- Italie
- Lazio Rome
Mais où va donc la Lazio ?
Battue par Sienne (0-1) puis par le Torino (0-3), la nouvelle Lazio de Vladimir Petkovic inquiète déjà les supporters. Le recrutement est extrêmement décevant et le seul Klose ne pourra pas toujours porter l’équipe.
Généralement, le but d’une équipe, c’est de toujours faire mieux. En cela, la Lazio n’a pas grand-chose à se reprocher. 12ème de Serie A en 2010, l’équipe capitolina est allée chercher une 5ème position en 2011, et une 4ème place en 2012. Oui, sauf que là, elle semble avoir atteint ses limites. Lorsque Libor Kozak, attaquant de l’équipe biancoceleste, martèle que « la Lazio veut la Ligue des Champions cette saison » , on a envie de lui répondre : « mais oui, c’est bien mon petit » . En effet, vu l’effectif, la quatrième place obtenue l’an passé a presque l’air d’un miracle. Naples, l’Inter et la Roma auraient tous pu arriver devant cette Lazio, qui s’est battue tout au long de la saison avec ses armes. Quelles armes ? Le cœur, avant tout, les couilles, aussi, et Edy Reja. Le coach en a pris plein la gueule pendant deux ans, parce qu’il changeait tout le temps de schéma tactique, parce qu’il n’optait jamais pour une stratégie offensive, parce que Djibril Cissé, etc. Pourtant, avec le recul, force est de constater que Reja, en vieux briscard, a su toujours guider l’équipe, malgré les blessures incessantes, malgré un président qui lui a affaibli son équipe lors du mercato de janvier. A la fin du championnat, Reja a soupiré un grand coup, content d’avoir obtenu une deuxième qualification consécutive en Europa League (même si la Ligue des Champions, pour la deuxième fois d’affilée, lui passe sous le nez) et a dit « ciao » . En quelques jours, son successeur était trouvé en la personne de Vladimir Petkovic. Déjà un drôle de choix.
Football offensif
De fait, depuis son arrivée à la tête de la Lazio, le président Lotito est critiqué, entre autres, pour une chose : il ferait tout pour éloigner les supporters du club. Depuis un an, Lotito a donc fait des efforts, avec notamment l’arrivée de l’aigle Olympia ou le très bon mercato estival 2011. Mais là, patatras. Tout retombe. Les tifosi se réjouissaient déjà de voir s’asseoir sur le banc un coach blasonné, ou alors un ancien du club, comme Gigi Casiraghi. Finalement, ils se retrouvent avec Petkovic, que personne ne connaissait il y a encore un mois. L’entraîneur bosniaque, qui a mené le FC Sion lors des barrages pour rester en première division l’an dernier, débarque à Rome avec un CV qui peut laisser dubitatif. Bellinzona, Young Boys, Samsunspor… Que du lourd. Par quelques pirouettes, le technicien a réussi son entrée. « Je veux apporter un football offensif à la Lazio » assure-t-il lors de sa conférence de presse de présentation. Un football offensif ? On avait presque oublié ces termes de ce côté-là de Rome. Alors, où est vraiment le problème, puisque la Lazio repart de sa quatrième place avec un nouvel entraîneur et la même équipe ? Bah, il est justement là, le problème…
Si la Lazio a obtenu la quatrième place, c’est surtout grâce à sa première partie de saison, et non grâce à la deuxième. A partir de janvier 2012, les Biancocelesti ont encaissé dix défaites en 22 rencontres, avec quelques roustes mémorables à Sienne (4-0) et Palerme (5-1). Le problème : la moitié de l’équipe était à l’infirmerie, et Reja a dû composer avec les remplaçants, voire parfois faire appel à des jeunes de la Primavera. Du coup, au mois de mars, le président Lotito lance une annonce : « Cet été, je vais prendre trois ou quatre champions pour renforcer la Lazio » . Une déclaration qui fait plaisir aux supporters, qui s’imaginent déjà avec Honda, Dzagoev, Nilmar, Pazzini, Afellay ou encore Balzaretti. Le mercato s’ouvre et la Lazio officialise d’emblée l’arrivée d’Ederson, en fin de contrat à Lyon. Bon, on est encore loin des quatre champions, mais disons que c’est un bon antipasto. La suite, malheureusement, est moins savoureuse. Personne d’autre ne débarque, et le club romain se prend râteau sur râteau. Le tout pendant que l’AS Roma recrute le très convoité Mattia Destro.
Zarate 2.0, Klose-dépendance
Pas franchement désireux de se mettre mal avec son président dès le début de son aventure italienne, Petkovic ne bronche pas. « Un renfort ? Oui, ce serait bien, mais je préfère me concentrer sur les joueurs que j’ai à disposition » . Comprendre : « J’ai vraiment besoin de plusieurs renforts, mais je préfère faire profil bas » . De toute façon, même les quelques noms qui tournent du côté de Formello ne font pas rêver. Xandao pour la défense, Stocker pour le milieu, Bienvenu et Guidetti pour l’attaque. Alors c’est ça, les quatre champions ? Non. A l’évidence, Lotito, qu’une certaine frange de supporters adorent surnommer « Lotirchio » ( « tirchio » veut dire « radin » ), a certainement dû se rendre compte que ses possibilités financières ne lui permettraient pas de recruter. Alors, lorsque l’on n’a pas les moyens de transformer ses désirs en réalité, on procède autrement : en recrutant chez soi. Oui, la meilleure recrue de la Lazio, cet été, c’est certainement Mauro Zarate. L’Argentin est rentré de sa triste expérience à l’Inter, et affiche chaque jour une énorme volonté de conquérir l’entraîneur et ses coéquipiers. Reste à savoir s’il s’agit du Zarate 2009, ou de la version 2011. Deux joueurs différents.
Soucieux de valoriser les jeunes du centre de formation, Petkovic a inséré dans son effectif certains éléments de la Primavera, qui sont arrivés en finale du championnat l’an dernier. Parmi eux, on trouve l’attaquant Rozzi, le tout jeune Keita (formé au Barça), le gardien Berardi et la pépite Onazi. Ces derniers vont participer aux stages de pré-saison avec l’équipe première, ce qui permettra au coach de faire ses expérimentations. Des expérimentations pour le moment peu concluantes. La Lazio a été battue par Sienne et corrigée par le Torino. Certes, Klose n’est pas encore rentré de vacances, mais l’absence de l’Allemand ne peut pas être un alibi. L’an passé, le buteur a été décisif lorsqu’il était là, mais n’a disputé que 27 matches sur 38. Lors des onze rencontres qu’il a manquées, la Lazio a voyagé sur une moyenne de 1,36 point par match. Avec lui, c’est 1,74. Conscient de ça, le président Lotito devrait prendre les devants, en recrutant un autre buteur capable d’afficher au moins les mêmes stats que Klose. Problème : la Lazio a également besoin d’un défenseur central (Biava et Dias moins fiables qu’avant), mais aussi d’un ailier droit et d’un ailier gauche (Konko et Radu trop souvent blessés). Bah ouais, ce serait con de flinguer la saison parce que la moitié des joueurs est déjà cramée au mois de novembre.
Eric Maggiori