- Ligue des champions
- J1
- Groupe D
- Bayern Munich/CSKA Moscou
Mais pourquoi Matthias Sammer a-t-il pété un câble ?
Samedi 14 septembre, le Bayern bat tranquillement Hanovre sur le score de 2-0. Malgré la victoire, Matthias Sammer a poussé une gueulante devant les caméras après le match. « Motzki » n'est pas content, et il tient à le faire savoir.
Grâce à des buts de Mario Mandžukić et Franck Ribéry, les Bavarois ont battu Hanovre et restent à deux points du Borussia Dortmund, leader après avoir battu Hambourg samedi en fin d’après-midi. En principe, cette victoire est acceptable : elle permet au champion sortant de rester dans le rétro de son principal concurrent en Bundesliga. Mais voilà, au Bayern Munich, il y en a un qui n’est pas content, et il tient à le faire savoir : Matthias Sammer. Juste après la rencontre, le directeur sportif du Bayern est allé dire tout ce qu’il avait sur le cœur depuis un moment. Et ça pique. Morceaux choisis : « Il faut oublier les titres que nous avons gagnés lors de ces derniers mois. Nous jouons un football sans émotion. On fait une grève du zèle. […] Il faut qu’on sorte d’une certaine zone de confort. Si je dis ça, c’est parce que notre coach est obligé de sortir un discours de feu pour motiver les joueurs, et ça, ça ne marche pas toujours. […] Ça ne suffit pas pour atteindre le niveau de football dans lequel nous voulons évoluer. »
Guardiola encore préservé
Boum ! Alors que tout semble assez bien se passer en Bavière, Sammer commence déjà à s’arracher des cheveux qu’il n’a pourtant plus. Certes, le Bayern Munich de Guardiola n’a pas beaucoup de choses à voir avec celui de Jupp Heynckes, mais il est pour l’instant efficace. Hormis la défaite face au BVB en Supercoupe et un match nul face à une vaillante équipe de Fribourg, les Bavarois n’ont pas grand-chose à se reprocher. Deux points de retard sur les Schwarzgelben en championnat, c’est rien. Surtout qu’il reste 29 journées. Mais voilà, Matthias Sammer n’est pas content. Il n’y a pas que le bilan comptable, il y a aussi la manière. Gagner, c’est bien. Avec la manière, c’est mieux. Quand le Ballon d’or 1996 voit comment son ancien club de cœur attaque cette nouvelle saison, il se dit qu’il aimerait bien voir ses joueurs en faire de même.
Après, Sammer n’est pas bête. Ses reproches ne vont pas nécessairement à Pep Guardiola, comme beaucoup l’ont cru. C’est à ses joueurs qu’il s’adresse. Sur la pelouse, Lahm, Schweinsteiger, Robben ou Ribéry (quoique…) n’ont pas autant la dalle que l’an dernier. Quelque part, c’est normal : on ne digère pas un triplé historique aussi facilement, surtout s’il y a changement de coach (donc d’atmosphère) la saison d’après. Mais Sammer n’aime pas ça : il veut voir de l’émotion, lui. Il lui faut plus de sueur, plus de sang. Comme à l’époque, bordel !
Là où Matthias Sammer joue bien le coup, c’est qu’il ne met rien sur le dos de son coach. Il estime que Guardiola joue déjà suffisamment le rôle de la cible, celle des médias. « On se cache derrière notre coach. […] Tous les jours, j’entends :« Pep par ci, Pep par là, Pep en haut, Pep en bas. » Et on trouve ça tellement super qu’on se dit :« Bon, au fond, on a un peu moins de responsabilités que le coach, c’est lui tout ça, en fait. » » Et tout ça, ça le gonfle. Il sait que Guardiola est en train de se chercher un style à Munich, et il sait que c’est pas facile à faire quand les joueurs appelés à devenir les cadres dans cette équipe (Thiago, Martinez, Götze) ne jouent pas en ce moment pour cause de blessure. Mais il n’empêche que des cadres, il y en a d’autres, et ils doivent se bouger, et justifier ce surnom de « Rekordmeister » . Tout le temps. Ce n’est pas d’arriver au top qui est intéressant, c’est d’y rester.
Dortmund « mort de rire »
Si selon Sammer, les joueurs font une « grève de zèle » , Uli Hoeness, lui, estime que Sammer fait du zèle, justement. « Matthias devrait faire attention à ne pas tirer à côté. Si on fait ça toutes les semaines, on finit par se cramer à la fin. L’ennemi est dehors, pas chez nous. […] Je comprends que Matthias veuille remuer le couteau dans la plaie. Seulement, nous n’avons pas de plaie » , réplique ainsi le boss du Bayern dansKicker. « On va en parler parce que c’est pas normal qu’il y ait cette impression au Bayern. On a l’impression d’avoir perdu trois fois et fait deux matchs nuls lors des cinq dernières rencontres. À Dortmund, ils doivent être morts de rire. » Que Matthias Sammer ne s’inquiète pas pour autant, il bénéfice d’un soutien de poids, celui de Franz Beckenbauer. « Il est perfectionniste et très critique. C’est pour ça qu’ils l’ont pris » , déclare ainsi la légende du Bayern. Du coup, en tant que directeur sportif, « Motzki » ne supporte pas de voir son équipe ne pas être au top. Et quelque part, cette gueulante permettra peut-être de renforcer encore plus sa position : si le Bayern sombre dans la crise (ce qui est très peu probable, faut pas déconner), alors Sammer aura été le premier à s’en rendre compte. Si le Bayern ne sombre pas dans la crise et relève la tête au fur et à mesure des matchs, alors ce sera grâce à Sammer et à son application du proverbe « mieux vaut prévenir que guérir » . Imparable.
Par Ali Farhat