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Mais que vaut vraiment ce mercato de Chelsea ?
Cet été, Chelsea a dépensé sans compter, comme si tous les jours avaient été le Black Friday. Visiblement en manque après des mercatos de privation, Roman Abramovitch a fait proprement chauffer la carte bleue pour recruter rien de moins qu'une demi-équipe composée de Havertz, Werner, Chilwell, Ziyech, Malang Sarr et Thiago Silva. Mais que vaut vraiment le mercato des Blues ?
Cet été, un vent de nostalgie s’est emparé de Londres. Au moins de Chelsea, dont les transferts de l’été ont rappelé un passé qui semblait si lointain après deux mercatos écoulés sans dépenser un penny. Tandis que la quasi-totalité des clubs européens comptait ses sous, les Blues ont flambé à tout-va, et Abramovitch a fait chauffer la carte bleue : 80 millions par-ci, 50 millions par-là, et ainsi de suite jusqu’à faire grimper la note à 225 millions d’euros (et ce n’est pas fini). Le tout pour s’acheter les services d’une demi-équipe avec Kai Havertz, Timo Werner, Ben Chilwell, Hakim Ziyech, Malang Sarr et Thiago Silva, en attendant peut-être Édouard Mendy en provenance du Stade rennais. Bref, Chelsea s’est donné les moyens de ses ambitions : mais derrière la hype clinquante et les enflammades de circonstance, que vaut vraiment le mercato de Chelsea ?
Contrevenir à la Convention de Genève
En apparence, bien sûr, ces remaniements d’intersaison sont hyper sexy. En tout cas, à la hauteur des moyens mis à la disposition de Frank Lampard et des ambitions de Roman Abramovitch. C’est bien simple : Chelsea a renouvelé environ la moitié de son onze de départ, démultiplié les possibilités tactiques de son entraîneur et élevé a priori sensiblement son potentiel. Ainsi, la ligne d’attaque est devenue sur le papier l’une des plus dangereuses du Royaume : avec Havertz, Werner et Ziyech, les Londoniens se sont dotés d’une force de frappe flippante, qui se moque éperdument de la Convention de Genève. Mieux, l’alchimie semble avoir pris pour Werner et Ziyech, tous deux particulièrement performants lors des matchs de préparation.
Dans le même temps, Chelsea a remédié à ses points faibles, notamment son arrière-garde, qui a encaissé 54 buts la saison dernière, soit trop pour prétendre au titre. L’arrivée de Chilwell permet de renforcer le couloir gauche, qui n’a pas donné satisfaction ces dernières saisons, ni avec Emerson, ni avec Marcos Alonso. Quant à Thiago Silva, il pourrait apporter de la sérénité à une charnière souvent prise à défaut la saison dernière : malgré ses 36 balais, l’ancien capitaine du PSG reste un défenseur remarquable, sûr dans le placement et efficace dans les interventions. Avec Malang Sarr, Chelsea a enfin fait un pari sur l’avenir en s’offrant un joueur prometteur, même s’il devrait être prêté dans un premier temps. Bref, les Blues ont rempli tous leurs objectifs, en attendant le recrutement d’un nouveau gardien qui devrait, selon toute vraisemblance, être Édouard Mendy. Que ce soit dit clairement : Chelsea est peut-être le seul vrai gagnant de l’été.
La théorie du chaos
Reste à savoir comment Frank Lampard va gérer les rotations, car son équipe est désormais bourrée de talents. Bien des joueurs utilisés l’année dernière devraient voir leur temps de jeu diminuer, notamment Tammy Abraham, Mason Mount, voire Fikayo Tomori et Callum Hudson-Odoi. Ces changements indiquent d’ailleurs (déjà) une inflexion dans la politique du club : Lampard avait été recruté pour amorcer un nouveau cycle, pour rassembler à nouveau les supporters et pour insuffler un renouveau en faisant confiance à des jeunes. Sous l’impulsion de Marina Granovskaia, directrice sportive du club et nouvel élément fort du board londonien, Chelsea est revenu aux bonnes vieilles méthodes, restaurées à coups de millions sur le marché des transferts. Mais il n’est pas certain que le vestiaire londonien s’en accommode aussi bien que le public.
Surtout, Lampard sait désormais qu’il n’a plus le droit à l’erreur. Autrement dit, la pression est désormais plus que palpable sur les épaules de l’ancien capitaine des Blues. L’objectif est clair et impérieux : il s’agit de réduire l’écart abyssal avec Manchester City et Liverpool, mais surtout, faire mieux, même beaucoup mieux, que la quatrième place obtenue la saison passée. Tout autre résultat serait probablement perçu par Abramovich comme un échec au regard des investissements consentis, et le Russe ne se formaliserait pas d’un renvoi de son coach, quand bien même celui-ci est une légende absolue. Sur le papier, Chelsea se présente avec beaucoup plus de certitudes que l’année dernière, et sa nouvelle armada semble en mesure d’atteindre les objectifs fixés… si du moins, la mayonnaise prend. Si non, il se pourrait bien que Chelsea s’engouffre à nouveau dans une période de turbulences, au moment même où tout laissait à croire que les bases étaient enfin solides. Ceci dit, le chaos est l’essence des Blues, peut-être même le moteur de leurs succès passés. Alors, on tente ?
Par Valentin Lutz