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  • Premier League – J16 – MU-City

Mais comment stopper City ?

Par Maxime Brigand
6 minutes
Mais comment stopper City ?

Invaincu à Old Trafford depuis le 10 septembre 2016, Manchester United reçoit dimanche le club le plus populaire de la ville, City, leader incontesté de Premier League et intouchable à l'extérieur. Ce que United doit réaliser, aucune équipe ne l'a encore fait cette saison : un exploit.

Un homme en colère, le 29 novembre dernier, dans la salle de presse de l’Etihad Stadium de Manchester : interrogé après la difficile victoire des siens face à Southampton (2-1), obtenue grâce à un but sur le gong de Raheem Sterling, suivi de ce qui restera longtemps la célébration la plus intense d’un joueur de City depuis Agüero en 2012 face à QPR, Pep Guardiola ne cesse d’agiter la tête, épuisé. « Il y a dix joueurs dans la surface et il ne nous reste aucun espace pour attaquer, hurle le Catalan. Nos adversaires ne veulent pas jouer, ils ne viennent que pour défendre, ils jouent la montre. Dès la neuvième minute, on a pu voir que Fraser Forster cherchait de longs dégagements, et que les Saints ne cherchaient que les coups francs. Il n’y a pas que Southampton, toute la Premier League fait la même chose. C’était compliqué en première période, il faut admettre que Southampton méritait d’en marquer un. Mais ce scénario s’est répété plusieurs fois. Le but qu’ils marquent vient d’une touche après un bon travail de Sofiane Boufal. On veut chercher à les contourner, mais ils ne font que défendre, défendre, défendre. »

Puis, une nouvelle victoire comme un déclic quatre jours plus tard face à West Ham (2-1), tout aussi difficile à se dessiner. Après la rencontre, Guardiola jure avoir « appris à attaquer un peu différemment » (soit, en jouant avec deux attaquants, Jesus et Agüero, et deux ailiers, Sané et Sterling, à partir de la mi-temps, ndlr) face à des Hammers qui avaient pris les rênes de la rencontre sur la principale faiblesse de City cette saison : les corners, phase de jeu sur laquelle la bande a plié à plusieurs reprises face à Southampton et où elle avait encaissé un but à Huddersfield (2-1). Une constante, pourtant : malgré les barricades, Manchester City gagne, toujours, et sa défaite de la semaine face au Shakhtar Donetsk (1-2) en C1 est à prendre à part, Guardiola ayant largement fait tourner tout en se montrant presque « soulagé » par un revers qu’il estime « utile » pour ses hommes.

L’exemple Southampton

Alors quoi ? Ce derby de Manchester n’aurait aucun intérêt et cette incroyable série de matchs sans défaite de United à Old Trafford – invaincu depuis la victoire de City (2-1) le 10 septembre 2016 – va s’effriter aussi vite que le suspense pour une course au titre qui pourrait grandement basculer en cas de victoire des Citizens ? Faux : toute l’essence réside dans cette quête de l’exploit, dans la recherche d’un « impossible » . Premier élément d’espoir pour Manchester United : la défaite de Souhampton à l’Etihad, justement, qui reste aujourd’hui un post-it sur le thème « comment emmerder (enfin) Manchester City » . Oui, l’histoire est un peu plus complexe que le résumé de frustration servi par Guardiola après la rencontre, et la vérité serait finalement dans le geste. Et le cri, surtout : pourquoi Pep Guardiola s’est-il emporté ainsi après le but de Sterling face à Nathan Redmond ? Pour le « féliciter » et surtout lui faire comprendre qu’il a été le boulon central du plan de Mauricio Pellegrino, le coach des Saints. Raison simple : comme à Barcelone, comme à Munich, comme ce qu’il faisait, joueur, avec Cruyff, Guardiola demande aux latéraux de City de jouer vers l’intérieur, de devenir des « créatifs » en phase offensive là où les ailiers ont la responsabilité de coller la ligne. Cette saison, ces latéraux sont Kyle Walker et Fabian Delph. Si Redmond se trouve dans cette histoire, c’est avant tout parce qu’il a montré à l’ensemble des ailiers de Premier League comment annihiler la construction de base du jeu de Guardiola, pressant dès la première seconde Walker et repartant avec son short à la fin du match.

Limiter, bousculer, casser

Ce qui amène, aussi, au second élément d’espoir : le schéma. Cette saison, City n’a été emmerdé que par une chose : les défenses à cinq, ce que Pellegrino a aligné fin novembre à l’Etihad, ce que Moyes a répété ensuite avec West Ham, même si son idée de base était de défendre à trois dans un 3-5-1-1 rapidement rangé. Dimanche, Mourinho devrait donc logiquement coucher sur la table un 5-4-1 qui remplacerait le 3-4-3 de l’Emirates (3-1), suicidaire face à City, qui attaque dans une sorte de 1-4-2-3 et impossible à tenir sans Paul Pogba. Ce système permet d’apporter de la densité au milieu, mais aussi de limiter au maximum les zones de « vides » cherchées en permanence par Guardiola. Pourtant, il suffit de s’attarder sur la passe favorite de l’entraîneur Catalan – celle de Fernandinho à Agüero –, qui casse les lignes, bouscule les blocs et où les milieux de Manchester United devront à tout prix intervenir avant de pouvoir construire en attaques rapides comme à l’Emirates, où la titularisation de Lingard avait été essentielle dans le travail défensif.

En finir avec la liberté

Reste une question centrale, casse-tête de la semaine de José Mourinho : comment faire sans Paul Pogba, suspendu dimanche et une nouvelle fois excellent en C1 cette semaine face au CSKA Moscou (2-1) ? Cette saison, le Français est le meilleur joueur de Manchester United, son joueur le plus influent avec David de Gea, et les chiffres sont clairs : avec Pogba, United, c’est 87,5% de victoires ; sans, le pourcentage retombe à 57,1%. La Pioche est le liant de cette équipe, son lubrifiant et sa touche technique. Sans lui, Mourinho devrait donc, si l’on en reste au milieu à quatre, aligner une paire Matić-Fellaini, le Belge apportant plus offensivement qu’Ander Herrera, pourtant chouette jouet tactique comme la victoire face à Chelsea (2-0) la saison dernière l’avait prouvé.

Plus important : United va devoir répondre par l’impact, tout en se concentrant essentiellement sur David Silva, sans qui De Bruyne ne peut se mettre en scène, définitivement devenu cette saison le Xavi bis de Guardiola. Joueur le plus « libre » du système, Silva reste pour le moment incertain, sujet à propos duquel Mourinho a allumé la mèche cette semaine : « Nos adversaires ont tous ces problèmes. Ils ont un gros problème, mais finalement, tout le monde est apte. Ils ont une organisation phénoménale. Nous sommes un peu plus humbles. Quand nous avons un problème, nous avons un problème. Quand les joueurs sont blessés, ils sont blessés. Je vous dis la vérité. On ne fait pas d’histoires comme avec Lacazette ou David Silva. Rien que la vérité. » La question centrale est là : comment United va résister aux vagues ? La vérité, c’est aussi qu’en cas de défaite dimanche, Manchester United se retrouverait largué à onze points de son voisin, de loin club le plus populaire de la ville, qui goberait là une quatorzième victoire consécutive en Premier League, un record. La mort du suspense, aussi, bien avant l’entracte.

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