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Mais que devient Gonzalo Jara ?
Ce mardi soir, le Chili se déplace en Uruguay dans le cadre des éliminatoires pour la prochaine Coupe du monde 2018 en Russie. La dernière fois que les deux équipes se sont affrontées, c'était il y a quelques mois en quarts de finale de la Copa América. Ce soir-là, Gonzalo Jara avait titillé les fesses d'Edinson Cavani, pour provoquer son expulsion. Mais en fait, il devient quoi depuis, le défenseur chilien ?
Le mercredi 24 juin, le Chili affronte l’Uruguay en quarts de finale de sa Copa América. On joue la 64e minute, et Gonzalo Jara s’improvise proctologue sans demander l’autorisation à Edinson Cavani. Le défenseur chilien, au marquage de l’attaquant du PSG depuis le début du match, insère son doigt dans le cul-cul de Cavani, à fleur de peau depuis l’incarcération de son père quelques jours plus tôt. L’Uruguayen parvient à garder son calme et se contente de le repousser. Jara s’écroule et simule un coup pris au visage. L’arbitre se laisse abuser et sort un deuxième carton jaune à l’encontre de Cavani. Expulsion. Vingt minutes plus tard, Mauricio Isla délivre tout le stade en inscrivant le but de la qualification. Quelques jours plus tard, le Chili remporte la Copa América, sans Jara, exclu du tournoi.
La Roja, une bulle d’oxygène
Rapidement, le geste un peu fou de Jara, suivi de sa simulation grotesque, fait le tour du monde. Et tout le monde a l’air d’accord : Gonzalo est un enfoiré, mais un enfoiré marrant. Le lendemain, l’Uruguay porte réclamation auprès de la CONMEBOL. Jara est suspendu pour trois matchs. Même si la peine est finalement réduite à deux rencontres, la Copa est finie pour lui. Jusque-là, rien de trop illogique. Sauf qu’à 12 000 kilomètres de là, le club de Mayence n’est pas du tout content de l’image renvoyée par son joueur. « Il sait que si une offre arrive, il peut partir. Ce n’est pas quelque chose que nous tolérons. Ce n’est pas tellement son premier geste qui me met en colère, mais ce qui vient après. Je déteste les simulateurs plus que tout » , avait expliqué le directeur sportif Christian Heidel. Une aubaine pour l’Olympique de Marseille, le joueur étant sur les tablettes de Marcelo Bielsa depuis un an. Mais finalement, la piste est abandonnée sans trop savoir pourquoi. Finalement, Jara ne quitte pas la Bundesliga. Mais tout reste à faire pour regagner la confiance du coach. Pendant deux mois et sept matchs, le défenseur polyvalent ne jouent pas une seule minute.
Jara doit attendre de revenir avec la sélection pour retrouver les terrains. Plus de trois mois après l’incident Cavani, Gonzalo foule une pelouse pour la première fois, contre le Paraguay, le 5 septembre (victoire 3-2). Un soulagement. « Je suis heureux. Je tenais à rejouer après ce qu’il était passé à la Copa América. Je l’ai toujours dit. Venir en sélection, jouer. C’est important comme je ne joue pas en club » , se réjouit-il. Oui, parce que au pays, Jara est un héros. Et même s’il ne joue pas en club, comme beaucoup de ses coéquipiers de sélection, il a la confiance intégrale de Sampaoli. « Même si je ne joue pas, je me prépare d’une autre façon pour la sélection. Je fais un travail de mon côté, comme je le fais toujours. Je fais des exercices particuliers, avec d’autres entraîneurs, et je ne suis pas en manque de rythme. Je suis toujours prêt avec le Chili. »
Mayence fait marche arrière
Petit à petit, le travail de Jara finit par payer. À force de discrétion, et c’est assez rare pour être souligné, le Chilien finit par revenir dans le groupe. « Ils ont essayé de me vendre, mais ça ne s’est pas fait. J’ai reçu beaucoup d’offres, mais elles n’étaient bonnes que pour le club, pas pour moi. Je reste calme, attendons octobre ou novembre. » Et Gonzalo vise juste. Le 2 octobre, El Proctologo enfile pour la première fois de la saison la tunique de Mayence, face à Darmstadt. S’ensuivent trois titularisations en quatre matchs et une place de titulaire qui s’affirme de week-end en week-end. Alors que beaucoup l’envoyait quasiment à la retraite après son geste obscène face à l’Uruguay, il semble que Jara réussit plutôt à continuer sa petite carrière honnête. Preuve que tout le monde a oublié cette sale histoire de toucher rectal non autorisé, même Edinson Cavani a déclaré que « tout allait bien avec Jara » . Alors que la presse chilienne s’interrogeait sur un possible boycott collectif de la poignée de main, Óscar Tabárez a indiqué qu’il n’en serait rien. De l’histoire ancienne.
Par Kevin Charnay
Propos de Gonzalo Jara tirés de La Tercera