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Mais qu’est-ce qu’on va bien pouvoir faire de toi, Hatem ?
Hatem Ben Arfa avait disparu des radars ces derniers mois. Il a fallu qu'un tabloïd anglais évoque un clash supposé avec son manager, Alan Pardew, pour qu'on se souvienne que le joueur français le plus doué de sa génération traînait sa misère à Newcastle. À 27 ans, Hatem ne s'est toujours pas décidé à grandir. À se demander ce qu'on va bien pouvoir faire de lui.
Quand elle émane d’un journal comme le Sunday People, l’information est forcément à prendre avec des pincettes. Hatem Ben Arfa aurait été mis à la porte de Newcastle et envoyé dans le premier avion pour Paris après une altercation avec son manager, Alan Pardew (le type qui met des coups de boule aux joueurs adverses). « Pardew a tout essayé dans le passé pour placer Ben Arfa dans le meilleur état d’esprit. Il le laissait rentrer chez lui quand il en avait besoin » , aurait déclaré un membre du staff des Magpies au journal. « Tout essayé. » C’est bien le terme pour évoquer l’éternelle promesse du football français. « Contre le chômage, on a tout essayé » , avait lâché un jour François Mitterrand. Avec Ben Arfa, c’est un peu la même chose. Mais voyons s’il nous reste encore quelques solutions.
==> Te prêter à l’Olympique lyonnais pour retrouver l’amour
Dans le fond, tu n’as jamais été aussi heureux que dans ta chambre d’adolescent. À Lyon, on te comprend, on t’aime et Alain Perrin est très loin désormais. Alors il n’y a pas de honte à revenir dans son premier foyer comme tous ces jeunes qui retournent chez papa et maman à l’approche de la trentaine. Parce que l’époque est dure, parce que c’est la crise, parce que dans le fond on a envie de se sentir protégé, choyé, qu’on nous fasse à manger, qu’on nous repasse nos affaires. Hatem, si tu reviens, Jean-Michel oublie tout. Tu seras le grand frère de tous ces gamins sortis du centre. Un grand frère qui a fait quelques conneries, mais qui en est conscient. Et puis avec le temps, on oublie les mauvais moments et on retient juste les bons.
==> T’envoyer Karine Grandval pour régler tes problèmes de couple avec Pardew
Karine Grandval est autant thérapeute que toi sportif. Toi, tu es un artiste, Hatem. Toujours est-il que psy ou pas, celle qui se fait appeler @chabichette sur Twitter règle des litiges de couple dans Confessions intimes. En général, ça se passe dans le Sud-Est ou dans le Nord, mais pour Alan et toi, on lui payera l’avion. Il paraît qu’Alan te reproche notamment ta légère surcharge pondérale. « Est-ce un drame d’aimer saucer ses plats ? » , lui dira Karine. Et elle aura raison. Surtout que si Alan a voulu se mettre en couple avec toi, ce n’est pas pour ta plastique de rêve. C’est parce que malgré ce ventre naissant, tu es un bon coup. « Vous vous êtes désirés tous les deux » , vous dira Chabichette. « Il faut juste retrouver la flamme » et « éviter la nostalgie et la routine » . Au fond, elle te dira de faire ce que tu sais faire : dégainer un coup de génie pour te refaire une place au chaud dans son cœur. De toute façon, c’est ça que tu fais avec tout le monde, non ?
==> T’envoyer en exil dans un championnat à ta mesure
On ne va pas se mentir, Hatem, ta cote n’est pas au plus haut en Europe. Pour situer, elle est au niveau de l’access prime time de France 2. À un moment donné, il faut savoir reconnaître sa défaite. On peut appeler ça déserter ou fuir le combat. Alors pourquoi ne pas partir ? Mais loin, très loin. Tu es plutôt États-Unis ou Australie ? Tu sais que c’est tendance, l’Australie, regarde Del Piero (et Gallas aussi, c’est vrai). Le Japon ? Non, trop années 90. La Chine ? On va peut-être attendre un peu. Sinon, il reste le Qatar. Pas très original, on te l’accorde. L’Inde ? On va peut-être attendre la trentaine avant d’envisager la solution du foot-loisir.
==> Te renvoyer à M. Dussault
Le premier combat de ta vie, tu l’as gagné. Exilé derrière une vitre aussi peu épaisse que toi, tu as causé la première blessure d’Abou Diaby. Même si à l’époque, il t’aurait certainement cassé la gueule sans l’intervention de tes camarades. Sans celle du légendaire M. Dussault, tu aurais certainement passé ton adolescence à enrhumer les grands de ta cité au city stade et à faire des ravages sous la tunique jaune et bleu de Montrouge. Alors quand il regarde dans le rétro, Dussault, il a les boules. Il a envie de te tirer les oreilles comme à l’époque où tu portais le jogging Lacoste et le duvet d’ado. Et M. Dussault, mieux vaut ne pas le contrarier. Alors on va te renvoyer à lui. En 2012, il a déclaré que tu « n’utilisais que 75% de tes possibilités » . Ce qui vous laisse un nouveau bout de chemin à faire tous les deux, à Clairefontaine, dans ton jardin ou ailleurs. Oui, tu as de la chance, Hatem. Contrairement à Abou, tu peux encore courir. Encore faut-il que tu en aies envie.
==> Continuer à croire en toi malgré tout
Oublie tout ce qu’on vient de se dire. Tu n’as que 27 ans, bordel ! On a envie de croire en toi. Parce que tu es une des dernières causes esthétiques qui méritent encore d’être défendues, parce que tu es attachant, parce qu’on est trop cons… On ne sait pas trop quoi te conseiller. Rester à Newcaslte, accepter un prêt à la Roma, revenir en France. On a juste envie de te dire de prendre ton destin en main, de grandir un peu dans ta tête, d’oublier le grand joueur que tu aurais pu et dû devenir. Vis ta vie, bordel, et donne-nous encore du plaisir.
par Swann Borsellino et Alexandre Pedro