Mais où est passé Kiki Musampa ?
Début 2008, les plus belles dreadlocks du monde du foot étaient parties fouetter l'air d'un autre continent. Mais exilé à Séoul, Kizito n'a pas trouvé sa place. Depuis six mois, le Néerlandais cherche un maillot, en vain. Retour sur la carrière de celui qui, partout où il est passé, est inéluctablement devenu la mascotte du club.
30 mai 1999. Bordeaux est sacré champion de France au Parc des Princes, grâce à un but inscrit in extrémis par le junior Pascal Feindouno, dont tous les commentateurs écorchent le nom. Les Girondins exultent. Musampa déterre un poteau de corner et s’en va faire le tour du terrain. Quelques minutes plus tard, tandis qu’Elie Baup, mégaphone à la main, entame un speech devant le kop marine-et-blanc, Kiki (le bien nommé), torse nu et sourire jusqu’aux oreilles, simule l’acte sexuel par derrière, juste dans le dos du coach. Du Musampa tout craché.
Voilà un mec qui ne peut pas s’empêcher de déconner. Jusque sur le terrain. Un soir de match à Chaban-Delmas (à l’époque Stade Lescure), il entre à la 65ème minute. Le virage sud scande « Kiki Musampa » sur l’air d' »Asimbonanga » de Johnny Cleg. L’arbitre siffle et le jeu reprend. Mais Kiki, reconnaissant, se tourne vers son public et lève le bras, en guise de remerciement. Un geste sympa à ceci près que le ballon lui arrive alors dans les pieds. Pas perturbé pour un sou, la coqueluche dilettante bafouille un contrôle mi-chanceux mi-adroit puis poursuit l’action. N’importe quel autre joueur serait passé pour un pingouin du football, pas digne de jouer dans une équipe pro, même pas foutu de se concentrer 25 minutes pour faire correctement son job. Pas lui. Les supporters bordelais lui passent tout. Comme ceux de tous les autres clubs où il fait escale.
Et pour cause. En dépit d’une attitude de branleur mal réveillé, l’ex-international espoir batave joue bien. Son pied gauche est précis, sa pointe de vitesse redoutable, son sens du jeu aiguisé. Du coup ses frasques d’adolescent traîne-savate ne font qu’enrober ses bonnes performances sportives d’une irrésistible couche de glamour. Mais tandis que sa popularité se propage en Europe, son plan de carrière s’étiole progressivement dès le début des années 2000. Après deux belles saisons sous le soleil andalou de Malaga, il passe une année sans éclat à l’Atletico, puis rejoint un Manchester City pas encore plein aux as mais végétant déjà dans le ventre mou de la Premier League. La suite ressemble à la classique traversée du désert de tout joueur déboussolé, un glissement progressif vers l’Est du globe : Turquie, puis finalement Corée du Sud, il y a un an pile.
En réalité, le rastaman le plus titré de l’Histoire du foot, juste derrière Edgar Davids, a façonné son palmarès pendant ses quatre premières années chez les pros. Kiki a entamé sa carrière comme on perd sa virginité dans le lit d’un top model. Champion des Pays-Bas et vainqueur de la C1 en 1995, re-champion national et finaliste de la Champions en 1996, champion de France avec Bordeaux en 1999. C’est beau mais c’est tout. A l’image d’un Ibrahim Ba ou d’un Laurent Robert, son talent n’aura pas suffi à lui ouvrir les portes de la gloire pérenne dans les plus grandes écuries européennes.
A 31 ans et des poussières, Kizito est rentré sur le vieux continent et aimerait bien continuer de tâter le cuir. Mais le foot moderne trace sa route et le Néerlandais, un peu mois en jambes, trouve souvent porte close. Aux dernières nouvelles, des touristes égarés l’auraient aperçu du côté de Xrexham, club gallois de cinquième division ! Mais pour y faire quoi ?
Qu’importe. Kiki aura surfé toute sa carrière sur l’une des plus belles cotes de popularité du milieu. C’est toujours ça de pris.
Manu
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