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Mais que fout Malaga au Venezuela ?
Malaga a surpris en annonçant qu’il se rendrait au Venezuela pour sa tournée lucrative de pré-saison. Qu’est-ce qui peut bien lier le club des Qataris et le pays d’Hugo Chavez ? Perdu, le pétrole n’a rien à voir là-dedans.
Les tournées marketing en Chine ou aux États-Unis, on connaissait. Depuis quelques années, les clubs les plus puissants d’Angleterre, d’Espagne et d’Italie ont pris l’habitude d’aller exposer leurs stars sur les marchés asiatiques et nord-américains nouvellement férus de foot et disposés à offrir quelques millions pour voir Cristiano Ronaldo et consorts trottiner sur leur sol. Les promoteurs d’événements chinois payent même à leurs super-consommateurs de produits dérivés les Supercoupes d’Espagne et d’Italie à domicile, désormais. La France fait de même avec le Trophée des champions, lui aussi vendu au Canada, au Maghreb et aux États-Unis cet été. La Liga, elle, s’est mis à décaler ses matchs à midi. Peut-être bien que d’ici quelques années, moyennant un ou deux kilos de yuans, le Barça fera entrer le fils d’un businessman chinois pour le dernier quart d’heure. Histoire de voir Messi comme jamais. À moins que le Bernabéu ne soit délocalisé à Shanghai. Bref, les États-Unis et surtout la Chine ont la cote chez les cadors européens, prêts à tout pour exploiter sans limite ces immenses champs d’oseille qui se proposent à eux.
Rondon superstar… sur le départ
À Malaga, la Chine, on s’en fout. À moins que ce soit l’inverse. Le club a en tout cas décidé d’aller faire sa tournée promotionnelle au… Venezuela. Ce pays fana de baseball. Le pays le moins footeux d’Amérique du Sud. Le seul de la région à n’avoir jamais goûté à la Coupe du monde. Malaga y affrontera le Deportivo Táchira le 26 juillet prochain, puis le Caracas FC le 29. « Les deux clubs les plus importants du pays, le match entre les deux étant le grand clasico du football vénézuélien » , tente de convaincre le communiqué du club. Sérieusement, pourquoi le Venezuela ? « Notre club suscite désormais de l’intérêt partout dans le monde et cette tournée répond à l’intérêt qu’a montré la communauté vénézuélienne pour le Malaga Football Club » , nous baratine le club. Pellegrini s’ose à plus de précision. « C’est important pour le club d’aller jouer sur d’autres continents pour se faire connaître. Ce qu’est Rondon au Venezuela est une excellente opportunité pour se rendre là-bas » , assure-t-il. En effet, José Salomon Rondon est la star locale. Mais l’entraîneur chilien l’affirme lui-même, celui qui a envoyé Van Nistelrooy à la retraite est sur le départ, l’Angleterre et l’Allemagne le suivant de très près. Entre cette tournée et le coût de son transfert, l’attaquant vénézuélien risque d’être la plus-value de l’été à Malaga.
Opération lucrative, pas politique
Rondon restera donc suffisamment longtemps pour effectuer cette tournée chez lui. Organisé par Evenpro, qui avait déjà fait venir l’Espagne pour un million de dollars l’année dernière, le petit voyage de Malaga au Venezuela est une opération lucrative. Les stades vont être pleins, les diffuseurs nombreux et les sponsors bons payeurs. Opération lucrative, mais pas politique, malgré les apparences. Malaga, le Qatar, le Venezuela en pleine campagne présidentielle. Ça sent plus le pétrole que l’oseille. Et pourtant. « Il n’y a aucun lien avec la politique. Le patron d’Evenpro, Santiago Otero, est aussi actionnaire du Deportivo Petare, un club de première division locale. Il a tout intérêt à ce que le football et son marché se développent au Venezuela » , raconte Oscar Galvis, journaliste à Últimas Noticias, pas pro-chaviste pour un sou. Les premiers résultats de l’histoire de la sélection vénézuélienne en Copa America, quart-de-finaliste en 2007 puis demi-finaliste l’année dernière, et l’écho populaire que cela a suscité, semblent donner des idées à certains. Bien évidemment, Malaga aussi s’y retrouve, le chèque reçu pour la semaine ne faisant pas de mal à Al Thani, que l’on dit en difficulté financière (il a répondu en balançant sur Twitter une photo de son cheval qui, selon lui, coûterait plus cher que Cristiano Ronaldo), et qui n’a pas encore investi un euro cet été. Même au pays de l’anti-capitalisme, le foot business a sa place.
Léo Ruiz