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Mais où vas-tu, Júlio César ?
Annoncé un peu partout cet été, le gardien de la Seleção reste finalement en D2 anglaise à QPR, avec la bénédiction de Scolari, qui en a fait son homme de confiance pour 2014.
Il y a encore quelques semaines, quand on se demandait où allait Júlio César, on posait la question au sens propre du terme. À moins d’un an de « sa » Coupe du monde, on voyait mal le Brésilien de 34 ans garder les bois des Queens Park Rangers contre des adversaires du calibre de Bournemouth ou Yeovil, dans la grisaille du Championship. OK, ce ne serait pas la première fois qu’un grand gardien évoluerait en deuxième division, mais on est loin du glamour de Gianluigi Buffon, tout juste auréolé de son titre de champion du monde 2006, qui accepte de jouer en série B avec sa Juve alors que toute l´Europe lui fait la cour.
Pourtant, le mercato est bien terminé et l’ancien de l’Inter est toujours londonien. Et ce n’est pas pour jouer à Arsenal, un des clubs qui lui auraient fait les yeux doux durant l’été, mais bien à QPR. Il avait aussi été annoncé de retour en Italie, au Napoli ou à la Fiorentina. En fin de mercato, Schalke 04 et Benfica ont à leur tour tenté un baroud d’honneur, mais à chaque fois, les recruteurs potentiels ont jeté l´éponge devant les prétentions salariales astronomiques du Brésilien, qui émarge selon la presse anglaise à 70 000 livres par semaine du côté de Loftus Road. D’après le journal portugais A Bola, Júlio César aurait même accepté de revoir ses émoluments considérablement à la baisse (2 millions d´euros par an au lieu de plus de 3 millions à QPR) pour jouer au Benfica, mais les dirigeants lisboètes ont tout de même lâché l´affaire, comme les autres avant eux.
Robert Green comme concurrent à QPR
Mardi dernier, le gardien s’est présenté à Brasília le jour de son anniversaire pour s´entraîner avec la Seleção en vue du match amical de ce samedi contre l’Australie. Au stade Mané Garrincha, il chaussera les gants pour la première fois de la saison. Son dernier match remonte au 30 juin dernier, lors de la fameuse finale de la Coupe des confédérations qui a vu le Brésil étriller l´Espagne 3-0 au Maracanã. Après avoir soufflé ses 34 bougies avec Neymar et compagnie, Júlio César s´est empressé de confier aux journalistes locaux qu’il envisageait l´avenir avec sérénité. « Je n’ai jamais pensé à quitter QPR. Forcément, quand il y a eu des offres intéressantes, j’en ai parlé avec le président du club, mais là, dans ma tête, les choses sont revenues à la normale. Le fait de jouer en seconde division ne change rien, je vais jouer 46 matchs de haut niveau, huit de plus qu´en Premier League » , a-t-il expliqué.
À tout moment, il a été conforté par le sélectionneur Luiz Felipe Scolari, qui en a rajouté une couche vendredi en conférence de presse. « Il a toute ma confiance et j’espère qu´il sera titulaire régulièrement avec son club. Je suis soulagé de savoir que sa situation est claire à présent et ça ne me pose aucun problème qu’il joue en seconde division » , a tranché Felipão. Mi-août, il était encore plus catégorique. « Ce que je veux, c’est qu’il joue. Que ce soit en troisième, cinquième ou dixième division, mais qu’il joue » , avait-il averti. À QPR, Júlio César devrait avoir du temps de jeu, même s’il aura la concurrence d’un autre international, Robert Green (12 capes avec l’Angleterre). L´ami Robert fait plutôt bien le job pour le moment, vu que le club est deuxième de Championship avec le même nombre de points que le leader Blackpool, et un bilan flatteur : trois victoires, un match nul et seulement deux buts encaissés. Au sein de la Seleção, César a un temps d’avance sur Jefferson, excellent gardien de Botafogo, à qui manque l’expérience internationale pour s’imposer au plus haut niveau.
Le rêve de jouer une Coupe du monde à domicile a poussé certains joueurs brésiliens à faire des sacrifices. Il y a trois semaines, au lendemain d’une déclaration fracassante de Scolari sur la nécessité d’être titulaire pour être appelé en équipe nationale, Luiz Gustavo a renoncé à l´idée d´ajouter quelques trophées de plus dans sa vitrine en faisant banquette avec le Bayern pour signer à Wolfsburg. La semaine dernière, Kaká a enfin accepté d’être moins gourmand pour se relancer en vue de la Coupe de Monde et a quitté le Real pour revenir à Milan en touchant trois fois moins, Júlio César, en revanche, a décidé de se reposer sur ses lauriers d’homme de confiance de Felipão pour continuer à palper la maille du milliardaire malaisien Tony Fernandes, boss du club londonien. En même temps, ce n’est pas surprenant de voir qu’il a le soutien d´un type qui a accepté de coacher l’obscur Bunyodkor pour rebondir sur un matelas de dollars après son échec à Chelsea.
Familia Felipão
Scolari n’a jamais caché son admiration pour le portier formé à Flamengo. Une de ses premières décisions une fois de retour aux commandes de la Seleção fut justement de le rappeler pour le match amical contre l’Angleterre, en février dernier. À l’époque, le gardien galérait avec QPR et il était toujours traumatisé par sa bourde en quarts de finale de Coupe du monde 2010, quand sa mésentente avec Felipe Melo avait permis aux Pays-Bas d´égaliser avant de s’imposer 2-1. Depuis, Júlio César a donné raison à Felipão, en enchaînant les perfs de haut niveau en Coupe des confs, notamment en demi-finale contre l’Uruguay, quand il stoppe un péno de Forlán en début de match.
Quelques jours plus tard, alors que Neymar s´apprête à donner une conférence de presse la veille de la finale, on retrouve justement les deux compères, le gardien en tongs et le coach en survêt, dans la réception de l’hôtel, pour une discussion informelle avec les journalistes. En reprenant l’expression utilisée par la presse brésilienne lors de la campagne victorieuse de 2002, en voilà un qui fait partie de la « Familia Felipão » , cercle fermé des indéboulonnables de la Seleção. Considéré comme un des tout meilleurs gardiens du monde il y a trois ans, le Brésilien va devoir prouver qu’il est capable de se maintenir au top niveau même en évoluant en D2 anglaise.
Louis Génot, à Rio de Janeiro