe, souvent d’ailleurs en même temps qu’il drivait le Dynamo Kiev (1975-76, 1982-83, 1986-90). Son sommet ? Le fameux Euro 88, fatalement inabouti puisque battus par la grande Hollande de son alter ego du banc, Rinus Michels, l’autre géant du XXe siècle. Du très, très haut niveau, et ce, des deux côtés. Il fallut deux buts d’anthologie (Gullit et Van Basten) pour voir les Oranje triompher et un péno manqué à la fin par Belanov, détourné par ce taré de Van Breukelen. En poule, l’URSS avait pourtant battu les Pays-Bas 1-0 : ces deux équipes magnifiques se valaient, mais il fallait un vainqueur. L’URSS, c’était en fait le Dynamo Kiev (9 joueurs), plus un gardien (l’immense Rinat Dasaev) et un milieu (le grand Sergueï Aleinikov). En ce mois de novembre commémoratif, citons, outre Blokhine et Belanov, Vasili Rats, Aleksandr Zavarov, Anatoli Demyanenko, Yaremchouk, Besonov, Kuznetszov ou l’immense libéro Sergueï Baltacha. Pour So Foot, ce dernier avait évoqué l’autre grand moment du « Dynamo d’URSS » , la Coupe du monde 1986 avec une redoutable sélection russe classée pas loin des favoris, et l’élimination tragique face à la Belgique, en 8es (3-4, a.p), jamais digérée par les Cosaques : « Notre élimination en 86 ? Mais c’était pour des raisons politiques ! Clairement !, rugit Baltacha. Déjà en Coupe du monde 82, on s’était fait voler contre le Brésil où on perd 2-1. Après en éliminatoires de l’Euro 84, l’arbitre nous truande contre le Portugal, on perd 1-0 sur un but bidon et on est éliminés. À la Coupe du monde, on joue la Belgique, on se prend un but 100 % hors-jeu et l’arbitre l’accorde ! On devait gagner ! Comment tu peux expliquer ce SCANDALE ? Il y avait bien des raisons politiques évidentes autour de tout ça, non ?? À l’Euro 88, c’était plus réglo. On avait la même équipe qu’en 86, on était super forts et on a tapé la Hollande 1-0. Mais on les a retrouvés en finale, et là on est tombés sur un super Van Basten et un super Gullit. » L’URSS « dynamesque » avait doublement laissé passé sa chance. La chute du mur et l’indépendance ouvrirent une voie nouvelle pour le football ukrainien.

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