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Mais qu’arrive-t-il à Henri Bedimo ?
Annoncé au début de la saison comme la seule recrue satisfaisante de l’OM, Henri Bedimo n’en finit plus de décevoir. Et tout ne s'explique pas que par ses blessures.
« Notre effectif est parfois déséquilibré, comme on le voit au poste d’arrière gauche, où sans Henri Bedimo, on doit s’inventer un joueur à ce poste. » Lundi dernier, Rudi Garcia s’inquiétait de la manière de remplacer Henri Bedimo, blessé plusieurs semaines depuis un entraînement avec la sélection camerounaise. Mais il ne faut pas s’y tromper, ce n’est pas parce que l’ancien Lyonnais est un rouage essentiel du onze marseillais, c’est seulement car l’OM ne dispose pas d’autre latéral gauche de métier. Pire, Bedimo fait clairement partie des points faibles de l’Olympique de Marseille depuis le début de la saison. Souvent en difficulté, que ce soit dans le placement, la relance, les centres ou même les duels, Bedimo déçoit, lui qui a plutôt bien réussi dans tous les clubs où il est passé avant l’OM.
Le physique lâche
À son arrivée dans le Sud de la France, Henri Bedimo est présenté comme la seule recrue potable du mercato marseillais. Certains observateurs n’hésitent pas à parler de « bonne opération » en ce qui concerne le remplacement de Benjamin Mendy par le latéral camerounais. Jérôme Rothen en tête sur les ondes de RMC. « L’OM a vendu Mendy pour quinze millions d’euros. Le même prix que pour Payet. Trouvez l’erreur… En tout cas, je pense que l’OM gagne au change avec Bedimo à la place de Mendy » , annonce le blondinet à la fin du mois de juin, avec l’approbation de ses collègues de travail. D’ailleurs, les supporters marseillais eux-mêmes se réjouissent de ce départ plutôt bien compensé, pour une fois. Pourtant, cela fait bien longtemps qu’Henri Bedimo n’est que l’ombre de lui-même. Ce n’est pas pour rien que Jean-Michel Aulas l’a laissé partir libre en fin de contrat. Après deux très bonnes saisons à l’OL, il s’écroulait déjà l’année dernière à cause de multiples pépins physiques, jusqu’à perdre sa place au profit de Jérémy Morel. C’est dire.
Car le véritable problème est là. À trente-deux ans, le corps d’Henri Bedimo commence à avoir du mal. Il était déjà souvent blessé l’année dernière et la tendance empire depuis qu’il est à Marseille. Aujourd’hui, il est encore absent pour plusieurs semaines à cause d’une blessure au genou, et on ne devrait plus le voir sur les terrains en 2016. « C’est un joueur dont les qualités sont la capacité à se projeter et à éliminer, la puissance et l’explosivité. Il a besoin d’avoir des appuis très solides pour s’exprimer pleinement. Les garçons comme lui ont besoin d’avoir du rythme et de jouer très régulièrement pour pouvoir répéter les sprints » , avance Cédric Daury, son ancien entraîneur à Châteauroux, comme tentative d’explication. Si tous les joueurs ont besoin d’être à 100 % de leurs capacités pour tirer le meilleur d’eux-mêmes, cela semble encore plus vrai pour Henri Bedimo, incapable de compenser, sachant que son jeu repose avant tout sur son impact.
Pas le cadre attendu
Avec les départs de Steve Mandanda, Nicolas Nkoulou, Alaixys Romao, Michy Batshuayi et éventuellement de Lassana Diarra, l’OM avait en tête de faire d’Henri Bedimo un des nouveaux cadres du vestiaire olympien. « C’est une valeur sûre, qui va apporter son expérience et son expertise » , écrivait le club dans un communiqué. Sauf que le Camerounais n’a jamais prétendu endosser ce rôle. Que ce soit à Toulouse, au Havre, à Châteauroux, à Lens, à Montpellier ou à Lyon, il n’a jamais eu à avoir un poids spécial dans le vestiaire. « C’est un garçon super au niveau de la mentalité. Et je ne dis pas ça pour faire bien. Il est toujours très positif, jovial, réceptif et souriant. C’est quelqu’un qui aime le foot et qui ne se prend pas la tête » , se souvient Cédric Daury. C’est un fait, Henri Bedimo est un très bon soldat, mais n’a pas vocation à être un leader de l’équipe marseillaise. Et le problème, c’est qu’aucun joueur ne semble capable d’assumer ce rôle au sein de l’effectif de Rudi Garcia.
Par Kevin Charnay