ACTU MERCATO
Mais qu’est-ce que tu fous KP Boateng ?
Le meilleur des deux demi-frères Boateng poursuit sa carrière façon Xavier Gravelaine à l'international. Viré de Schalke, indolent à Milan, le Ghanéen va désormais jouer sous les couleurs plus anonymes de Las Palmas. Y a de l'espoir pour Kevin-Prince Boateng ou il est vraiment cuitas des bananas ?
Kevin-Prince Boateng enchaîne les CDD non-renouvelables à très courte durée, des contrats précaires avec un employeur qui s’assure de pouvoir se débarrasser de lui au plus vite si l’affaire tourne mal. C’est peu dire que sa réputation le précède et lui fait du tort. Libre depuis la fin de la saison passée, personne en Europe n’a semblé vouloir tenter l’aventure avec le milieu offensif ghanéen… Sauf Las Palmas, en limitant les risques. Pour sa nouvelle aventure, Kevin-Prince Boateng doit se contenter d’une petite année de contrat… avec un an de bonus en fonction du nombre de matchs joués et de son comportement. Dès son arrivée, la pression est mise sur son professionnalisme. Car en dehors, sur le plan sportif, Boateng a des arguments pour postuler un contrat de plus longue durée. Il n’a que 29 ans et quelques belles années de football devant lui normalement. Seulement voilà : alors que son frère s’affirme dans la solidité, lui, le grand demi-frère, s’avère de plus en plus fragile et instable. Y a-t-il vraiment un petit espoir de sauver Boa ?
« Schalke ?????????? »
Le tournant de la carrière de Boateng se déroule sur quelques jours d’une fin de mercato estival, lorsqu’il choisit de quitter Milan où il a pourtant connu de belles années et un titre de champion d’Italie. Face au PSV, Boateng claque une belle frappe soudaine des 30 mètres pour qualifier les Italiens en phase de poules de la Ligue des champions. On est le 28 août.
Kevin-Prince part aussi vite à Schalke 04. Un retour au pays souhaité par le natif de Berlin, qui supporte mal le racisme ambiant en Italie, mais qui ne se fait pas sans contradiction. Il va finalement jouer la C1 avec un autre club et surtout, lui, l’ancien de Dortmund, passe chez les Königsblauen. À l’époque, Jürgen Klopp se fend d’un petit texto un peu moqueur auprès de son ancien joueur. « Schalke ??????? » Sous-entendu « Vraiment ? Tu veux quitter Milan où tu te débrouilles pas mal pour aller chez mon concurrent régional ? Après avoir porté les couleurs du BvB ? » Boateng semble apprécier en effet la Ruhr et tant pis s’il faut porter un autre maillot, car il porte aussi un temps quelques espoirs pour Schalke avec de bonnes premières rencontres et une nouvelle qualif en C1. Mais l’aventure tourne court quand Schalke accumule les contre-perfs la saison suivante. Boateng est particulièrement dans le viseur à cause de bêtises extra-sportives qui durent depuis un moment, du type fumette en attendant un contrôle anti-dopage après un match à Leverkusen.
Handy, Zigarette, Bier: Kevin-Prince Boateng nach dem Spiel in Leverkusen bei der Dopingprobe http://t.co/xucvWqTsNs pic.twitter.com/laFQmcCWRC
— BILD (@BILD) February 25, 2014
Le point de non-retour est atteint à la fin de la saison 2014/2015, lorsque Null Vier va perdre 2-0 à Cologne en livrant une prestation indigne. Ni une, ni deux : Held craque et déclare Boateng suspendu et libre de partir dès que possible.
Galactique des Canaries
Après un petit passage éclair et discret pour Milan pendant six mois début 2016, Boateng est attendu donc à Las Palmas, avec l’étiquette du « joueur étranger le plus important de ces dix dernières années » de la part du président du club espagnol, comme un « galactique » des Canaries. Mais côté média, notamment en Allemagne, on est beaucoup plus sceptique sur ce transfert dans un « no-name-club » , dixit l’Express.de, pour un joueur aussi bourré de talent. Le choix de carrière n’est pas convaincant. Dans une interview pour n-tv, à la sortie de son autobiographie, Boateng se disait pourtant confiant sur son talent – et conscient de son relatif gâchis. « Clairement, je n’ai pas encore exploité l’étendue de mon talent. Cela paraît bien sûr arrogant.[…]Mais j’étais négligeant et fainéant. Si je m’étais investi et concentré à 100 %, comme je le fais aujourd’hui, j’aurais eu la chance de jouer dans une grosse équipe. » Soit un Real, un Barça ou un Bayern. Au lieu de quoi il va jouer la prochaine saison avec un objectif maintien en Liga. Les qualifs en C1 sont loin… Mais pour Boateng, ce n’est pas un mal. Il précisait déjà à l’époque pour n-tv qu’il considérait « malgré tout [avoir] fait une super carrière » . Maintenant, l’ambition n’est plus le maître-mot et c’était peut-être ce qu’il lui fallait. Car chez les Boateng, il ne fait pas bon être le meilleur. Du temps de Wedding et du terrain en béton des débuts, George était officiellement le plus fort avec la balle de la fratrie. Il traîne maintenant dans le milieu du gangsta-rap allemand plutôt que sur le gazon. Au fond du trou, KP Boateng est aujourd’hui moins attendu que Jérôme. Il va peut-être enfin apprendre à travailler et à devenir réellement fort, comme son petit frère. Il est encore temps.
Par Côme Tessier