- Football amateur
- Bretagne
Mais qui en veut à la Bogue d’Or de Questembert ?
Il y a un mois, le club amateur breton a découvert ses bureaux retournés et ses maillots déchirés. Un épisode qui survient après de nombreuses lettres anonymes et insultantes. Problème : personne ne sait qui sont les fauteurs de troubles.
« C’était le mercredi 29 juin. L’après-midi, j’arrive au stade avec un autre membre du club, j’ouvre la porte du bureau… et là, on découvre un bazar monstre, avec tous les maillots balancés n’importe où. » Indignée, Chantal Le Bris s’arrête un moment. Puis reprend : « On a tout de suite senti une forte odeur d’eau de javel. En fait, tout avait été aspergé. Des maillots, des sacs, des sweats, des trousses à pharmacie… Bref, je décide de tout laver. Et quand j’ai voulu étendre les maillots, j’ai vu qu’ils avaient carrément été déchirés au cutter. » La trésorière a encore du mal à y croire. La Bogue d’Or, petit club amateur de Questembert (ville de 16 000 habitants située dans le Morbihan), s’est donc fait vandaliser. Pour cette petite entité associative, qui n’est composée que de bénévoles et dont l’équipe première évolue en Division Supérieure Régionale (l’équivalent de la septième division), le préjudice financier est considérable. La perte des maillots, par exemple, représente près de 2500 euros.
Le coupable est parmi nous
Le pire, c’est qu’un dépôt de plainte n’est pas possible et l’assurance ne remboursera donc rien. La raison ? Aucune effraction n’a été constatée. Quelqu’un aurait-il oublié de fermer les portes ? « Non, pas du tout, répond Chantal Le Bris. On ferme systématiquement à double tour. Et quand je suis arrivée, les locaux étaient bien verrouillés. » Ce qui signifie que les auteurs des faits possèdent les clés… et qu’ils font donc partie de l’entourage du club. « Ces méfaits ont été commis par des personnes mal intentionnées qui font – ou ont fait partie – de la Bogue d’Or, assure Patrick Sevette, président de l’association depuis trois ans.Nous en avons la certitude. » Problème : personne n’a idée de leur identité exacte. À tel point que l’enquête menée par les autorités n’écarte pas un éventuel règlement de compte personnel… envers le président lui-même. « C’est le sentiment de la gendarmerie, confie Patrick Sevette. On m’a dit :« Ça peut être des rancœurs individuelles, avec des gens qui vous en voudraient pour des histoires très très anciennes et qui profitent de votre mise en avant dans le club pour se venger ». »
Menaces incompréhensibles
Reste que le patron de la Bogue d’Or n’est pas le seul visé. En effet, les lettres de menace anonymes reçues au club sont devenues monnaie courante depuis quelques mois. Et les insultes ne sont pas essentiellement destinées à Patrick Sevette. « Ce sont des écrits qui réclament l’arrêt de notre activité, relate ce dernier. Qui disent que nous allons droit dans le mur avec notre nouveau projet. » Pourtant, selon lui, aucune dispute ou conflit n’a eu lieu lorsqu’il est arrivé au club et qu’il a décidé d’innover. Le principe même du nouveau projet mis en place n’a rien de révolutionnaire. Plus de partenariats avec des équipes voisines – dont le Stade rennais –, davantage d’efforts et de dépenses placés dans la formation, un élargissement du nombre de personnes dans le bureau décisionnaire, des réunions plus nombreuses… « Aucune personne n’a été mise à l’écart, ceux qui sont partis nous ont quittés de leur propre chef, déclare encore Patrick Sevette. Moi, c’est l’ancien président, qui est encore dans le bureau, qui est venu me chercher. » Bref, si les noms des personnes coupables des incidents restent inconnus, les raisons de leur geste sont encore plus mystérieuses.
Appel aux dons
Ce qui n’empêche pas le club de continuer à avancer. Pour faire face aux dommages financiers, le fils de Chantal Le Bris a lancé une cagnotte Leetchi pour récolter des fonds de la part de volontaires. Patrick Sevette, lui, ne baisse pas les bras mais s’interroge. « Ne pas être aimé pour ce que je suis ou ce que je fais, ça ne me surprend pas. Je suis une personne qui innove et qui va au bout des choses, ce qui n’est pas forcément apprécié. En revanche, que les actes touchent le club, les gens qui l’entourent et les anciens qui l’ont construit, ce n’est pas possible. Il y a un cap qui a été franchi. Ce sera quoi, la prochaine étape ? Des agressions physiques directes ? » En attendant les conclusions de la gendarmerie, un coup de fil au serrurier est conseillé.
Par Florian Cadu