- 15 septembre
- Fête nationale au Costa Rica
Mais que sont devenus les Ticos ?
Ce lundi 15 septembre, c'est la fête nationale au Costa Rica. Une date célébrant l'indépendance du pays après trois siècles de colonisation espagnole. L'occasion de s'intéresser aux Ticos, véritable hype du Mondial brésilien avec le Chili ou encore le Mexique. Mais au fait, que sont devenus les quart-de-finalistes éliminés par Tim Krul et le coup de folie de Van Gaal ?
Coupe du monde 2014. Il y a un peu moins de trois mois. Une équipe inattendue crée la sensation dans celui que l’on présente comme « le groupe de la mort » : le Costa Rica. Les Ticos se permettent de sortir premiers de la poule en tapant proprement l’Uruguay 3-1, en anesthésiant la Nazionale italienne 1-0, puis en maîtrisant gentiment des Anglais déjà éliminés (0-0). Après un huitième au finish intense, finalement remporté aux tirs au but contre les Grecs, Keylor Navas et ses potes tombent à leur tour aux pénos, en héros malheureux face aux Pays-Bas. L’aventure du collectif costaricien s’arrête là, stoppée net par le coup de folie de Van Gaal et les parades de Tim Krul.
Dommage pour les Centre-Américains, car le bloc cohérent monté par leur sélectionneur colombien Jorge Luis Pinto avait su faire passer au second plan des capacités individuelles loin d’être géniales, à l’exception de Keylor Navas, Bryan Ruiz ou Joël Campbell. Leur force principale ? La confiance, qui leur a permis de se surpasser, et de se hisser au niveau de nations bien plus fortes sur le papier. Une confiance qui leur a permis de se retrouver à un tir au but d’une demi-finale de Coupe du monde. Une vraie folie.
Pinto est parti
Oui mais voilà. Depuis cet été, le guide Pinto n’est plus là. En effet, le 25 juillet, le Colombien de 61 ans annonce sa démission. Un véritable psychodrame au Costa Rica, où il est considéré comme un héros. Malgré un bon parcours, à la fin du Mondial, les langues se sont déliées. En effet, la Fédération costaricienne reprochait à Pinto « un management trop exigeant et un fonctionnement trop autoritaire » . Des joueurs s’en seraient même plaints. Un comble, après avoir atteint les quarts d’un Mondial.
De l’autre, Jorge Luis Pinto a accusé son propre staff de lui avoir mis des bâtons dans les roues. Dans son viseur, Paulo Wanchope, qui aurait tout fait pour lui prendre sa place. Désormais, c’est d’ailleurs ce dernier, ancien buteur des Ticos (45 buts en 73 sélections) qui, à 38 ans, dirige l’équipe. Avec un changement notable : fini le 3-5-2, place désormais au 4-2-3-1. Les Costariciens ont pu expérimenter ce nouveau système lors de ces quinze derniers jours au cours de la Copa Centroamericana. Une compétition qu’ils ont remporté ce samedi, face au Guatemala, 2-1. Des buts de Bryan Ruiz et Juan Bustos. Des noms qui sentent bon l’été 2014.
Une belle vitrine
D’un point de vue individuel, pour les joueurs, sur un CV, un quart de finale de Coupe du monde, ça passe tout de suite mieux pour trouver un nouveau club. Du coup, pas besoin de long discours, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Sur le onze de départ qui a battu l’Uruguay lors du premier match, huit ont changé de club. Globalement, l’expérience brésilienne a donc été une belle vitrine, voire même un tremplin. À commencer par Keylor Navas, sans doute le Costaricien à avoir obtenu la meilleure promotion en signant au Real Madrid cet été. Le portier n’était cependant pas un inconnu de l’autre côté des Pyrénées puisqu’il évoluait depuis deux ans à Levante. Son arrivée a d’ailleurs provoqué du remue-ménage à la Maison Blanche puisque Diego López s’en est allé du côté du Milan AC. En Serie A, l’ancien Madrilène croisera d’ailleurs la route d’un autre Costaricien : le défenseur central Giancarlo González qui s’est engagé avec Palerme. En quittant la franchise MLS de Colombus Crew pour 5 millions d’euros, il est d’ailleurs devenu le transfert le plus cher pour un défenseur aux States. Son compère de la défense à trois, Óscar Duarte, est lui resté dans son club du FC Bruges, tout comme Borges à Solna en Suède ou Júnior Díaz à Mayence.
Belle promotion, en revanche, pour Christian Gamboa, séduisant durant le Mondial à droite de la défense à cinq de Pinto. Titulaire à Rosenborg la saison dernière, le latéral a signé en Premier League à West Bromwich pour 2 millions d’euros. Un tremplin pour ce joueur de 24 ans pour pourquoi pas rejoindre par la suite un plus gros club anglais. En Angleterre, il croisera le fer avec son compatriote Joël Campbell, dynamiteur de l’équipe. L’avant-centre aura peut-être enfin sa chance cette année chez les Gunners. Arrivé en 2011, il a successivement été prêté à Lorient, au Betis Séville, puis à l’Olympiakos où il a inscrit 11 buts la saison dernière. Avec la blessure de Giroud et malgré l’arrivée de Welbeck, le Tico veut prouver : « Je sens que je peux avoir ma carte à jouer grâce à ma vitesse et mes dribbles. Je suis capable aussi d’évoluer sur les ailes » , assure-t-il dans le London Evening Standard. Pour l’heure, Campbell n’a joué que 16 minutes avec les Gunners en Premier League. Pas gagné.
Un Costaricien en L1
S’ils seront deux en Premier League, ils seront également deux à l’étage en dessous, en Championship. À commencer par Bryan Ruiz, l’une des stars de la sélection, de retour à Fulham après un an en prêt au PSV Eindhoven (14 matchs, 5 buts). L’élégant numéro 10 aurait aimé quitter les Cottagers… Hélas, son trop gros salaire l’a privé d’un départ. Ruiz toucherait plus de 50 000 € par semaine à Fulham et devra patienter au moins jusqu’au mercato d’hiver avant de s’en aller. Du côté de Blackpool, on a fait traverser l’Atlantique à José Miguel Cubero, un milieu de terrain qui jouait au CS Herediano, l’un des plus gros clubs costariciens, champion en 2012 et 2013. Le milieu de terrain Christian Bolaños fait quant à lui le chemin inverse, en quittant Copenhague et en rejoignant le CS Cartaginés, sixième du dernier championnat du Costa Rica. Curieux.
Comme le transfert de Michael Umaña, qui a quitté cet été le Deportivo Saprissa, l’un des gros clubs costariciens pour rejoindre… Persepolis, deuxième du dernier championnat iranien. Improbable. Mais comme l’Iran, la Ligue 1 a aussi droit à sa part de hype costaricienne. L’ETG de Pascal Dupraz s’est en effet offert le milieu de terrain Yeltsine Tejeda en provenance du Deportivo Saprissa. Auteur d’une bonne Coupe du monde, celui qui se définit comme « un joueur dur sur l’homme, mais jamais mal intentionné » pourrait taper dans l’œil d’un plus gros club. Reste à voir également comment ses compatriotes et lui peuvent s’en sortir dans un contexte totalement différent que celui du Mondial. Le plus dur commence peut-être maintenant, pour ces Ticos devenus héros au Brésil.
Par Antoine Beneytou