- Histoire
- Blasons
- Épisode 14
Mais au fait, ils veulent dire quoi ces blasons ? Partie 14
Ils sont les premiers repères de l'identité visuelle des clubs et ont généralement une place de choix sur tous les maillots. Qu'ils soient moches, magnifiques, compliqués ou au contraire simplistes, les blasons ont tous des petites histoires à livrer.
Association Football Club Bournemouth
Dans le gang des footballeurs qui se trimbalent des surnoms bizarres, les Cherries de Bournemouth ont une place de choix. Et il est important de savoir d’où vient cet attrait pour les cerises avant même de pouvoir expliquer la signification du blason. En 1910, Mr J.E. Cooper-Dean offre au club un terrain vague sur lequel peut être construit un stade, logiquement appelé le Dean Court pour rendre hommage à la générosité de cet homme. Or, le terrain voit le jour tout à côté de grands vergers composés majoritairement de cerisiers. Une version moins romancée explique qu’en fait, ce surnom est directement lié à la couleur historique du club, le rouge. Mais au diable les cerises, qu’est-ce que c’est que cette tête au milieu du blason de l’AFCB ? Une référence mythologique, comme c’était le cas sur le blason de l’Atalanta Bergame ? Pas vraiment. En 1971, alors que le club est relégué pour la première fois de son histoire en quatrième division, Dicky Dowsett, ancien attaquant du club devenu responsable du développement commercial du club, propose un nouveau blason pour accompagner la nouvelle campagne du club, intitulée « Heading for the top » ( « Viser les sommets » , en français). Le blason actuel du club représente donc, comme c’était le cas en 1971, le visage de Dicky Dowsett de profil en train de frapper un ballon de la tête. Le rouge et le noir sont les deux couleurs « officielles » du club depuis 1972 (date à laquelle le club change de nom et devient l’AFC Bournemouth) et la création d’un jeu de maillots largement inspiré de celui de l’AC Milan. Dans les années 1980, le club s’était doté d’un blason tout autre, mettant en avant des cerises et un ballon de football. Le choix n’a pas dû être facile au moment du changement.
US Orléans Loiret football
Si le club d’Orléans n’a pas le palmarès le plus fourni de l’histoire du football français, il a au moins le mérite de posséder un blason pour le moins original. Non, vous ne rêvez pas, c’est bien une guêpe qui vole fièrement sur le bouclier de l’USO. Et elle n’est pas là par hasard. Au contraire, il y a bien des histoires pour expliquer sa présence ici. La première parle de la tentative de conquête de la ville par Attila, le roi des Huns, en 451. Orléans encerclé, Saint Aignan, l’évêque de la ville, demande l’aide des Romains. Début mai, Aetius, un général romain, débarque avec une armée de Wisigoths et de Francs dans un nuage de poussière visible à des kilomètres. Attila est vaincu et bat en retraite. Avec le temps, l’histoire transforme le nuage de poussière en essaims de guêpes. Saint Aignan balancerait des cailloux sur les Huns avant de les transformer en guêpes. Bref, les Orléanais sont très rapidement surnommés les « guépins » . Bien évidemment, il s’agit là d’une explication parmi d’autres. Certains pensent que le lien entre les guêpes et la ville est plus une affaire d’étymologie en lien avec la langue grecque. Quoi qu’il en soit, c’est donc bien logiquement qu’en 1979, les dirigeants de l’USO choisissent cet insecte pour le faire figurer sur le blason du club. Depuis sa création, le club d’Orléans a également choisi le jaune comme couleur principale – une guêpe verte, ça n’a aucun sens – mais l’a couplée avec du rouge, et pas du noir, comme on aurait pu s’y attendre. En fait, le noir, comme le gris, sont généralement choisis pour les maillots extérieurs. Du coup, les guêpes jouent en jaune et rouge.
Torino Football Club
Il ne pique pas et il n’a pas chassé les Huns hors de ses frontières, mais le taureau reste un animal qui en impose. Surtout sur le blason du Torino (et sur celui de la Juventus, mais il ne faut pas le dire trop fort). En réalité, le taureau est un symbole du patrimoine de la ville que doivent se partager les deux clubs. Il s’agit même du premier emblème de la ville, et ce, depuis le IIIe siècle avant J.-C. À cette époque, des tribus s’installent le long du Pô. Elles sont appelées les Taurines. Petit à petit, malgré les évolutions successives de la ville et de ses gérants, le nom reste et devient Torino, qui signifie, en italien, petit taureau. À Turin, les promeneurs croisent des taureaux à chaque coin de rue, sous bien des formes. Pour respecter la tradition, certains vont même écraser les bijoux de famille du taureau d’or de la place San Carlo en guise de porte-bonheur. Voilà pour l’animal. Mais qu’en est-il de la couleur, le grenat ? La première explication, pas fun, parle de l’amour d’Alfred Dick, l’un des fondateurs du club, pour le Servette de Genève et ses maillots grenat. L’autre explication, beaucoup plus sexy, parle de la libération de Turin, alors aux mains des Français, par le duc des Abruzzes et par la maison de Savoie en 1706. D’après la légende, les soldats portaient un mouchoir de couleur sang pour rendre hommage à un messager tué alors qu’il apportait la nouvelle de la victoire. C’est pour rendre hommage à son courage que le Torino jouerait en grenat. Une dernière explication, plus rationnelle, parle elle d’un problème de machine à laver. La mention 1906 fait bien évidemment référence à la date de création du club.
Par Gabriel Cnudde