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Mais par quel concours de circonstances Ruben Aguilar s’est-il retrouvé en équipe de France ?
Après une série de désistements, le latéral monégasque Ruben Aguilar a pris le train bleu en marche et pourrait s'offrir une première cape en sélection. Et montrer par la même occasion qu'il vaut mieux qu'un sixième choix.
On connaît tous le pote d’un collègue dont le tonton bosse au service comptabilité du ministère de la Santé et qui nous a directement assuré, et en avant-première, que le vaccin des laboratoires Pfizer contre la Covid-19 ne serait pas prêt avant 2022. Dans ce genre de séries improbables, il y a désormais celle du remplaçant du remplaçant du remplaçant du remplaçant du titulaire du poste, appelé à devenir doublure durant le prochain rassemblement en équipe de France et qui pourrait à terme soigner les maux des Bleus avant l’Euro 2021. En effet, d’après L’Équipe, Ruben Aguilar a profité d’une jolie partie de dominos au poste de latéral droit pour se retrouver aux portes du château. C’est l’incertitude autour de l’état de forme de Benjamin Pavard, pas suffisamment remis d’une blessure à la cuisse qui l’avait déjà privé du match contre Dortmund ce week-end, qui a d’abord tout déclenché. « Je ne veux pas me retrouver avec le seul Léo Dubois pour mercredi », assurait Didier Deschamps mardi, en conférence de presse, avant la réception de la Finlande en amical, avant d’affirmer qu’Aguilar était tout sauf « un choix par défaut ».
Le latéral du Bayern restera à Clairefontaine dans l’optique des prochains matchs (Portugal samedi, Suède mardi prochain), mais le staff des Bleus a voulu assurer le coup en contactant initialement Ferland Mendy. Celui-ci avait dépanné dans le couloir droit contre la Croatie, mais le gaucher a été retenu par le Real Madrid, préférant l’épargner à la suite de soucis musculaires, toujours selon le quotidien du sport. C’est alors la doublure de Pavard en club, Bouna Sarr, qui a été sollicité pour faire le nombre. Un avion aurait même été affrété jusqu’en Bavière pour l’occasion, mais le Bayern a fait le forcing pour retenir son joueur. Le conte de fée de l’ancien Marseillais attendra pour avoir sa suite, alors que cet épisode ne devrait pas réchauffer les relations entre Französischmeister et le Rekordmeister, en froid depuis plusieurs mois notamment avec la gestion du cas Lucas Hernandez. Mais la partie de chaises musicales n’en est pas restée là : Nordi Mukiele a ensuite été sondé, mais lui aussi est touché à la cuisse. Voilà un dossier que devrait également étudier le ministère de la Santé. Mais sur ce coup, pas besoin d’embêter l’oncle du collègue de votre pote : Didier Deschamps a fini par trouver son homme. Et Ruben Aguilar devrait, si les calculs sont bons, porter le maillot numéro 26 : car le Monégasque sait désormais qu’il est le sixième dans la hiérarchie des latéraux droits en équipe de France.
Tant pis pour la Bolivie
De là à nourrir le complexe de l’imposteur, il n’y a qu’un pas que nous ne franchiront pas. En octobre 2018, il confiait dans nos colonnes son « rêve de porter le maillot de la sélection » tout en estimant que « l’équipe de France rest(ait) encore très, très loin ». Le Grenoblois commençait à peine une saison où ses cinq passes décisives et de solides prestations lui permettraient de se révéler sous les couleurs de Montpellier. Depuis, il est devenu une valeur sûre à son poste. Son transfert à l’AS Monaco en 2019 aurait dû le faire passer plus rapidement dans une nouvelle dimension, mais les difficultés du club princier et sa propre intégration ont retardé l’échéance. Cette cape par défaut vient tout de même valider l’embellie de cette saison. Rodé au rôle de piston avec une défense à trois dans son dos, réputé pour ses qualités offensives, il pourrait même offrir une nouvelle option à Didier Deschamps, qui ne tardera pas à fermer son laboratoire à expérimentations.
Dans tous les cas, sa présence avec les Bleus permet de clore définitivement un vrai imbroglio. En octobre 2017, les journalistes boliviens et un membre du staff de la sélection andine le citaient comme un joueur potentiellement sélectionnable avec la Verde. La faute au jeu Football Manager, qui lui avait attribué par erreur la nationalité bolivienne, alors que le sélectionneur local estimait de son côté que la confusion pouvait aussi venir du fait que « son père est originaire de Santa Cruz, mais de Tenerife (en Espagne, N.D.L.R.) et non de Santa Cruz de la Sierra (en Bolivie, N.D.L.R.) » . L’affaire s’était terminée par un communiqué publié sur Facebook par le joueur. Avec cette convocation chez les Bleus, le Monégasque âgé de 27 ans pourra enfin raconter une autre histoire de foot international à ses petits-enfants. Même si elle n’en reste pas moins rocambolesque, après cette partie de chaises musicales.
Par Mathieu Rollinger