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Mais bon sang, pourquoi Gaëtane Thiney a-t-elle été écartée du groupe bleu ?
Écartée de l'équipe de France par Corinne Diacre avant le Tournoi de France, Gaëtane Thiney (34 ans) paye le prix d’une sortie virulente à l’égard de la gestion de l’équipe de France. Pourtant, la capitaine du Paris FC ne manque pas d’atouts pour contribuer à la bonne marche de la sélection. Même s’ils ne se voient pas forcément.
Samedi 15 février 2020. Canal + et l’AFP diffusent un entretien dans lequel Gaëtane Thiney vide son sac : « Ça fait huit ans qu’on n’est pas allées en demi-finales d’une grande compétition. On a la chance d’avoir une Fédération avec une vraie volonté politique, des moyens financiers pour qu’on réussisse et ça ne marche pas. Il faut surtout moderniser l’approche, être plus visionnaire et encore plus impliqués dans la haute performance. »
Dont acte. Ce mercredi, Corinne Diacre lui a répondu à sa manière, en ne la sélectionnant pas dans le groupe qui s’apprête à disputer la première édition du Tournoi de France (du 4 au 10 mars). « Je l’ai vue fin novembre pour lui signifier qu’il était possible qu’elle ne soit plus appelée systématiquement » , préfaçait la sélectionneuse ce mercredi dans les colonnes de L’Équipe. Avant de tirer une cartouche supplémentaire : « J’ai trouvé qu’après la Coupe du monde, ses performances étaient en deçà de ce qu’elle avait pu montrer auparavant. »
Un choix de seconde classe
Force est d’ailleurs de constater que l’origine des 23 joueuses retenues pour affronter trois nations qui – contrairement à la France – participeront aux Jeux olympiques de Tokyo, est excessivement réduite : en dehors de quatre « légionnaires » , les heureuses élues appartiennent toutes au Top 4 de la D1. Et parmi elles, douze défendent les couleurs de l’OL et du PSG. Forcément, au vu de ses performances dans « les compétitions du week-end » , seul critère retenu par Corinne Diacre pour élaborer sa liste, le Paris FC, cinquième, ne boxe pas dans la même catégorie. Et quoi de plus normal de ne s’entourer que des meilleures lorsque l’on s’apprête à disputer une compétition sportive ? Pourtant, la valeur d’un athlète ne se mesure pas toujours que sur le terrain. Et Gaëtane Thiney en est le parfait exemple.
Ne pas tirer de conclusions hâtives
Celle que Libération surnommait « la moine-soldate du foot au féminin » avant le dernier Mondial revendique en effet pas moins de treize années de présence sous le maillot bleu, au cours desquelles elle a inscrit près de 60 buts en 163 sélections. Mais surtout, Gaëtane Thiney restera dans les mémoires comme la femme d’un seul club : Juvisy (devenu entre-temps le Paris FC). Au point de sacrifier le statut de footballeuse à plein temps (elle exerce toujours en parallèle un emploi de cadre d’État au sein de la FFF) et avec cela, de potentiels trophées. Sauf qu’en bonne moine-soldate, son idéal réside ailleurs : « J’ai toujours cru en ce club et en ses valeurs. Et j’ai bien fait d’y croire[…]. Je m’épanouis dans le développement de projets. C’est une fierté équivalente au fait de gagner des trophées » , racontait l’intéressée à So Foot l’année dernière.
Idem en équipe de France. Depuis la retraite internationale d’Elise Bussaglia, Thiney faisait figure de dernière des Mohicanes. À sa place, on retrouve désormais des cadres d’expérience principalement issues de l’OL (Bouhaddi, Renard, Henry ou Le Sommer pour ne citer qu’elles), dont la mission sera d’accompagner les jeunes pousses vers un avenir qui se nomme Euro 2021. Et le Tournoi de France sera le premier test permettant à Corinne Diacre de vérifier si sa décision était la bonne. Ceci dit, avec la sélectionneuse des Bleues, mieux vaut ne pas tirer de conclusions hâtives. Malgré des prises de bec avec Marie-Antoinette Katoto et Wendie Renard justement, force est de constater que les deux susmentionnées ont réintégré ou conservé leur place dans le groupe, à la lumière de leurs performances et d’une franche explication. « Je n’ai pas été ferme et catégorique car la porte de l’équipe de France n’est jamais fermée » , promettait d’ailleurs récemment la technicienne à L’Équipe. Reste, pour Thiney, à ne pas la laisser fermée trop longtemps.
Par Julien Duez