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Mais pourquoi donc l’Italie se complique-t-elle ainsi la vie en poule ?

Par Stéphane Régy, au Brésil
5 minutes
Mais pourquoi donc l’Italie se complique-t-elle ainsi la vie en poule ?

En perdant 1-0 contre le Costa Rica, l'Italie a renoué avec sa tradition en Coupe du monde : ne jamais se qualifier au bout de deux matchs de poule. Le font-ils exprès ? C'est bien possible.

Et voilà que l’Italie a de nouveau peur. À cause de sa défaite surprise et un brin ridicule contre le Costa Rica (1-0), l’équipe de Cesare Prandelli est tombée toute seule dans un piège que le monde lui annonce volontiers meurtrier : pour voir les huitièmes de finale, il lui faudra désormais passer sur le corps de l’Uruguay. L’Uruguay de Luis Suárez, jouant sur une jambe, mais auteur d’un doublé de classe internationale contre l’Angleterre. L’Uruguay, donné pour mort, mais jamais mort. L’Uruguay, qui élève 1,37 footballeur par kilomètre carré. L’Uruguay, que l’Italie a toujours eu tant de mal à battre. L’Uruguay, que son capitaine Diego Lugano présente comme ceci : « Petit pays, grand enfer » . L’Italie a de nouveau peur, mais pas son sélectionneur national Cesare Prandelli, qui a tenu à éteindre le feu national d’une manière étonnamment sereine sitôt qu’il s’est présenté en conférence de presse d’après-match, alors que les journalistes de son pays le pressaient de s’expliquer sur le désastre : « Pas de panique. »

Pas de panique ? Non : pas de panique. Prandelli connaît sans doute les chiffres : l’Italie, dans sa longue, très longue, très, très longue histoire, ne s’est qualifiée que deux fois pour le tour suivant au bout des deux premiers matchs de poule : en 1978, et en 1990. Le reste : des compétitions débutées en boitant, ou en s’auto-sabotant pour le plaisir. Quatorze victoires, dix défaites et seize matchs nuls en poule de Coupe du monde. Un rythme d’équipe à peine supérieure à la moyenne, pour le second plus gros palmarès mondial : quatre victoires finales (plus deux défaites en finale). Le titre de 1982 est devenu plus qu’un étendard de cette contradiction apparente, la mère de toutes les batailles italiennes. En Espagne, la sélection de Bearzot avait démarré de la pire manière possible, ou en tout cas de la plus risible : un nul contre la Pologne (0-0), un nul contre le Pérou (1-1), un nul contre le Cameroun (1-1). Incapable de créer du jeu, incapable de marquer, ou presque. Quelques jours plus tard, elle battait à la file l’Argentine, le Brésil et la RFA, comptait dans ses rangs le meilleur buteur de la compétition, et s’offrait le plus invraisemblable triomphe de l’histoire. En 2006, date de sa dernière victoire, le onze de Marcello Lippi avait emprunté le même genre de chemin escarpé que cette année : une victoire convaincante pour démarrer (contre le Ghana, 2-0, avec un Pirlo céleste), puis une cagade contre l’équipe prétendument la plus faible du groupe (nul contre les USA, 1-1, à dix, avec un De Rossi expulsé). Avant de gagner (2-0) le match couperet contre des Tchèques qui présentaient l’une de leurs meilleures générations. Une tradition, donc, comme l’a rappelé Claudio Marchisio, l’un des plus mauvais sur le terrain contre le Costa Rica, mais visiblement aussi l’un des mieux informés : « Notre histoire nous enseigne que nous avons toujours des difficultés en poule, mais que nous nous en sortons souvent. » Le beau à tout prix

Reste la seule vraie bonne question qui vaille : pourquoi se faire ainsi peur ? Pourquoi se foutre dans ce genre d’embrouilles quand ses deux seuls vrais concurrents, le Brésil et l’Allemagne, sont habitués à en finir au plus vite, sans discussion possible ? À vrai dire, l’Italie n’a pas de réponse rationnelle à donner. Le cliché les veut calculateurs, et n’a pas tout à fait tort. À ceux qui le disent en danger, Cesare Prandelli a de suite rappelé cette réalité : tout bien pesé, ce n’est pas l’Italie qui devra passer sur le corps de l’Uruguay le 24 juin prochain, à Natal, mais l’Uruguay qui devra passer sur le corps de l’Italie. Car en perdant par un seul but d’écart contre le Costa Rica, là où la Celeste en avait pris trois, la Nazionale s’est assurée la certitude de passer en huitièmes en cas de match nul. C’est d’ailleurs ce qu’a noté l’attaquant Lorenzo Insigne, dont le commentaire d’après-match n’a pas été celui d’un joueur, mais celui d’un comptable : « Nous avons étés bons dans notre capacité à ne pas prendre de but supplémentaire. » Autrement dit : l’important, c’est d’être encore en vie à la fin de la semaine prochaine, quand 16 des 32 équipes du plateau de départ auront rejoint les ténèbres. Pas de l’être aujourd’hui. Un autre cliché voit l’Italie comme le pays du beau à tout prix. Comme tous les clichés, il est partiellement vrai. Au fond, se qualifier au bout des deux premiers matchs de poule, c’est comme sortir dîner à 18 heures : un truc d’Allemands. Le troisième match devient alors une partie vulgaire, sans émotion ni suspense, un moment réservé « aux coiffeurs » où l’on voit s’afficher des sourires sur les visages des joueurs remplaçants – alors que si les gens remplissent les gradins des stades chaque jour de l’année dans chaque pays du monde, c’est, en vérité, pour y lire la peur et la tension.

Voilà ce que l’Italie, en perdant contre le Costa Rica, a donc décidé d’offrir au monde : ce qui fait l’essence du football. De la peur et de la tension. Un match couperet. Un match « dentro o fuori » , comme l’écrit déjà la presse italienne : dedans, ou dehors. Un match qui collera le monde entier devant son écran. Un seizième de finale, tout simplement. Un match de la peur. Qui, s’il est perdu, vaudra aux joueurs italiens de raser les murs pour éviter les tomates. Et, s’il est gagné, leur permettra d’arriver en huitièmes avec un mental supérieur à tous leurs concurrents. La mort, ou la vie. Encore et toujours.

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