- 27 juin 2005
- Il y a dix ans
- Arrivée de John Carew à l'OL
Mais où es-tu passé, John Carew ?
Deux ans après la fin de sa carrière, l'homme qui marquait d'une talonnade face au Real Madrid continue de prendre son monde à contre-pied. Loin des pelouses d'Europe, son troisième film Høvdinger sort aujourd'hui en Norvège. Parce que oui, le géant norvégien est aujourd'hui comédien, et n'a rien perdu de son assurance.
Si vous êtes de passage en Norvège ces prochaines semaines, prenez un jour de repos. Délaissez quelques heures la belle Oslo et son musée des bateaux vikings, tournez le dos au profond fjord Geiranger et perdez-vous un instant dans la bariolée bourgade de Bergen. Là-bas, à l’heure du midi, on remballe doucement les étals du marché aux poissons local. Trouvez un cinéma : le samedi, c’est le jour des sorties. À l’affiche de ce 27 juin, sur un haut poster à fond blanc teinté d’écrits mauves, un puissant bonhomme au visage dur, veste de cuir noir et Beretta à la main. Dix ans après son premier entraînement sous le maillot de l’Olympique lyonnais, le 27 juin 2005, Jean-Michel Aulas balance encore les bons mots comme s’il avait vingt ans, Tiago s’est offert une seconde jeunesse à l’Atlético Madrid et Juninho fait chanter son accent sur les radios françaises, mais John Carew, lui, est acteur de cinéma. À 33 ans, l’ancien buteur tient d’ailleurs l’un des rôles principaux dans Høvdinger, projeté en avant-première jeudi soir dans une salle de la capitale. Un film d’action où il joue un gangster mafieux albanais. Surpris ? Lui aussi : « Dans la vraie vie, je suis un garçon assez gentil. »
Entre Will Smith et Dwayne Johnson
En 2013, quelques mois après deux essais moyennement réussis à Stoke City et West Ham en Angleterre, le géant descendu du grand froid est approché par l’Inter Milan pour suppléer un Diego Milito aux ligaments du genou gauche usés jusqu’à la corde. Mais échaudés par l’expérience, les médecin du club le recalent à la visite médicale. John Carew prend sa décision : il continuera à vivre sur les écrans, mais en plus grand. Deux ans après avoir troqué crampons contre mocassins et sauté des pelouses vertes aux tapis rouges, le voilà donc lancé sur les traces d’Éric Cantona, Frank Lebœuf ou Djibril Cissé. Damon Runyan, acteur américain de seconde zone qui partageait la scène avec Carew sur le film Dead of Winter, le décrit même comme un professionnel au grand avenir : « John joue avec beaucoup de confiance et de grâce, il est vraiment ouvert à toutes les directives et conseils. C’est l’un des gars les plus cools que je connaisse ! Toujours enjoué et très déterminé dans son travail. Il manque encore d’expérience devant la caméra, mais il a de l’instinct comme on dit, il est bon. Il suffit juste de lui donner la chance de jouer plus de films. »
Avec trois bobines à son actif, celui qui était déjà une star dans son pays est en train de franchir un nouveau barreau dans l’échelle de la célébrité. Un glorieux passif qui ferait même douter de son réel niveau de comédien… Michelle Lang, directrice de casting pour Dead of Winter, dément à demi-mots : « Bon, vous savez, John est vraiment une grosse star ici, il a des fans… Mais son casting était vraiment bon ! Je ne dirais pas qu’on l’avait engagé avant même son passage, non, mais il nous a vraiment tapé dans l’œil. »
« Il est fort comme un bœuf »
Pour le tournage de Dead of Winter, l’équipe de tournage fait face à des conditions dantesques dans le Nord-Canada. Il neige deux jours sur trois, et le temps versatile oblige les acteurs à retourner plusieurs fois chaque scène, une situation qui ne perturbe pas l’homme aux 18 buts en 53 apparitions sous le maillot rhodanien : « On a travaillé dans les pires conditions possibles, mais c’était un tournage vraiment marrant, explique Damon Runyan. Il ne s’est jamais plaint de ce temps de merde, alors qu’au vu de son passé, il aurait eu des raisons… Tous les jours, je lui posais des questions sur sa vie d’avant, les hauts et les bas de son statut, il est très pragmatique et il a les pieds sur terre. »
Les pieds sur terre, et beaucoup d’humour également. Lors d’une interview accordée à la télévision norvégienne VGTV, le pivot aux grands segments explique que son rôle « est comparable avec ceux de Will Smith et The Rock » , des esthètes tout en muscles aux trapèzes puissants. Une analogie un poil abusée, mais pas tout à fait folle pour ceux qui l’ont côtoyé : « Il a dit ça ? Dwayne Johnson ? Avec un accent alors(rires).C’est vrai que c’est un acteur très intense » , crache le téléphone de son ami Damon. Le Canadien, plus habitué aux dindes de Noël dans Treize à la douzaine 2 qu’aux marrons distribués dans les milieux mafieux, se rappelle une anecdote qui démontre que John Carew n’a pas perdu tout son football : « Je me souviens d’une séquence de poursuite où il devait me courir après et me pousser : j’ai volé à 5m quand il m’est rentré dedans. Il est fort comme un bœuf. Je n’avais jamais réalisé que les footballeurs étaient aussi forts et équilibrés. » Dans son rôle d’ambassadeur tout terrain, John Carew pourrait être comparé à Zlatan Ibrahimović, la figure suédoise du sportif accompli. D’ailleurs, les deux hommes se connaissent. En 2002, le Z déclarait « ce que fait John Carew, je le fais avec une orange » . Pour Treize à la douzaine 3, du coup ?
La bande-annonce du film :
Par Théo Denmat