- Foot et réseaux sociaux
Mais que font donc les footballeurs sur LinkedIn ?
À l’heure où le chômage ne cesse de croître, les joueurs de football n’hésitent plus à s’inscrire sur LinkedIn afin de maximiser leurs chances. Mais les propositions intéressantes ne sont pas légion...
« Distinguez-vous professionnellement. » Voici le message d’accueil lorsque l’on arrive sur LinkedIn, sorte de réseau social de la vie active. Les candidats recherchent des emplois, les entreprises en proposent. Plus surprenant, les footballeurs commencent à s’y mettre aussi. Certains, depuis plusieurs saisons déjà. C’est le cas de Felipe Saad, recruté il y a quelques jours par le FC Lorient. « Ça doit faire cinq ou six ans que je suis dessus » , précise-t-il alors que son profil est déjà à jour avec la photo des Merlus et que son compte affiche 439 relations de travail. Didier Digard, lui, n’a pas encore modifié son statut et est toujours « footballeur à Osasuna » sur son profil. Aujourd’hui sous contrat avec le Betis Séville, le milieu de terrain s’est inscrit sur le réseau un peu par hasard. « À chaque fois, je recevais dans mes mails une invitation d’un ami et un jour, je me suis inscrit sans savoir ce que c’était. Depuis, ça me sert juste à rendre service. » Il répond notamment à des associations ou à de jeunes journalistes qui se lancent dans le métier.
Un peu comme Facebook
L’ancien Parisien ne croit pas vraiment pouvoir y décrocher un nouveau contrat. « Je ne compte pas du tout sur ça, c’est super instable, précise-t-il. Ça me fait rire parfois parce que je vois des mecs qui se disent agent, et franchement, c’est la rigolade. Le mec veut un joueur qui met 50 buts par an, qui a moins de 25 ans, qui est international et qui a déjà joué la Ligue des champions, pour un club de D2 belge à 2500 euros par mois. » Le joueur formé au Havre « répond par respect » à ceux qui le contactent même s’il concède qu’ « il y a des choses irréelles parfois. Honnêtement, il arrive que je ne sache pas du tout quoi répondre. » Ce qu’il aime, c’est simplement regarder le fil d’actualités. Un peu comme sur Facebook. On fait défiler et on peut y voir les statuts de certains, les articles partagés par d’autres et les mentions « J’aime » de ses relations. Même si certains réussissent à trouver un joueur ou un club, les possibilités de décrocher un contrat sympathique ne courent pas les rues.
Utile pour la reconversion
« Cela fait un an que je suis inscrit et j’ai fait ça surtout dans un souci de reconversion, avoue Sébastien Pennachio, qui vient de boucler à 34 ans sa carrière, plutôt en réserve, au LOSC. Ça permet de changer de monde. Il y a beaucoup d’entreprises qui font appel à des sportifs. Moi, une entreprise comme Decathlon, j’aime bien. En m’inscrivant là-dessus, c’était pour m’ouvrir à un monde différent de celui du football. » Ce dernier l’a finalement rattrapé plus vite que prévu puisqu’il entraînera les U14 lillois à la rentrée. Sur LinkedIn, Felipe Saad est un peu dans la même optique, à savoir baliser sa fin de carrière. « J’aime bien voir les profils des joueurs de mon âge s’ils font des formations, s’ils ont arrêté pour être entraîneur ou manager. L’idée, c’est de garder ma page pour une utilisation plus correcte dans deux ou trois ans. »
Sébastien Ranc, intermédiaire bien implanté dans le milieu du foot, ne croit pas non plus à la belle histoire d’amour sur ce réseau social du travail : « Je reçois beaucoup de demandes de joueurs, je ne donne jamais suite. J’ai l’impression que les joueurs qui sont présents dessus sont un peu désespérés. De mon côté, je partage quelques transferts. En fait, un recruteur de City m’avait dit de m’y mettre et que mon réseau grandirait. C’est vrai que ces derniers temps, quand j’ai réalisé des deals intéressants (le gardien Hervé Koffi à Lille, cet été, ndlr), un club anglais m’a contacté en privé. Je publie les transferts que je fais, du moins les plus intéressants. Ça a de l’impact. Personnellement, ça devient un outil presque aussi important que WyScout. » D’autres agents contactés, qui préfèrent garder l’anonymat, sont inscrits afin d’y dégoter des contacts qu’ils ne peuvent pas trouver ailleurs.
Une proposition pour se faire naturaliser
En fait, ce sont surtout ceux qui gravitent autour des footeux qui peuvent réussir à gratter quelque chose. « J’ai été démarché par des chauffeurs privés, des agents, des préparateurs physiques et aussi des nutritionnistes » , concède Sébastien Pennachio, passé par Mouscron en D1 belge. Felipe Saad, lui, a déjà reçu une proposition venant de Chypre. Sans que cela n’aboutisse. Tout comme cette autre offre où on lui proposait de le naturaliser pour jouer avec une sélection d’un autre pays. Pas sûr, du coup, que ce soit sur LinkedIn que Mickaël Landreau ait été convaincu de le récupérer. Le nouvel entraîneur de Lorient possède pourtant bien un compte sur le réseau…
Par Tanguy Le Séviller
Tous propos recueillis par TLS
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