- France
- Ligue 1
- 9e journée
- Réflexions autour de l'arbitrage
Mais qu’est-ce que c’est que ces règles ?
Un penalty raté pour Ryad Boudebouz, un match arrêté à cause de la pluie à rejouer dans son intégralité, une faute litigieuse sur Zlatan Ibrahimović : ce week-end de Ligue 1 a mis les nerfs des joueurs et des supporters à rude épreuve. Pourtant, les lois du jeu sont intraitables. Dura lex, sed lex.
Le penalty de Ryad Boudebouz
Que s’est-il passé ?
Ce vendredi, alors que le LOSC de Sofiane Boufal mène tranquillement contre un Montpellier au plus bas (2-0), Corchia pousse Cornette dans sa surface de réparation. Sans hésiter, Saïd Enjimi désigne le point de penalty. Confiant, puisqu’il n’a jamais loupé un coup de pied de réparation en Ligue 1, Ryad Boudebouz se saisit du ballon et s’élance. Dommage pour lui, c’est Mike Maignan qui est dans les cages. Et le jeune gardien n’a alors concédé aucun penalty. Marabouté, Boudebouz envoie une minasse sur le poteau. Le cuir lui revient dans les pieds, et le Montpelliérain marque. Mais son but est annulé puisqu’aucun joueur n’a retouché le ballon avant lui.
Qu’en disent les lois du jeu ?
Pour savoir si M. Enjimi a eu raison de refuser ce but à l’ex-monsieur 100%, il faut ouvrir le précieux grimoire des lois du jeu et lire la loi 14, qui traite de la question des coups de pied de réparation (c’est comme ça qu’on appelle les penaltys entre arbitres). Dans l’alinéa 3, ayant trait à l’exécution d’un penalty, la règle est on ne peut plus claire : « Le tireur de coup de pied de réparation botte le ballon en direction du but ; il ne doit pas jouer le ballon une seconde fois avant que celui-ci n’ait été touché par un autre joueur, même si le ballon touche la transversale ou un poteau ; le ballon est en jeu dès qu’il est botté et a bougé en direction du but adverse. » La raison, elle, est toute simple : un joueur ne peut pas toucher deux fois le ballon sur un coup de pied arrêté. Or, le poteau est considéré comme un élément neutre.
L’avis d’Éric Castellani, ex-président du Syndicat des arbitres du football d’élite
« L’arbitre a sifflé un coup franc indirect parce que le joueur qui a tiré ne peut pas retoucher le ballon avant qu’un autre joueur l’ait fait. C’est pareil pour tous les coups de pied arrêtés. Je ne peux pas vraiment vous donner la logique qui a motivé l’International Board à établir cette règle, mais il y a au moins un souci d’unité qui a été respecté. Par exemple, si un six-mètres revient sur un gardien à cause d’un vent violent et que le gardien retouche le ballon, il y aura également faute. Après c’est vrai que dans le cas du penalty, on pénalise plus l’équipe qui tire le penalty que celle qui fait faute dans un premier temps. »
Le match Nice-Nantes
Que s’est-il passé ?
L’arrêt du match entre Nice et Nantes n’est évidemment pas la conséquence la plus dramatique des intempéries qui ont secoué le Sud-Est de la France ce week-end. Néanmoins, sur le plan sportif, ce report du match de la 9e journée interroge. En effet, la rencontre interrompue définitivement juste après la mi-temps, devra être rejouée, mais dans son intégralité et avec un tableau d’affichage remis à zéro. Une décision qui affecte peu Nice et Nantes, à 2 buts partout avant la décision de l’arbitre, mais qui, dans le cas d’un autre score, aurait pu porter préjudice à l’équipe menant au score. Imaginez donc que Nice ait mené 3-0, avant d’apprendre que l’interruption et le report du match remettait les compteurs à zéro ? Au final, pas de dommages, si ce n’est un désordre supplémentaire dans le calendrier. Mais la règle mérite sans aucun doute d’être discutée. Double buteur pour rien, Valère Germain ne dira pas le contraire.
Qu’en disent les lois du jeu ?
