ACTU MERCATO
Mais pourquoi tu veux partir, Marco Verratti ?
L'avenir de Marco Verratti est toujours incertain. L'agent du joueur a mis la pression sur le PSG qui, du coup, tarde à donner une réponse définitive quant aux conditions exigées par le joueur. Mais franchement, qu'irait-il faire ailleurs ?
Il était « un pari pour l’avenir » . Voilà l’étiquette que l’on a immédiatement collée sur Marco Verratti, lors de sa signature au PSG. C’était le 17 juillet 2012. Le joueur sortait d’une saison éprouvante avec Pescara, au terme de laquelle il avait conquis la montée en Serie A. Convoité par les grands clubs italiens, la Juve en tête, Marco avait finalement choisi de prendre tout le monde à contrepied, et de s’engager avec le PSG. Forcément, au beau milieu de Zlatan, Lavezzi et Thiago Silva, l’arrivée d’un milieu de terrain inconnu de 19 ans est quasiment passée inaperçue. Un an plus tard, Verratti est au centre des débats. Changement radical. Le joueur n’a toujours pas donné de garanties sur son avenir au PSG, et s’amuse même à dicter de nouvelles conditions pour rester. Comme un taulier, comme s’il n’en était pas à son premier coup d’essai. Il faut dire qu’en un an, Verratti a bien grandi. Il a prouvé toutes ses qualités sous les ordres d’Ancelotti, devenant l’une des pièces maîtresses du PSG champion de France. Alors, forcément, le joueur a pris confiance (non pas qu’il en manquait avant d’arriver à Paris) et demande désormais plus, sous peine de se barrer ailleurs. Pour le plus grand plaisir du Real Madrid, de la Juve, de Naples et de la Fiorentina, qui l’accueilleraient à bras ouverts.
Déjà du temps de jeu
La stratégie de l’agent de Verratti n’est pas franchement très subtile. Le bien-nommé Donato Di Campli a tenu à rencontrer Jean-Claude Blanc ce jeudi, au Parc des Princes. Au terme de la réunion, il a mis un petit coup de pression aux dirigeants parisiens. « Marco veut être reconnu comme un joueur important. Ce qui a été proposé ce matin n’est pas encore suffisant. Mais le fait est que Marco a un contrat de 4 ans avec le PSG. Nous nous reverrons la semaine prochaine. Les négociations doivent se poursuivre » , a-t-il affirmé. Avant, évidemment, d’utiliser la fameuse technique de l’autre offre, bien connue des brocanteurs et des vendeurs de marché. « Les alternatives ne manquent pas. Et ce matin j’ai eu une proposition monstrueuse de la part de De Laurentiis. » Bien vu, le coup de l’offre de De Laurentiis, qui n’a effectivement jamais caché son affection pour le milieu de terrain international italien.
Néanmoins, il faut analyser la situation pour bien comprendre ce que veut vraiment Verratti. Le mec est arrivé à Paris à l’âge de 19 ans, avec aucun match en Serie A dans les pattes. Au cours de la saison, il a dû vivre avec la concurrence de Thiago Motta, Matuidi et Chantôme. Des quatre milieux de terrain, Verratti est toutefois celui qui a eu le plus de temps de jeu (1772 minutes en Ligue 1) derrière l’infatigable Matuidi et ses 3132 minutes disputées. Le joueur a également eu la possibilité de disputer 9 matchs de Ligue des champions sur 10, n’étant absent que lors du match retour contre Valence, à cause de sa (stupide) suspension. Alors, que veut-il de plus ? À 20 ans, il est titulaire chez le champion de France et a la possibilité d’évoluer derrière des joueurs comme Zlatan, Lavezzi, Ménez, Lucas et, désormais, Cavani. Pas dégueu, pour s’entraîner à délivrer des caviars. S’il passait son temps sur le banc, on comprendrait son agacement, mais là, quoi ? Verratti a même conquis l’équipe nationale cette année (avec son premier but azzurro face aux Pays-Bas, en amical) et a disputé une finale d’Euro U21. D’autres, à son âge, jouent encore avec la réserve ou sont prêtés en D3. Un brin grosse tête, le Marco ?
Se refaire une place ailleurs
Après, on ne peut pas en vouloir à un jeune joueur d’être ambitieux. Au contraire. Avec Ancelotti, Verratti avait ses repères. Là, il trouve un nouvel entraîneur, à qui il doit encore tout prouver. Peut-être par peur de se retrouver mis à l’écart, ou de passer au second plan derrière des joueurs plus blasonnés, il demande au club des garanties. Cela peut se comprendre. Même si la concurrence n’a jamais fait de mal à personne. Elle est même plutôt stimulante. Et puis, à Paris, il y a une marge de progression énorme, tant d’un point de vue personnel que collectif. Le PSG a des ambitions, veut lutter pour la C1 et pour une suprématie sur le territoire français. Du temps de jeu, Verratti en aura, donc. S’il devient plus mature sur certains points (comportementaux, surtout), il a le talent et le génie pour devenir incontournable, au même titre qu’un Thiago Silva ou qu’un Zlatan. Alors, aller voir ailleurs, d’accord, mais pour y trouver quoi ?
Ancelotti le voudrait au Real Madrid. Un nouveau pays, encore une nouvelle langue. Et la concurrence serait encore plus rude qu’à Paris, avec Xabi Alonso, Khedira, Illarramendi, Isco, Casemiro et Modrić. À moins qu’il ne pose aussi ses conditions avec Florentino Pérez, pourquoi pas. À vrai dire, on comprendrait mieux un retour en Italie. Verratti a quitté l’Italie très jeune, mais a rejoint un PSG très italien. Le départ d’Ancelotti et l’arrivée de Blanc pourraient lui donner envie de rentrer au bercail, où tous les grands clubs sont prêts à l’accueillir. La Juve le voulait déjà la saison dernière, mais n’y avait pas mis les moyens nécessaires. Mais en même temps, entre Pogba, Pirlo, Marchisio et Vidal, il jouerait où, le petit Marco ? Le pari serait plus osé à Naples ou à Florence, où les équipes sont en construction (nouveau Napoli avec Benítez, Fiorentina encore en mode « peinture fraîche » avec Montella). Toutefois, en 2013, quitter le PSG et rejoindre la Fiorentina, avec tout le respect pour le club florentin, est-ce vraiment un pas en avant ? Verratti va devoir y réfléchir, et faire ses choix. À Paris, il est déjà un pilier. Ailleurs, il devra se (re)faire une place. Et pour ça, il ne pourra pas exiger de garanties.
Par Eric Maggiori