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Mais au fait, pourquoi l’Inter ne flambe pas comme l’AC Milan ?
Tous les deux rachetés par des investisseurs chinois, l'AC Milan et l'Inter connaissent pourtant des fortunes diverses lors de ce mercato. Si les Rossoneri ont opté pour la formule all-inclusive cet été, les Nerazzurri, pourtant pleins aux as, peuvent à peine se payer un apéro. Tout ça à cause du fair-play financier... et de la saison 2013-2014.
Leonardo Bonucci (40 millions d’euros), André Silva (38 millions d’euros), Hakan Çalhanoğlu (25 millions d’euros), Franck Kessié (20 millions d’euros), Lucas Biglia (17 millions d’euros), Ricardo Rodríguez (18 millions d’euros), Mateo Musacchio (18 millions d’euros) et Andrea Conti (24 millions d’euros). Comme ça. Les dirigeants du Milan viennent de lâcher 200 millions d’euros sur le marché des transferts, et ce n’est a priori pas terminé puisqu’Álvaro Morata ou Andrea Belotti pourraient bientôt rejoindre la nouvelle équipe la plus attendue d’Europe. De l’autre côté, seuls Facundo Colidio (7 millions d’euros) et Borja Valero (5,4 millions d’euros) sont venus renforcer les rangs de l’Inter. Pas de quoi arracher un début de sourire au nouveau coach Luciano Spalletti.
Pourtant, l’Inter, rachetée il y a un an par le groupe chinois Suning, pourrait très bien flamber comme son voisin s’il n’était pas cadenassé par le fair-play financier, comme l’expliquait très bien son directeur sportif, Piero Ausilio, en mai dernier : « Aujourd’hui, nous avons un propriétaire fort et solide. Le nouveau propriétaire chinois pourrait confortablement s’offrir le footballeur le plus connu du monde, comme Cristiano Ronaldo, mais la vérité, c’est que nous ne pouvons pas à cause du fair-play financier, ça joue sur le développement du club. Chaque jour, je lis que nous allons acheter tel ou tel joueur, mais la vérité, c’est que nous devons respecter les règles liées à la masse salariale. Notre revenu est entre 200 et 300 millions alors que celui de la Juventus, qui participe régulièrement à la Ligue des champions, est de 400 millions. Les meilleurs joueurs vont là où ils gagnent le plus d’argent et jouent la Ligue des champions. »
Le possible départ de Perišić vers Manchester pourrait accélérer le mercato de l’Inter
Les comptes de l’Inter sont en effet surveillés de près par l’UEFA depuis sa sanction en mai 2015 pour non-respect des règles du fair-play financier. Le club dirigé alors par Massimo Moratti accuse un déficit de 140 millions d’euros sur la saison 2014-2015, et doit signer un accord de règlement avec l’instance européenne portant sur les saisons 2015-2016, 2016-2017, 2017-2018 et 2018-2019, dans lequel il s’engage à retrouver l’équilibre financier. Le 21 avril dernier, la Chambre d’instruction de l’Instance de contrôle financier des clubs conclut que l’Inter « a partiellement rempli les objectifs fixés pour la saison 2016-2017 » et que par conséquent, « les restrictions de transferts ne seront pas levées et continueront à s’appliquer » .
Pour ne rien arranger, l’Inter a foiré sa saison en Serie A et ne peut compter sur une qualification pour la lucrative Ligue des champions pour augmenter ses recettes sur l’exercice 2017-2018. Les Nerazzurri sont donc obligés d’engendrer d’autres revenus et de vendre des joueurs, comme ils ont commencé à le faire avec Éver Banega (9 millions d’euros, FC Séville) Gianluca Caprari (12 millions d’euros, Sampdoria) ou Juan Jesus (8 millions d’euros, AS Roma), afin de pouvoir recruter. Le possible départ d’Ivan Perišić vers Manchester United, qui permettrait au club d’enregistrer une plus-value comptable de plus de 30 millions d’euros, devrait donner un coup de fouet à un mercato intériste jusque-là bien terne.
255 millions d’euros de déficit pour l’AC Milan ces trois dernières saisons
Les résultats financiers du Milan ne sont eux guère meilleurs, ils sont même bien pires. Alors que l’Inter a tout de même redressé la barre ces dernières années, le club de Silvio Berlusconi affichait lui un déficit cumulé de 255 millions d’euros sur les trois dernières saisons. Seulement, les Rossoneri ont eu le mérite d’être plus nuls que leurs voisins et de ne pas disputer de Coupes d’Europe depuis la saison 2013-2014. Les règles du fair-play financier ne s’appliquant qu’aux participants des compétitions organisées par l’UEFA, les Rouge et Noir ont réussi à passer entre les gouttes.
En plus d’avoir échappé aux sanctions les années précédentes, le club, désormais dirigé par le groupe d’investissement chinois rossoneri Sport Investment Lux, va même pouvoir bénéficier des assouplissements du fair-play financier. Les clubs ayant un nouveau propriétaire et n’ayant pas été sanctionnés lors des trois dernières saisons – deux conditions remplies par le Milan – peuvent désormais passer un accord à l’amiable avec l’instance européenne afin de pouvoir déroger aux règles les premières années, à condition d’avoir un plan d’investissement viable permettant de développer les futurs revenus du club. Les dirigeants du Milan ont d’ailleurs rendez-vous au siège de l’UEFA en octobre pour négocier cet accord… Dire que l’Inter a fini avec trois points d’avance sur son voisin lors de la saison 2013-2014 et s’est qualifié de justesse pour la Ligue Europa. Si les positions au classement s’étaient inversées cette année-là, c’est le Milan qui aurait été sanctionné et non l’Inter. Cet été, Bonucci aurait fait son retour chez les Nerazzurri et Donnarumma aurait été vendu au PSG… Putain d’effet papillon.
Par Aurélien Sadrin