- Histoire
- Blasons
- Épisode 15
Mais au fait, ils veulent dire quoi ces blasons ? Partie 15
Ils sont les premiers repères de l'identité visuelle des clubs et ont généralement une place de choix sur tous les maillots. Qu'ils soient moches, magnifiques, compliqués ou au contraire simplistes, les blasons ont tous des petites histoires à livrer.
Club Atlético de Madrid
Actuels leaders de la Liga grâce notamment à un Antoine Griezmann très en forme, les Colchoneros ont en plus un blason qui vaut le détour. Sur celui-ci, on retrouve plusieurs éléments des armes de la ville de Madrid. En haut à gauche du bouclier sont dessinés un ours et un arbre (El oso y el madroño, en espagnol). L’association de cet animal et de la capitale espagnole n’est pas récente, et il faut remonter au Moyen-Âge pour la comprendre. À cette époque, plusieurs sources s’accordent à dire que les ours peuplaient la région madrilène et ses alentours. Pour l’arbre, plusieurs explications sont possibles. La première est à mettre sur le compte de la phonétique. En espagnol, le mot pour désigner l’arbousier, madroño, est phonétiquement assez proche du nom de la ville. Selon une autre explication, la présence de cet arbre fruitier est un autre clin d’œil à l’histoire. Jusqu’en 1700, les forêts qui bordaient les alentours de la capitale espagnole regorgeaient de ces arbousiers qui étaient alors les cibles favorites des ours, qui raffolaient de leurs fruits. Une gigantesque statue de l’ours et de l’arbousier a été érigée sur la Puerta del Sol et est devenue le symbole de la capitale espagnole. Autour de cet ours et de cet arbre, on retrouve sept étoiles. Aucun lien avec les titres du club, il ne s’agit que des sept étoiles qui composent la partie visible de la constellation de la Grande Ourse. Oui, il y a la Grande Casserole sur le blason de l’Atlético de Madrid. La partie basse du bouclier est composée de rayures rouges et blanches, qui font directement écho aux couleurs historiques du club. Et bien évidemment, ces couleurs rappellent celles des tissus utilisés pour fabriquer les vieux matelas espagnols, d’où le surnom le plus répandu des joueurs de l’Atlético, les Colchoneros.
Crystal Palace F.C.
Comme l’ont prouvé Norwich, Liverpool et tant d’autres, les clubs anglais adorent les oiseaux. Et ce ne sont pas les joueurs de Crystal Palace qui vont dire le contraire. Le blason de Crystal Palace, tout comme son nom d’ailleurs, est lié à la première exposition universelle, en 1851. À cette époque, on bâtit à Londres un immense palais en métal et en verre pour accueillir l’exposition. C’est à Hyde Park que le Crystal Palace est érigé. En 1861, des ouvriers chargés de l’entretien du bâtiment montent une équipe de football. Ils sont présents au premier meeting de la Football Association à la Freeman’s Tavern en 1863. Après une demi-finale de FA Cup perdue en 1871/1872, ce premier club disparaît. Vers la fin du XIXe siècle, l’aire de jeu derrière le Crystal Palace commence à accueillir les finales de FA Cup (120 000 spectateurs sont présents en 1913 !). En 1905, les propriétaires de ce terrain décident de fonder le Crystal Palace Football Club. La Football Association refuse son admission, craignant que le club soit favorisé par son super terrain lors des matchs de FA Cup. Ce n’est qu’en 1920 que le club intègre la FA, en third division. Le Crystal Palace est le promontoire de l’aigle sur le blason. Il a brûlé en 1936, mais a été reconstruit au sud de Londres. L’aigle, lui, et le surnom qui va avec, est apparu sur le blason en 1973. Le manager de l’époque, Malcolm Allison, a choisi cet animal pour sa classe, principalement. Les Eagles sont aussi connus sous le nom de Glaziers (les vitriers, en français), une référence directe au palais de cristal. Dans lequel ils ne jouent plus.
Football Club de Chambly Thelle
Le petit club de National fait beaucoup parler de lui cette saison. Pas mal classé en championnat (7e avec 23 points, à 6 points du leader), Chambly réalise surtout un beau parcours en Coupe de France et sera prochainement opposé à l’Olympique lyonnais. Un sacré défi et une possible nouvelle épopée d’un petit club dans cette compétition. Avec tout ce temps passé en haut des charts, impossible de passer à côté du blason de Chambly qui évoque à tous les fans de football quelque chose. Oui, il s’agit bien du logo de l’Inter Milan. En 1989, Fulvio Luzi crée, avec son père, Walter, et son frère, Bruno, le club de Chambly. Aujourd’hui président, Fulvio est à l’origine du blason du club. Contrairement à ce qui est affirmé sur le web, seul Fulvio est un amoureux de l’Inter. Son frère, lui, supporte la Juventus. C’est donc tout naturellement qu’avec l’accord des supporters, le fondateur décide de reprendre le blason de son équipe de cœur. Et d’en reprendre également les couleurs, le bleu et le noir. Mais le choix des couleurs était aussi un choix délibéré pour se dissocier des équipes existantes. Puisqu’aucune des équipes susceptibles de rencontrer Chambly n’évoluait dans ces couleurs, ce choix permettait également au club de ne pas payer un deuxième jeu de maillots. C’est ce qui s’appelle avoir le beurre, l’argent du beurre, et un petit morceau de la crémière.
Par Gabriel Cnudde