Si Valère Germain veut comprendre pourquoi son premier doublé en Ligue 1 a finalement compté pour du beurre, il doit aller lire l’article 546 du règlement de la Ligue de football professionnel qui traite des « conditions de report d’un match remis ou arrêté pour intempéries » . Encore une fois, la règle ne laisse que très peu de place au doute. « Si l’arrêt définitif d’une rencontre a lieu après la mi-temps, celle-ci est rejouée à une date que fixe la Commission des compétitions (les conditions de frais de déplacement de l’équipe visiteuse et des officiels font l’objet d’une décision de la Ligue de football professionnel). »
L’avis d’Éric Castellani
« Je pense qu’il a bien fait d’arrêter le match, d’autant plus que les deux équipes étaient sur un pied d’égalité. Mais même, imaginons qu’il y a 6 à 0, qu’il n’arrête pas le match et qu’il y a un mort, on l’accusera de ne pas avoir arrêté le match. Tout est question de bon sens : si le terrain présente quelques irrégularités, mais que les deux équipes sont sur un pied d’égalité, on pourrait se poser la question. Mais là, la question ne se posait même pas. En revanche, moi, ça me semblerait plus logique de reprendre le match là où on l’a laissé, avec le score tel qu’il est. Comme au tennis, en fait. »
La faute de Mandanda sur Zlatan
Que s’est-il passé ?
Certes, le débat n’aurait pas lieu d’être si Michy Batshuayi n’avait pas eu la superbe idée d’adresser cette passe en retrait digne d’une DH pour éviter une touche anodine. Il n’empêche que grâce au Belge et sa déconnexion cérébrale momentanée, une question est désormais mise en lumière : faut-il siffler penalty lorsqu’un attaquant, pour lequel le ballon semblait perdu, subit un contact ? En effet, sur les images, il semble bien que le cuir a dépassé le Suédois lorsque Mandanda vient le percuter. Certes, le pied du portier marseillais est lancé en avant, le choc évident. Mais doit-on sanctionner l’OM et siffler penalty, alors même que l’action de but semblait anéantie précédemment ? Une question qui fait également écho à cette situation connue de tous, où un attaquant qui a poussé son ballon trop loin se fait attraper les jambes par un gardien. Et sur laquelle les supporters marseillais peuvent attendre des explications.
Qu’en disent les lois du jeu ?
Les penaltys, ou coups de pied de réparation, qui font partie des coups de sifflet les plus compliqués à donner pour les arbitres, sont régis par la loi 12 des lois du jeux approuvés par la Direction technique de l’arbitrage. Pourtant, la règle ne laisse a priori que peu de place au doute. « Un coup de pied de réparation (penalty) est accordé quand l’une de ces dix fautes est commise par un joueur dans sa propre surface de réparation, quel que soit l’endroit où se trouve le ballon à ce moment-là, pourvu qu’il soit en jeu. » La liste des fautes en question, la voici : « Donner ou essayer de donner un coup de pied à l’adversaire, faire ou essayer de faire un croche-pied à l’adversaire, sauter sur un adversaire, charger un adversaire, frapper ou essayer de frapper un adversaire, bousculer un adversaire, tacler un adversaire, tenir un adversaire, cracher sur un adversaire, toucher délibérément le ballon de la main (excepté le gardien de but dans sa propre surface de réparation). »
L’avis d’Éric Castellani
« Sur cette action, l’arbitre a été gentil, il aurait même pu mettre un rouge. C’est violent, le gardien vient en pleine course… Pour moi, c’est un jaune orangé, voilà. Le ballon sur cette action importe peu, qu’il soit à proximité de l’attaquant ou pas. Là où c’est difficile avec cette règle, c’est de savoir si c’est l’attaquant qui vient percuter le gardien ou l’inverse. Là, Zlatan joue l’action sans voir le gardien, il ne joue pas la faute. C’est complètement différent de ce que font souvent des attaquants comme Lacazette qui, une fois le ballon perdu, viennent volontairement mettre les pieds dans les mains du gardien. Ce sont ces situations-là les plus difficiles. À part ça, la règle est simple : si je suis dans mon camp avec le ballon, mais que mon attaquant prend un coup de poing dans la surface adverse, il doit y avoir penalty. »
Par Gabriel Cnudde et Raphaël Gaftarnik