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- PSG-Napoli (2-2)
Mais qui a vraiment peur de Paris ?
Plus que bousculé par Naples ce mercredi soir au Parc (2-2), le PSG ne donne pas le sentiment de faire peur aux grands d’Europe. Pas du tout, même.
Les saisons se suivent et semblent destinées à se ressembler à Paris. Chaque été, le club parisien assure plus ou moins ouvertement qu’il sera bien présent sur la scène européenne. Il assure qu’il « rêve plus grand » , et que ses désirs de remporter la plus belle des compétitions européennes ne prennent pas leur source dans un simple rêve d’enfant gâté. Une ambition qui l’obsède autant qu’elle lui pèse, tant Paris ne parvient pas à traduire ses paroles par des actes. En mai dernier, Nasser Al-Khelaïfi concédait à demi-mot dans L’Équipe un premier aveu de faiblesse, comme si le président avait ouvert les yeux sur le fait que son club n’était pas encore prêt à remporter la Ligue des champions : « On espère aller le plus loin possible, mais je ne veux pas dire quarts, demi-finales ou finale. On fera le maximum. » Un discours très éloigné des ambitions ouvertement affichées par l’état-major qatari lors de son arrivée dans la capitale en 2011 : se donner cinq ans pour remporter la coupe aux grandes oreilles. Pourtant, deux ans après la date de péremption, le PSG n’a peut-être jamais semblé aussi loin de toucher au but. Malgré Neymar, malgré Mbappé. Pire : il ne semble inquiéter personne.
La peur de faire peur
Tout simplement car en Europe, Paris ne dégage pas la même image que dans l’Hexagone où il balaye tout sur son passage. Si tout le monde pétoche un peu au moment d’accueillir les hommes de Thomas Tuchel chaque week-end, on est encore loin de ce schéma sur le reste du Vieux Continent. Peut-être aussi parce que Paris n’est pas encore le Real, le Barça ou même le Bayern. Le PSG, malgré ses stars, sa puissance offensive évidente et ses moyens colossaux, ne fait pas (encore) partie de ces grosses cylindrées qui inspirent la crainte. Pour preuve, à chaque fois que Paris a croisé l’une d’entre elles sur son chemin, il y a toujours eu un joueur pour dégainer un sincère « non » à la question « le PSG vous fait-il peur ? »
En janvier dernier, Nacho Fernández déclarait sans trembler alors que le Real était en convalescence que sa formation était « parfaitement capable de gagner la Ligue des champions » et que lui et ses coéquipiers n’avaient pas peur du PSG car ils « étaient le Real Madrid » . Ça n’a pas loupé. Quatre mois avant, Franck Ribéry ne disait pas autre chose avant le déplacement du Bayern du côté de la porte d’Auteuil : « Il faut avoir ce sentiment contre Paris : nous sommes le Bayern ! Nous n’avons pas peur, peu importe qui nous jouons, nous gagnons. Si nous avons peur contre Paris, autant rester à Munich. » Paris est respecté, mais Paris n’est pas craint, voilà tout.
À qui la faute ?
Vient alors le moment de se poser la question de l’origine de cette responsabilité dans la différence d’image que dégage le PSG en France et en Europe. Probablement que la plus grande part lui revient. D’abord du fait que ses ambitions en Ligue des champions sont en décalage avec ses résultats, et surtout ses performances. L’Europe ne s’attarde pas sur son super match aller face à Barcelone il y a deux ans, ou sur son fringant succès face à un Bayern malade l’an dernier. Non, elle préfère retenir l’incapacité du PSG à atteindre le dernier carré. Son palmarès vierge dans la compétition. La fois où cette équipe s’est écroulée à Barcelone après avoir tout bien fait pour réussir à passer le tour suivant.
Au contraire de la France, où Paris apparaît comme un ogre jamais rassasié, le club de la capitale ressemble plus en C1 à un petit garçon un peu gauche. Ensuite, car la locomotive de l’Hexagone donne le sentiment de tellement survoler la Ligue 1 qu’on se laisserait presque endormir sur son véritable niveau. La Ligue des champions est là pour rappeler au PSG qu’elle a vraiment raté son mercato d’été, que la moindre erreur de concentration se paye cash et que Paris n’est qu’une équipe parmi d’autres. Et il n’y a qu’elle qui peut changer les choses, sous peine de devoir continuer à se plaindre longtemps de la malchance de tirer le Real Madrid dès les huitièmes, de l’arbitrage qui joue en sa défaveur, ou de toute autre excuse pour ne pas voir la réalité en face.
Par Andrea Chazy