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Mais où va le Sporting ?
Des problèmes financiers, des résultats sportifs catastrophiques et un centre de formation en berne : le Sporting poursuit son inexorable déclin entamé en 2005 et la défaite à domicile en finale de la Coupe de l’UEFA. Pourra-t-il en sortir?
Dimanche soir, le Sporting a perdu le choc du week-end contre Porto. Tout sauf une surprise. Ridiculisé par les Hongrois de Videoton jeudi (3-0) et sans entraîneur depuis vendredi matin, le club lisboète s’est déplacé dans le Nord en traînant les pieds. Sur la lancée de leur victoire contre le PSG, les hommes de Vítor Pereira l’ont emporté 2-0, sans forcer, face à des Leões muets, et surtout déboussolés. Pire, ils semblent avoir perdu le soutien de leur public pourtant habitué à souffrir. Luis Godínho Lopes en a fait les frais dimanche. Plutôt que soutenir leur équipe, les supporters ont passé leur dimanche soir à donner du « clown » à leur président en 2011.
Faux-espoir
À l’époque en concurrence avec le favori Bruno de Carvalho, Godínho Lopes se pose alors en sauveur économique et sportif du club, laissé dans un sale état par le démissionnaire José Eduardo Bettencourt. Jouissant d’une excellente proximité avec les banques portugaises, étrangères et même avec la mairie de Lisbonne, il promet monts et merveilles : beaucoup d’argent pour abolir la dette du Sporting (alors de 73 millions d’euros), mais aussi des noms, comme Hugo Almeida, Garay, Artur Moraes – les deux derniers évoluent aujourd’hui à Benfica – et Domingos Paciência sur le banc. Seule la dernière promesse est tenue. Les deux clubs ont beau s’appeler le Sporting, Lisbonne n’est pas Braga. Arrivé avec l’étiquette de l’entraîneur portugais qui monte, l’ancien avant-centre ne passe pas le cap de la première saison. La faute aux mauvais résultats et à ce qui ressemble à un complot interne en faveur de Ricardo Sá Pinto. Avec lui, le Sporting termine la saison en trombe avec une demi-finale de C3 et une 4e place en Liga Sagres à deux doigts du podium. La chance du débutant peut-être.
Mais la hype ne dure pas. Le début de saison s’avère catastrophique. Sá Pinto ne résiste pas à l’humiliation d’une défaite contre un club hongrois de troisième zone. Une issue inévitable et logique pour un entraîneur sans expérience et sans diplôme. Comme Domingos avant lui, Sá Pinto avait hérité d’une équipe complètement nouvelle, composée de joueurs de nationalité différente. Une tour de Babel en puissance, quoi. Une politique de rupture pour un club certifié formateur.
Scolari sondé
En attendant, et malgré une rumeur annonçant de nouvelles élections anticipées à la tête du club, Luis Godínho Lopes doit choisir un nouvel entraîneur, seul contre tous. Les noms de Luis Enrique, Sven Goran Eriksson et surtout Luis Felipe Scolari sont évoqués. En attendant, Oceano Cruz joue les intérimaires. Une nouvelle qui ravira surtout quelques nostalgiques du côté du TFC. Le Sporting rêve, lui, de Scolari et a même tapé à la porte de Jorge Mendes pour réaliser l’affaire. Mais le Brésilien a ses exigences. Financières surtout. Pour la presse portugaise « l’accord sera difficilement trouvé entre les deux parties en matière de salaire » . Mais avant de draguer un entraîneur du standing de Felipao, le Sporting doit penser à réduire sa dette comme tout bon pays ibérique. Malgré ses promesses de campagne, Godínho Lopes doit encore combler un déficit de 30 millions d’euros. La faute à des investissements sportivement infructueux. Un véritable cercle vicieux, car la dette engendrée par la non-qualification pour la C1 l’an passé a empêché les « verdes e branco » de se renforcer réellement cet été. Avec un recrutement de nouveau pauvre, le Sporting a encore décroché par rapport au nouveau triumvirat de la Liga Sagres (Porto, Benfica et Braga). Des résultats en berne, un entraîneur encore à trouver et des finances précaires, le Sporting vit une putain de crise. Et on ne voit pas comment il va en sortir de sitôt.
Par William Pereira