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Mais c’est quoi encore ce bordel à la Roma ?

Par Adrien Candau
Mais c’est quoi encore ce bordel à la Roma ?

Poudrière quasi permanente, le club de la capitale traverse un été infernal : les icônes Totti et De Rossi ont verbalement sulfaté la direction avant de prendre leurs cliques et leurs claques, les tifosi, exaspérés par la gestion du président Pallotta, exigent plus que jamais sa démission, et le mercato des Giallorossi épouse encore des perspectives pour le moins floues. De quoi se demander si la Louve n'est pas déjà en train de bazarder son début de saison.

Voilà une leçon sur laquelle la Roma va longtemps cogiter. Qu’est-ce qu’il en coûte de ne pas écouter ses icônes ? Très cher. Mi-mai et mi-juin dernier, Daniele de Rossi et Francesco Totti abandonnaient chacun leur rôle de joueur et de dirigeant de l’AS Roma et quittaient tous les deux leur club de cœur, sans oublier de vider leur sac. Le coup d’envoi du sulfureux été romain, qui ne lance pas sur des perspectives idylliques la prochaine saison des Giallorossi.

De Rossi, un dernier tacle pour la route

Premier séisme interne : le départ de Daniele De Rossi donc, officiellement mis dehors le 15 mai dernier dans des conditions pas forcément très classes, lui qui était pourtant l’une des rares satisfactions de l’exercice 2018-2019 sans saveur de la Roma : «  J’ai essayé de me préparer mentalement ces derniers mois. Je veux jouer et ils ne veulent pas… Pourtant, cette saison, quand j’ai joué, je l’ai bien fait… Ils me disent que je pourrais être un bon manager tout de suite, mais si j’avais été manager, j’aurais renouvelé mon contrat. » Comprendre : les grosses têtes qui tiennent les rênes de la Louve ne seraient, elles, pas des dirigeants compétents.

Quand De Rossi parle, évidemment, Rome écoute. D’autant que les tifoside la Roma n’ont jamais été des grands fans du président italo-américain James Pallotta, qui passe beaucoup plus de temps aux États-Unis qu’en Italie et ne semble pas faire des affaires courantes du club sa priorité. Le 17 mai, une manifestation rassemblant pas moins de 1500 ultras se tenait déjà à quelques mètres du siège administratif du club. Les tifosi présents avaient alors scandé des chants de soutien à De Rossi, mais aussi insulté Pallotta à coups de « Pallotta, vends la société et ne nous casse pas les couilles » ou encore en déployant une banderole critique à l’encontre de la stratégie économique du club : « La Roma est notre légende, seuls les indignes la qualifient d’entreprise. »

Totti, l’explosion verbale

Des critiques véhémentes, bientôt validées par le départ de l’alpha des légendes romaines, Francesco Totti, qui quittait le club mi-juin dernier, non sans faire détonner derrière lui une bombe atomique médiatique. La cible prioritaire du Gladiatore ? Pallotta, évidemment, mais aussi le bras droit du président romain, Franco Baldini, qui réside, lui, à Londres : « Depuis que les Américains sont arrivés à la tête du club, ils ont cherché par tous les moyens à enlever les Romains de ce club… Il n’y a jamais eu de bons rapports, et il n’y en aura jamais. Le dernier mot, c’est toujours Londres qui l’a. Certaines personnes ont un regard sur tout, ça cause beaucoup de dégâts. »

Pas avare de bons mots, Francesco avait précisé sa pensée en balançant un exemple parlant, lui qui s’était érigé contre le transfert de Javier Pastore dans la capitale. Sans résultat. « Je revenais de vacances, et ils m’ont demandé mon avis sur un joueur. J’ai répondu que ce n’était pas l’idéal, qu’il avait eu 3000 blessures et qu’il ne s’adaptait pas au 4-3-3. Mais ils ont dit que j’allais toujours contre leur avis. » Bilan ? Pastore, perturbé par un physique une nouvelle fois déficient, a disputé à peine 14 matchs de championnat la saison dernière, alors qu’il touche plus de quatre millions d’euros net, soit l’un des salaires les plus copieux du club.

La loi du marché

Voilà qui amène inévitablement à sonder le mercato estival de la Louve. Ce dernier n’est pas sans semer un bon paquet de points d’interrogation dans son sillage et fait sans doute déjà cogiter Paulo Fonseca, le nouvel entraîneur romain nommé en juin dernier. La Roma a ainsi choisi de se séparer de Stephan El Shaarawy, parti sur la pointe des pieds au Shanghai Shenhua pour 16 millions d’euros. Un choix surprenant, au regard des performances satisfaisantes d’un joueur adaptable (11 buts en 28 matchs de Serie A la saison passée), qui pouvait aussi bien assumer une place de titulaire que se résoudre à entrer en cours de jeu, sans jamais remettre en question les choix de ses Mister successifs. Plus inquiétant, les Giallorossi ont perdu Kostas Manolas, qui s’en est allé pour le Napoli moyennant 36 millions d’euros. Le Grec était quasi unanimement considéré comme le meilleur défenseur du club depuis plusieurs saisons et ne sera évidemment pas aisément remplacé.

La Louve n’est pas pour autant restée inactive sur le marché, elle qui a recruté le prometteur milieu guinéen de Naples Amadou Diawara et le piston gauche de la Juventus, Leonardo Spinazzola. Deux recrues intéressantes, mais qui jouaient les seconds rôles dans leurs clubs précédents et doivent encore confirmer qu’elles sont capables de figurer en haut de l’affiche. Le club de la capitale a également misé 23 millions d’euros sur le désormais ex-gardien du Betis, Pau López, alors que le portier suédois Robin Olsen, titularisé dans les cages romaines la saison dernière, n’a pas convaincu. Certains dossiers majeurs, comme celui d’Edin Džeko, annoncé en partance pour l’Inter, restent par ailleurs encore en suspens. Un ultime signe que la Roma n’a pas fini de pagayer dans le brouillard, alors même que Pallotta, actuellement en vacances en Italie, n’aurait même pas daigné se pointer à Trigoria, peut-être par peur de se voir secouer par les tifosi. Un choix compréhensible, mais pas des plus courageux, alors que la Louve, en eaux troubles, aurait sans doute plus que jamais besoin d’un capitaine capable de lui indiquer au jour le jour où naviguer.

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