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Mais que va faire Pippo Inzaghi ?
C'était dans l'air depuis un long moment, c'est désormais officiel : Filippo Inzaghi a été licencié, ce mardi matin, par le Milan AC. Un choix qui ne surprend personne, tant SuperPippo a déçu pour sa première saison d'entraîneur au plus haut niveau. Une expérience infructueuse dont il devra tirer les enseignements pour rebondir.
C’en est fini ! Il aura au moins eu le mérite d’aller jusqu’au bout de la saison, mais comme attendu depuis des mois, Filippo Inzaghi a bien été remercié par le Milan AC. Un couperet tombé officiellement ce mardi, pour laisser place à Siniša Mihajlović, intronisé dans la foulée. Comme Clarence Seedorf, il y a pile un an, SuperPippo n’a pas non plus trouvé d’accord à l’amiable avec les Rossoneri. Refusant logiquement de faire des cadeaux à un Milan qui a géré la situation de manière assez ingrate, en négociant l’arrivée d’un autre entraîneur avant même de lui avoir communiqué la sortie. Inzaghi touchera ainsi son salaire (1,5 million d’euros annuels brut) jusqu’à la fin de son contrat qui court jusqu’à juin 2016, là aussi comme Seedorf (5 millions annuels brut). Pas franchement sain pour les finances du Diavolo qui devra donc s’acquitter, la saison prochaine, des émoluments de trois entraîneurs.
Une marche trop haute pour un novice
Même s’il n’a jamais cessé de répéter sa conviction de pouvoir réussir, Inzaghi se savait toutefois en danger. La faute à des résultats tout aussi médiocres que le jeu proposé par sa formation. Le verdict final est d’ailleurs révélateur avec seulement 52 points au compteur (13 victoires, 13 nuls, 12 défaites) et une triste dixième place, trois petits points devant le promu palermitain ou encore Sassuolo. Un bilan encore davantage assombri par une piteuse élimination en quarts de finale d’une Coupe d’Italie annoncée comme un objectif prioritaire en l’absence de Coupe d’Europe à disputer. Malgré deux années sur le banc des Allievi Nazionali (U16), et de la Primavera (U19), Inzaghi s’est rapidement montré trop inexpérimenté. Motivé mais trop maladroit, tel un jeune homme avec une compagne bien plus émérite. Certes les torts sont partagés aussi bien avec les joueurs qu’avec les dirigeants, mais SuperPippo a semblé totalement dépassé par les événements. Presque déconnecté, hors-jeu. Logique, pour lui.
Apprendre de ses échecs
L’occasion aussi de rappeler qu’un grand joueur ne fait pas (forcément) un grand entraîneur. Inzaghi n’est d’ailleurs pas le seul Milanais à en faire l'(amère) expérience. Gennaro Gattuso, par exemple, n’a tenu que quelques matchs sur les bancs de Sion, puis de Palerme avant de se heurter aux difficultés financières de l’OFI Crête. Des aventures qui se sont donc terminées en eau de boudin, mais qui restent formatrices, de l’avis même du Ringhio. En somme, c’est en forgeant qu’on devient forgeron, la réussite immédiate de Pep Guardiola s’imposant comme l’exception qui confirme la règle. Inzaghi en a d’ailleurs fait l’écho lors de sa dernière conférence de presse en soulignant l’importance de cette saison pour sa progression personnelle. Lui reste désormais à se mettre à l’épreuve (en Serie B ?), probablement après une année « sabbatique » jusqu’à la fin de son contrat avec le Milan. Aussi, si le plan de jeu de SuperPippo a été largement insatisfaisant, cette saison, il s’est, en revanche, souvent révélé efficace en contre-attaque. Une philosophie de jeu plus commune aux formations de moindre standing, au sein desquelles il pourrait rebondir.
La chimère du « Milan ai milanisti »
Les tifosi lombards préféreront, eux, se souvenir de l’immense attaquant plutôt que de l’entraîneur. En toute logique, tant le second a souffert de la comparaison du premier. À ce titre, la Curva Sud s’est fendue d’un communiqué pour saluer l’immense carrière de SuperPippo à Milan, sans manquer d’égratigner les dirigeants lombards. « Nous connaissions un Milan qui honorait ses légendes. Aujourd’hui, nous voyons un Milan qui s’est servi de l’une des plus belles, seulement pour cacher ses torts » , a-t-on ainsi pu lire de la part du groupe de supporters. Force est effectivement de constater qu’après l’épisode Seedorf, le duo Berlusconi-Galliani n’a, à nouveau, pas fait de sentiment pour se séparer d’un Milanista. Symbolique d’un esprit Milan qui s’amenuise au fur et à mesure des années. De même que le choix de confier les rênes de l’équipe à l’ancien Laziale et Interista Mihajlović, après le refus de Carlo Ancelotti. Comme on dit, la fin justifie les moyens. Au détriment de l’image de famille autrefois véhiculée par le grand Milan.
Par Éric Marinelli