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Mais qui es-tu David Bettoni ?
Nommé adjoint de Zinédine Zidane au Real Madrid, David Bettoni est un illustre inconnu. Pote d’enfance de Zizou, l’ex-Cannois a lié sa carrière à celle du Ballon d'or. Mais qui est exactement celui qui siègera désormais sur le banc de la Casa Blanca ?
Une amitié peut se jouer autour d’un bidet. En tout cas, c’est le cas de celle qui lie Zinédine Zidane et David Bettoni. Nous sommes au début des années 90. Le petit David vient de rejoindre le prestigieux centre de formation de l’AS Cannes, l’une des meilleures pépinières de talents de l’Hexagone. Loin de sa famille et de sa ville de Saint-Priest, le gamin a du mal à se fondre dans son nouvel environnement. Le rythme et l’intensité des entraînements le font souffrir, à tel point qu’il se voit prescrire des bains de pieds afin de mieux récupérer. Mais qui dit bain de pieds, dit bidet. Et qui est le seul joueur à disposer d’un tel meuble dans sa chambre ? Un certain Zinédine Zidane, que l’on appelle alors Yazid. Les deux minots font donc connaissance autour du bidet et deviennent ainsi amis, à en croire la biographie Zidane, de Yazid à Zizou. 30 ans après cette drôle de rencontre, Bettoni et Zidane se retrouvent, mais cette fois-ci sur un banc, celui du Real Madrid.
Bettoni, le dirigiste
Désormais inséparables hors des pelouses, Bettoni et Zidane ne vivent pas la même progression sur le terrain. Tandis que le jeune Zizou se fait un nom sur les pelouses de Ligue 1 avec les Dragons rouges, Bettoni, qui évolue aussi au milieu de terrain, n’est pas encore appelé en équipe première. Il doit attendre la saison 91-92 pour intégrer le groupe professionnel et enfin jouer avec son pote. Malheureusement, l’aventure commune s’interrompt brusquement. Au terme de cet exercice, l’AS Cannes est relégué en Ligue 2 et Zidane répond aux sirènes de Bordeaux. Bettoni, lui, reste sur la Côte d’Azur. Sous la houlette de Luis Fernandez, il va connaître les heures glorieuses de l’ASC. Le club sudiste parvient à retrouver l’élite et s’immisce même en Coupe d’Europe, notamment grâce à son prolifique attaquant, Mickaël Madar. Aujourd’hui coach des Rouge et Blanc, il se souvient de son ex-coéquipier. « David en voulait énormément. Il avait un côté donneur d’ordres, il aimait parler sur le terrain. Mais il y avait de sacrés anciens dans l’équipe à l’époque. Il n’avait pas vraiment son mot à dire, mais il le faisait quand même. » Malgré son fort caractère et sa détermination, le milieu de terrain ne s’impose pas à Cannes et enchaîne deux prêts, le premier à Istres et le second à Alès. À chaque fois, sa nouvelle équipe termine dernière de Ligue 2 et dit bonjour au National. Heureusement pour lui, il est resté en contact avec Zidane. Et lorsque Yazid s’en va pour Turin en 1996, il décide, à sa demande, de l’accompagner.
« Je serai là, toujours pour toi »
De l’autre côté des Alpes, Bettoni ne laisse pas tomber sa carrière de footballeur pour autant. À 24 ans, l’ex-Cannois trouve refuge dans des clubs italiens de troisième et quatrième divisions. Coïncidence ou pas, ils se situent tous dans la région du Piémont, non loin de Turin. À croire que Zizou a fait jouer l’influence de la Vieille Dame pour trouver un club à son pote. Mais pendant ce temps, la poisse poursuit Bettoni. Sur les quatre équipes qu’il rejoint, trois d’entre elles subissent une relégation à la fin de son passage. Un vrai chat noir. Mais face à la malchance qui colle à la peau de Bettoni, Zidane fait office de porte-bonheur. Il propose, encore une fois, à son pote d’enfance de le suivre dans ses aventures footballistiques. En 2001, direction l’Espagne et Madrid. Ce coup-ci, Bettoni met entre parenthèses le ballon rond et concentre ses efforts sur un seul objectif : soutenir son ami dans sa conquête du Real. Et la mission est un immense succès. Au terme de sa première saison, Zidane remporte la Ligue des champions et inscrit la célèbre « volée de Glasgow » . Sa tâche désormais accomplie, il se retire et retourne sur les pelouses françaises. Après deux années supplémentaires en tant que joueur, dont une à l’AS Cannes, il décide de prendre sa retraite. Pour retourner aux côtés de Zidane ? Non. Bettoni s’est trouvé un nouveau challenge. Devenir entraîneur.
Un formateur exigeant
Sur la voie du coach, Bettoni revient à l’AS Cannes où son histoire a commencé. Pour démarrer, il prend les rênes de l’équipe des moins de 19 ans. « C’est nous qui lui avons mis le pied à l’étrier. Dès le début, il a demandé aux joueurs d’être rigoureux dans le travail » , se rappelle Pierre Cancian, président du club azuréen. En plus de faire ses classes auprès des jeunes, il passe les diplômes d’entraîneur à Clairefontaine. L’occasion pour lui de recroiser Mickaël Madar. « Je passais le diplôme sans être sûr de vouloir devenir entraîneur. David, en revanche, l’était. Il était hyper assidu, tu sentais que le garçon voulait être coach » , raconte l’ancien buteur. Pendant plusieurs années, Gaultier Denis, actuellement en équipe première de l’AS Cannes, a été le capitaine des équipes de Bettoni. Le joueur n’a rien oublié des consignes de son ex-entraîneur. « Il prônait un football très offensif, il voulait qu’on joue dans la moitié de terrain adverse en utilisant toute la largeur. Marquer des buts, c’est ce qu’il voulait nous voir faire. » Même son de cloche chez Marlon Montanella, joueur de la réserve cannoise, qui a aussi évolué sous les ordres de Bettoni. « On travaillait surtout la technique balle au pied et la tactique. Il était exigeant, mais il restait proche de nous. C’était vraiment un bon formateur. » Performant avec les jeunes Cannois, l’entraîneur quitte les Dragons rouges en 2013 pour répondre à l’appel de Zidane qui veut faire de lui son adjoint à Madrid. Grâce à ce piston d’or, l’avenir du Real Madrid est désormais entre ses mains. Enfin en partie. « Je ne m’inquiète pas pour lui. Il a de l’expérience et il a estimé que c’était le bon moment. Il aura de l’influence sur le banc, mais à la fin, c’est Zidane qui aura le dernier mot » , estime Mickaël Madar. Si, par malheur, leur aventure à la tête de la Maison Blanche venait à mal se passer, pas sûr qu’une discussion autour d’un bidet suffise à régler le problème, cette fois.
Par Lhadi Messaouden