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Mais pourquoi Spierings quitte déjà Lens ?
Ce fut très bref : arrivé en juin à Lens, Stijn Spierings va, sauf grosse surprise, déjà retourner à Toulouse. Comment en est-on arrivé là ?
Nous sommes le 23 juin dernier. Au-delà du fait que Zinédine Zidane fête ses 51 ans, c’est un jour très important dans le Pas-de-Calais. Quelques semaines après la fin d’une saison historique, qui l’a vu terminer à un point du PSG tout en étant loué partout dans le pays pour son jeu et son état d’esprit, le RC Lens passe déjà à l’opus 2023-2024. La saison de tous les dangers pour certains, de la confirmation pour d’autres ou encore de toutes les excitations avec la Ligue des champions en ligne de mire.
Habitué, à raison, à être loué pour sa communication, le club sang & or annonce la première étape de son MERCATour 2023. L’idée ? Présenter les nouvelles recrues dans des endroits symboliques de la région, tout en donnant rendez-vous aux supporters. Si le nom et le standing d’une première recrue ne sont pas censés annoncer la couleur pour la saison à venir, ils sont tout de même un marqueur important pour donner un premier élan : « La première pièce de la collection 2023-2024 dévoilée au Louvre-Lens », détaille le RCL. Avec, quelques heures plus tard, Stijn Spierings présenté, grand sourire aux côtés d’Arnaud Pouille, le DG, et Grégory Thil, directeur technique en charge du recrutement. « L’art et la manière d’accueillir », s’enthousiasme le RC Lens sur ses réseaux sociaux.
L'art 🖼️ et la manière d'accueillir 🤝#MercaTour2023 #FierDEtreLensois @MuseeLouvreLens pic.twitter.com/QW6rzXrz4m
— Racing Club de Lens (@RCLens) June 24, 2023
« C’est un homme mature, équilibré, qui a manifesté une grande volonté de nous rejoindre », se satisfait Arnaud Pouille à l’époque. Sur son site internet, les pensionnaires de Bollaert se réjouissent de recruter « le meilleur récupérateur de ballons des cinq grands championnats ». Il est vrai que le coup est attrayant pour un joueur de l’ombre très efficace et, surtout, libre de tout contrat, Spierings arrivant en fin de bail à Toulouse. Le voilà engagé quatre ans (!) dans les Hauts-de-France.
Absent de la liste pour la C1 : l’affront absolu
Quatre-vingt-deux jours plus tard, Spierings n’a jamais été aussi proche d’un départ, déjà. Et d’un retour à Toulouse. Selon le site lesviolets.com, les dernières négociations tourneraient autour du pourcentage du salaire à la charge du Téfécé. Spierings serait prêté. Une manœuvre autorisée par la LFP hors mercato, dans la limite d’un joueur par club et à la condition que ce joueur évolue en France. Une exfiltration rapide qui a pris un coup d’accélérateur ces derniers jours avec trois faits : l’arrivée, alors que le mercato était clos depuis trois jours, de Nampalys Mendy pour renforcer le milieu de terrain ; la présence de Spierings sur le banc au coup d’envoi d’un match amical face à Charleroi au cours de la trêve internationale de septembre, alors que de nombreux internationaux étaient absents. Pire, Spierings a même fini la rencontre au milieu de jeunes inexpérimentés ; enfin, et surtout, le milieu de terrain n’a pas été inscrit par son club sur la liste des joueurs qualifiés pour disputer la Ligue des champions. Un affront terrible pour Spierings, 27 piges, qui était aussi venu pour entendre la petite musique. Raté.
🔄Les finisseurs pour cette rencontre : Karolewicz, Ramet, Apperry, Pouilly, Mbala, Bonte, Cortés, Spierings, Herbin, Bermonte, Abeddou, Tormin.#FierDEtreLensois #RCLRCSC
— Racing Club de Lens (@RCLens) September 6, 2023
Spierings ne parle pas du tout français
Le bilan du Néerlandais à Lens ? Moins de trois mois de présence, donc. Quelques apparitions en matchs amicaux dont vingt minutes à Manchester début août (défaite 3-1), une titularisation en Ligue 1 catastrophique, il faut bien le dire, à Monaco, lors du naufrage nordiste (défaite 3-0). En tout et pour tout, le Néerlandais n’a disputé que 116 minutes de jeu, un total suffisant pour que les dirigeants soient persuadés qu’il est l’heure de lui montrer la porte de sortie. Alors, c’est quoi le problème ? L’intégration dans le groupe est-elle plus compliquée que prévu ? Dans son communiqué le 23 juin, Lens expliquait : « Son intégration devrait, entre autres, être facilitée par la présence de Deiver Machado et Wesley Saïd dans l’effectif, deux joueurs avec lesquels il a auparavant évolué au TFC. » Malgré ses trois années toulousaines, Spierings a débarqué, c’est vrai, en étant très peu familier avec la langue de Molière.
Sur le terrain, sans occulter le fait que Spierings évoluait jusque-là dans un système à trois milieux, peut-on vraiment parler de non-compatibilité après seulement quatre matchs officiels ? S’il était le seul qui passait à côté de son sujet… Mais regardez par exemple les performances très insuffisantes de Salis Abdul Samed à son poste, aux antipodes de ce qu’il pouvait montrer la saison dernière. L’impression que l’ancien de l’AZ Alkmaar prend un peu pour tout le monde au milieu d’un début de saison collectif très délicat (19e, 1 point sur 12). La rapidité de « l’exécution » interroge. À l’échelle de Lens, d’abord, qui avec la Ligue des champions à gérer, se retrouve avec « seulement » Abdul Samed, Andy Diouf, Nampalys Mendy et le jeune Neil El Aynaoui (0 match en L1, mais dont le talent est à surveiller) au milieu de terrain. À l’échelle globale du foot, ensuite : laisser le temps n’est plus du tout une priorité, on le savait, mais à ce point… On serait d’ailleurs curieux de voir l’UNFP dégainer un communiqué face à la situation connue par Spierings.
« Quand Lens est arrivé, j’ai tout de suite eu en tête d’y signer »
Reste que l’épisode Spierings est une grosse pierre dans le jardin du RC Lens et de sa cellule de recrutement. Se tromper autant sur un joueur, première recrue de l’été, qu’on a signé quatre ans et que, de l’aveu de Grégory Thil cet été, la direction lensoise dans son ensemble a « validé » et a été « unanime »… Tout ceci cache forcément quelque chose de plus profond. La Voix du Nord a dernièrement relaté une confrontation Franck Haise-Stijn Spierings « pour une discussion, notamment sur son investissement », dixit le journal. Les principaux concernés oseront-ils prendre rapidement la parole ? Franck Haise est attendu en conférence de presse avant le match face à Metz (samedi, 21h). Il sera évidemment interrogé sur le sujet. Spierings, si le deal aboutit, sera lui très vite de retour : un alléchant Lens-Toulouse est programmé le 24 septembre prochain à Bollaert. « J’ai discuté avec des clubs, mais pour moi, quand Lens est arrivé, j’ai tout de suite eu en tête d’y signer, avouait Spierings à 90Football. Avec Toulouse, j’ai été impressionné par leur manière de jouer et par le stade. Quand tu y joues, tu as l’impression qu’avant le match, tu mènes déjà 1-0. » Neuf minutes : c’est le temps que Spierings aura passé sur la pelouse de Bollaert comme joueur du RC Lens. Allez les sans et hors !
Par Timothé Crépin