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Mais bon sang, qu’est devenu Kasper Dolberg ?
Il y a deux ans, Kasper Dolberg était encore considéré comme l’étoile montante de l'école amstellodamoise. Atout offensif numéro un de l'Ajax lors du prestigieux périple en Ligue Europa, le Danois avait ébloui tout le monde par ses qualités de pivot moderne. Depuis, entre les blessures et le manque de confiance, il n’est plus que la troisième solution derrière Dušan Tadić et Klaas-Jan Huntelaar. Triste mystère.
À l’été 2016, l’Ajax décide de répondre aux sirènes du Napoli en lui cédant Arkadiusz Milik, attaquant vedette de l’équipe. Peter Bosz, entraîneur de l’époque, se retrouve alors avec un secteur offensif appauvri. Lors du stage de pré-saison, l’entraîneur néerlandais décide d’emmener avec lui le jeune Kasper Dolberg, ailier gauche de formation qu’il repositionne dès le début de saison au poste d’avant-centre. L’alchimie est instantanée tant le jeune Danois se fond parfaitement dans le collectif, où son sens du jeu et du déplacement impressionnent malgré sa grande taille (1,87m). À 19 ans, Dolberg inscrit un doublé dès son premier match d’Eredivisie avant d’inscrire un triplé en dix-huit minutes quelques semaines plus tard. Buteur à deux reprises lors de la double confrontation contre Lyon en demi-finale de Ligue Europa, il participe activement au magnifique parcours européen de l’Ajax, remportant au passage le prix Johan Cruyff à seulement 19 ans.
Hiérarchie à trois
Mais deux ans plus tard, le jeune Kasper ne brille plus vraiment par ses apparitions sur les pelouses. Souvent blessé, l’attaquant danois est davantage apparu à l’écran, repéré par les caméras néerlandaises dans les tribunes de l’Amsterdam ArenA. Avec son visage poupon et une chevelure blonde impeccablement rangée sous un chapeau en laine de conception scandinave, Dolberg ressemble alors plus à une égérie de marques de parfum qu’à un attaquant européen redouté. Les yeux dans le vide, le regard complètement froid et un peu confus, il regarde Dušan Tadić se mouvoir parfaitement dans un rôle de faux neuf. Pendant que ses copains de classe – De Ligt, De Jong, Ziyech, Van de Beek ou Veltman – s’éclatent, lui reste assis en tribunes ou sur le banc, ressassant cette saison 2016-2017 où certains grands d’Europe lui faisaient les yeux doux. Amorcée la saison dernière lorsqu’une blessure l’a écarté pendant plus de trois mois, cette descente aux enfers a été suffisante pour que l’inoxydable Klaas Jan Huntelaar s’impose comme le numéro un dans l’esprit d’Erik ten Hag. L’an passé, Dolberg n’a pu disputer que vingt-trois matchs, inscrivant seulement six buts, moitié moins que son concurrent néerlandais fraîchement arrivé de Schalke 04.
D’introverti à fantomatique
Blessé à son retour du Mondial, où il n’a joué que quinze minutes contre la France, Kasper a raté les cinq premiers matchs de championnat cette saison. Titularisé à quinze reprises, mais remplacé dix fois, le Danois joue très peu cette saison même s’il a inscrit onze buts et délivré cinq passes décisives en Eredivisie. Troisième attaquant dans la hiérarchie, derrière Tadić et Huntelaar, Dolberg ne semble plus avoir sa place dans l’organisation tactique de son entraîneur. Si Ten Hag l’appréciait pour sa mobilité, ses remises de rêve, sa capacité à créer des espaces, son jeu de tête et son sens du but, le coach de l’Ajax lui a rapidement préféré Tadić, bien plus à l’aise dans les petits espaces. « Il est certain que quelqu’un avec ses qualités et son talent doit jouer chaque match. Mais notre équipe s’est développée et le niveau est supérieur à celui de l’année dernière. Il peut faire beaucoup mieux que ce qu’il montre » , confiait Ten Hag, en conférence de presse, le mois dernier.
Qualifié d’introverti dès son arrivée dans sa famille d’accueil à Amsterdam, le jeune Kasper s’était pourtant rapidement adapté aux exigences de l’institution amstellodamoise. Mais après une première saison étincelante où l’AS Monaco avait failli l’enrôler pour plus de 40 millions, le scepticisme naturel du Danois a refait surface. À Amsterdam, il se dit même que le garçon serait trop doux et laconique pour le football de haut niveau, et qu’il ne résisterait pas à la pression mentale. Plus impatient et plus paresseux, moins mobile et moins impliqué, il n’est jamais parvenu à semer le doute dans l’esprit de Ten Hag cette saison. Ce mercredi soir, contre Tottenham, le Danois de 21 ans sera de nouveau sur le banc des remplaçants, attendant sagement que le mystère se dissipe.
Maxime Renaudet