- France
- Ligue 2 – 36e journée
- Istres/Lens
Mais pourquoi donc Lens se fait dessus ?
Promis à la montée en début de saison, Lens a longtemps répondu aux attentes. Mais à l’amorce du sprint final, les hommes d’Antoine Kombouaré ont sérieusement ralenti le rythme. À tel point qu’ils pourraient descendre du podium ce mardi en cas de mauvais résultat à Istres (20h45). Autopsie d’une chute pas du tout contrôlée.
« Mon corps consomme beaucoup. » Lunettes de soleil dans les cheveux, Laurent Brochard tente d’expliquer la fringale qui vient de lui coûter la victoire aux championnats de France en ligne 2005, sur le circuit de Boulogne-sur-Mer. Neuf ans après le coureur de feu Bouygues Télécom, toujours dans le Nord de la France, c’est au tour d’un club tout entier de connaître un coup de moins bien au pire des moments. Presque toujours sur le podium depuis le début de la saison, le RC Lens est en train de craquer doucement mais sûrement. Lors de leurs sept derniers matchs de championnat, les Lensois n’ont gagné qu’une fois (2-0 contre Niort) et ont dilapidé quasiment toute l’avance qu’ils avaient réussi à creuser lors des trois premiers quarts du championnat. À tel point que la montée, qui semblait acquise, est désormais remise en cause.
Des joueurs qui ont « le nez dans les godasses »
Toujours troisième, Lens a son destin en mains. Mais avec seulement deux points d’avance sur le Nancy de Pablo Correa qui revient comme une balle et trois sur d’étonnants Niortais, le sprint final est plus serré que prévu. Et les hommes d’Antoine Kombouaré commencent à fouetter sérieusement. Stéphane Moulin, dont l’équipe a été chercher un point à Bollaert samedi dernier (0-0), l’a constaté. « Quand j’ai vu leurs joueurs à la fin du match, j’ai été extrêmement surpris. Ils étaient abattus comme s’ils venaient de rater la montée ou comme si c’était la fin, raconte l’entraîneur d’Angers. Je n’ai pas bien compris, j’aimerais bien être à leur place. Et si on était à leur place, je vous assure qu’on n’aurait pas le nez dans les godasses. Je ne crois pas qu’ils s’essoufflent, mais comme pour tout le monde, il y a une pression qui devient de plus en plus palpable. Elle est peut-être trop lourde à un moment donné. »
Le nœud du problème résiderait alors dans l’incapacité du groupe sang et or à faire face aux vents contraires. Si tout roulait en début de saison, ce n’est plus le cas. Et finalement, Lens n’a pas assez de marge pour gagner des matchs lorsqu’il n’est pas au top. Contraint de composer avec une masse salariale encadrée, les dirigeants lensois n’ont pas pu effectuer un recrutement aussi haut de gamme que prévu. Si les arrivées d’Adamo Coulibaly, Pablo Chavarria ou Danijel Ljuboja sont quand même de très jolis coups et ont porté leurs fruits pendant quelque temps, ils ne suffisent plus à compenser l’inexpérience du groupe. D’autant plus que Ljuboja (35 ans), par exemple, s’essouffle logiquement à mesure que les matchs s’enchaînent. Arrivé en janvier en provenance d’Angers avec l’étiquette de valeur sûre de L2, Alharbi El-Jadeyaoui, lui, n’a toujours pas trouvé ses marques au RCL.
Sans Areola, Lens n’en serait pas là
Symbole de ce manque de vrais talents dans un effectif pourtant bien garni, Alphonse Areola est le seul joueur lensois nommé aux prochains trophées UNFP. Sans le gardien prêté par le PSG, le club du Pas-de-Calais ne serait d’ailleurs déjà plus sur le podium, tant le chouchou de Bollaert multiplie les exploits dans les buts. Mais en plus de compter dans ses rangs un grand gardien, Lens peut se rassurer en regardant son calendrier de fin de saison. Avec un déplacement à Istres (19e), la réception de Brest, qui ne joue plus rien, et une dernière journée au CA Bastia déjà relégué, la tâche est faisable. Antoine Kombouaré, qui ne survivrait sans doute pas à une non-montée, n’imagine d’ailleurs pas le pire : « Je ne pense jamais à l’échec, sinon je devrais changer de métier ! »
Bollaert, à guichets fermés depuis plusieurs matchs, non plus. Hafiz Mammadov encore moins. En attendant de pouvoir jouer (et gagner !) la Ligue des champions, son objectif affiché en devenant propriétaire du club, l’homme à la moustache va donc devoir serrer les fesses et garder le chéquier dans la poche de sa veste, même si des pistes ont déjà été activées pour le mercato. Car le nom des futures recrues et l’avancée de l’ambitieux projet nordiste dépend des trois prochains matchs. En 2005, à Boulogne-sur-Mer, Laurent Brochard avait terminé 2e derrière Pierrick Fédrigo. Une place qui, pour le coup, saurait être appréciée par les Lensois. Fringale ou pas.
Par Axel Bougis